Walton, Concerto pour violon et orchestre op.30. Respighi, Sonate pour violon et piano P. 110
Royal Philharmonic Orchestra. Duncan Ward, direction
Liya Petrova, violon. Adam Laloum, piano
Mirare 2023 – Durée d’écoute : 1 heure.
Avec sa photo et son nom reléguant au second plan ceux des compositeurs et de ses partenaires, la pochette de ce nouveau disque (son 4ème déjà) met nettement sur le devant de la scène la jeune violoniste bulgare, Liya Petrova, qui fut élève, entre autres, d’Augustin Dumay et de Renaud Capuçon – et que nous avons entendue avec grand bonheur récemment avec Eric Le Sage à Avignon, et qu’on entendra très bientôt au Festival de La Roque d’Anthéron, NDLR -. Il faut dire que ce programme, intitulé « Momentum 1 », est le sien, la violoniste ayant choisi de s’aventurer quelque peu hors des sentiers battus. Le concerto de Walton, la sonate de Respighi, ne sont, il est vrai, pas des plus joués, masqués, sans doute, par des compositeurs et des œuvres plus en vogue, délaissés du public, mais aussi de nombreux interprètes, peut-être à cause de la complexité de leur écriture. On regrettera, d’ailleurs, que le livret intérieur, uniquement consacré à un entretien avec Liya Petrova, qui explique certes ses choix et son approche des œuvres, et à la présentation des artistes, n’accorde aucune place à la présentation d’œuvres pourtant rarement interprétées et mal connues de nombreux mélomanes. Pourquoi ce couplage d’œuvres d’époques différentes (1917 pour la sonate, 1938-1944 pour le concerto, écrit à la demande de Jascha Heifetz) ? Parce que toutes deux ont été écrites en Italie ? Un peu léger comme lien. La complexité de l’écriture, le bouillonnement des idées, leur intensité, la tension qui les tient, la virtuosité qu’elles appellent les rapprochent peut-être plus.
Dans le même ordre d’idées, Liya Petrova présentera en 2024 un « Momentum 2 », qui réunira, lui, le concerto de Korngold et la sonate de Richard Strauss.
Que dire des interprétations proposées ? Le concerto de Walton, bien que lyrique et mélodique, mais assez complexe, nous l’avons dit, ne présente pas de thèmes immédiatement mémorisables. Il charmera cependant l’auditeur sachant lui prêter une écoute attentive. Ses interprètes y parviennent parfaitement, en l’entraînant dans le flot musical. Le violon de Liya Petrova, un Bergonzi de 1735, produit une belle sonorité, les aigus sont justes et maîtrisés, la virtuosité aisée. Je n’utiliserai pas le poncif éculé et facile classant certains artistes « parmi les meilleurs de leur génération » ; je dirai simplement qu’elle vient, par son jeu, sa compréhension de l’œuvre, rejoindre les meilleurs. Le chef et l’orchestre sont en parfait accord avec la soliste et sa vision du concerto, la gravure est sans défauts, les masses sonores bien équilibrées. Le premier mouvement est un andante tranquille et rêveur. Le deuxième, un presto capriccioso alla napolitana, est remarquable et très attachant. Mêlant rythmes de tarentelle et de valse, il met en valeur la virtuosité de la soliste, avec notamment un passage en pizzicati, et la belle sonorité du violon, du grave jusqu’à un aigu soigné. Dans le final, vivace, le violon, enveloppé de l’orchestre, chante, danse, le mouvement alternant épisodes énergiques et plus doux, jusqu’à un final plein d’allant.
La sonate de Respighi présente les mêmes qualités et bénéficie de la belle complicité de Liya Petrova et d’Adam Laloum. Là aussi, bon équilibre entre les deux instruments, bien que nous ayons trouvé, pour notre part, la sonorité du piano légèrement étouffée. L’œuvre, bien servie par les interprètes, gagne à être connue. Le premier mouvement, lyrique, alterne élans passionnés et moments de douceur, se concluant sur un joli final de notes égrenées au piano. L’andante espressivo s’ouvre sur une méditation qui conduit vers un climax expressif, passionné, voire désespéré, avant de retomber sur une douce méditation. L’allegro final, moderato ma energico, est une passacaille construite en 20 variations alternant épisodes énergiques, espiègles, lents, virtuoses, menant jusqu’à un allegro final grandiloquent.
En conclusion, un disque des plus intéressants, une violoniste en pleine possession de ses moyens, avec des partenaires répondant à ses attentes, une découverte que nous pouvons que recommander.
B.D.
Liya Petrova sera accueillie au Festival international de piano de La Roque d’Anthéron 2023, le mercredi 2 août à 20h dans le cadre de la carte blanche à Alexandre Kantorow, et le mercredi 9 août à 21h dans le cadre de la soirée consacrée à la musique contemporaine.
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