Sourire et émotion
Chorégies. Théâtre antique d’Orange. Mardi 27 juillet 2021. Durée 1h40.
The Kid, USA, 1921, musique composée par Charlie Chaplin, arrangements de Carl Davis Le Kid © Roy Export S.A.S
Direction musicale, Debora Waldman
Piano, Kira Parfeevets
Orchestre National Avignon-Provence
Le décor du théâtre antique a servi d’écran, tout autant que d’écrin, au désormais classique du cinéma : The Kid de Charlie Chaplin, présenté ici sous forme de ciné-concert accompagné de l’Orchestre National Avignon-Provence.
En première partie de soirée, la projection du court métrage Charlot patine accompagné au piano par le talent de Kira Parfeevets a installé une ambiance intimiste et complice avec les spectateurs ; l’accompagnement musical, mélange de grands classiques et d’improvisation, s’adaptait intelligemment au rythme des péripéties du film. Dans la région, on connaît bien la pianiste, qu’on avait entendue ici même le 16 juillet au sein des Musiciens du Prince qui entouraient Cecilia Bartoli.
Cette entrée en matière a fait plonger d’un seul coup le public dans le monde drôle et décalé de ce monstre du cinéma muet qu’était Charlie Chaplin, dans l’hilarité générale, entraînée dans les gradins par le rire d’un enfant, sonore et communicatif.
Passée cette mise en bouche, l’ONAP s’est installé, avec percussions et claviers en nombre, pour rendre hommage à la puissance de ce film culte qu’est The Kid. Pour ses débuts aux Chorégies, l’entrée en scène de la cheffe d’orchestre, Debora Waldman, a donné le ton de la soirée : dynamique, pleine d’entrain, de gaieté et de sensibilité.
L’orchestre a parfaitement exécuté les partitions écrites par Charlie Chaplin lui-même 50 ans après la sortie du film, sous la baguette investie et engagée de la cheffe. Les notes ont pris une résonance toute particulière dans l’acoustique unique du lieu, et ont porté, scène après scène, toute la puissance émotionnelle de l’œuvre et des acteurs.
Les éclairages, très sobres en bleu et blanc, renforçaient la présentation du film. Les pierres romaines ont, elles aussi, participé à l’ambiance avec un mur de scène transformé pour l’occasion en écran de cinéma, où les aspérités sont venues donner un relief supplémentaire à l’œuvre.
N’affichant pas complet, la soirée a permis aux spectateurs de s’espacer : nombreux sont ceux qui ont profité de la place disponible en s’allongeant sur les gradins, renforçant ainsi ce sentiment de vivre un moment privilégié, en marge du reste du monde.
L’ovation du public est venue clôturer naturellement cette soirée magique et hors du temps. Une soirée qui s’est d’ailleurs achevée sous le regard enveloppant et bienveillant de Charlot lui-même, projeté sur le mur de scène.
Un moment plein de rire, d’émotion et d’empathie qui a fait oublier au public le quotidien pour plonger dans cet univers magique de Charlot. A quand la suite ?
C.L. Photos Philippe Gromelle
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