Une relecture inattendue – en bilingue franco-arabe -, remarquable d’élégance et de justesse
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Théâtre du Balcon, 21h45, 1h30. Du 5 au 26 juillet, relâche les 10, 17, 24 juillet. Réservations 04 90 85 00 80
Oublions les paroles policées du XVIIe siècle. Oublions les salons de 1670.
Gardons quelques-uns des quelque 1.500 alexandrins de Racine, les plus significatifs, marions-les à la délicatesse fougueuse de l’arabe littéraire – clin d’œil au Festival In, qui a choisi cette année l’arabe comme langue invitée -, et plongeons ainsi dans la rudesse tumultueuse des amours impériales des années 80 à Rome. Que Titus, « l’ami du genre humain », décide d’associer à son règne sa maîtresse reine de Palestine, est absolument inconcevable. « Rome hait tous les rois, et Bérénice est reine ».
La souple élégance du vers racinien et l’expressivité de la langue arabe se vivifient mutuellement, dans un aller-retour fluide.
Cette relecture audacieuse de la pièce de Racine nous confronte sans concession aux enjeux politiques, qui n’ont rien de feutré, et qui aujourd’hui résonnent atrocement dans les ruines de Gaza – jamais citées mais inévitablement présentes à notre esprit de spectateurs -, tout comme les contemporains de Racine devaient sans doute y voir une allusion au renoncement de Louis XIV à Marie Mancini pour raison d’Etat.
La discrète chorégraphie dynamise la sobriété de la mise en scène, emportant dans une adhésion inconditionnelle les plus réticents des spectateurs.
Teaser ici.
Geneviève. Photo Simon Lerat
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