Amel Brahim-Djelloul, soprano. Thomas Keck (arrangements, composition, guitare), Rezki Rabia (textes, traductions kabyles), Rachid Brahim-Djelloul son frère, compagnon de tous ses projets (violon, alto), Stéphanie-Marie Degand (violon), Lise Berthaud (alto), Raphaël Merlin (violoncelle), Damien Varaillon (contrebasse), François Joubert-Caillet (viole de gambe), Noureddine Aliane (oud, mandole), Vincent Beer-Demander (mandoline), Stéphane-France Léger (harpe), Adrien Espinouze (ney), Vincent Penot (clarinette), Dahmane Khalfa (derbouka, dof, bendir, tar).
Une totale réussite artistique ! Une belle aventure humaine, un savoureux cocktail de lumière vitaminée inspiré d’Outre-Atlantique et de délicieuse nostalgie, par une voix solaire et des musiciens de grand talent
Ce CD Les chemins qui montent est une longue aventure, une histoire de rencontre, de la talentueuse soprano franco-algérienne Amel Brahim-Djelloul avec le poète kabyle Rezki Rabia et le compositeur-arrangeur Thomas Keck. Il emprunte son titre au 3e roman (1957) d’un écrivain emblématique de la culture kabyle, Mouloud Feraoun (1913-1962).
Et c’est une réussite ! Un savoureux cocktail de lumière vitaminée et de délicieuse nostalgie…
Amel Brahim-Djelloul, formée au CNSM de Paris, s’est fait remarquer sur toutes les grandes scènes, françaises et étrangères. Le soleil et la couleur de sa voix passent avec une égale expressivité du baroque au contemporain, de la mélodie à l’opéra, de la chanson traditionnelle au lyrique.
Toute nourrie de ses origines algériennes, elle aime partager cette exceptionnelle richesse. Elle avait gravé en 2008 un émouvant Amel chante la Méditerranée – Souvenirs d’Al-Andalus, hommage à cet âge d’or andalou de la musique levantine avant le XIIe siècle.
Dans la même veine, chaude, puissante, émouvante, se situent Les chemins qui montent, entre musique traditionnelle – Djamel Allam (1947-2018), Idir (1945-2020), Taos Amrouche (1913-1976) – et créations – textes de Rezki Rabia, musiques composées ou arrangées par lui -. Nous suivons ces chemins qui montent vers « le sentier de crête entre deux versants de la culture » tout autant que vers les sommets de la Kabylie.
Et cet album est une véritable pépite.
Les 15 plages du disque dessinent un univers à l’image de l’artiste : simple, authentique, chaleureux.
La pureté de sa voix de chanteuse lyrique, le soleil de ses origines, le léger vibrato d’une émotion toujours à fleur de lèvre, à fleur de cœur, et l’universalité de ce répertoire « traditionnel », tout cela signe un talent certain, une âme généreuse.
A travers la tendresse délicate de Axxam amezyan (La maison de l’humble), l’anaphore lancinante de Tella (Il y a) qui vous poursuit bien après la fin du disque, l’énergie joyeuse de Tameyra (La Fête) aux percussions traditionnelles, la nostalgie des premiers accents de Wibyan (Celui qui veut), soulevés par la clarté de la voix, le jeu des cordes dans Ajeggig (La fleur)… Si nous sommes touchés, voire bouleversés, par ces mélodies venues d’outre-Méditerranée et ces textes dont la langue nous est étrangère, c’est qu’ils parlent de l’Humain, universel et intemporel. De paix, de générosité, de partage, d’amour. Axxam amezyan, c’est la « maison bleue », sans clef ni verrou, de Maxime Le Forestier (San Francisco, 1972) ; Tella, c’est La prière, de Francis Jammes/Georges Brassens (1953)…
Amel Brahim-Djelloul partage l’aventure avec pas moins de 14 musiciens – pour une vingtaine d’instruments – qui ont déjà tissé avec elle une longue complicité : Thomas Keck (arrangements, composition, guitare), Rezki Rabia (textes, traductions kabyles), Rachid Brahim-Djelloul son frère, compagnon de tous ses projets (violon, alto), Stéphanie-Marie Degand (violon), Lise Berthaud (alto), Raphaël Merlin (violoncelle), Damien Varaillon (contrebasse), François Joubert-Caillet (viole de gambe), Noureddine Aliane (oud, mandole), Vincent Beer-Demander (mandoline), Stéphane-France Léger (harpe), Adrien Espinouze (ney), Vincent Penot (clarinette), Dahmane Khalfa (derbouka, dof, bendir, tar). Ce sont tous d’excellents musiciens, entre classique et tradition, qui mènent à plusieurs voix le chant d’un seul cœur.
Le livret offre la même sobre élégance. Une interview de la chanteuse met le projet en perspective, lui donnant toute sa saveur. Les textes, en arabe – mais en alphabet latin -, ainsi qu’en français et anglais, permettent une écoute active, qui met l’émotion à fleur de cœur, et que l’on retrouve aussi intense dans le concert de promotion.
G.ad.
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