Salle pleine pour ce soliste surdoué, qui préfère le GTP aux cigales du Parc Florans…
Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron. Grand Théâtre de Provence, le 30 juillet 2022 à 18h30
Grigory Sokolov, piano
L.van Beethoven: Quinze Variations et une fugue en mi bémol majeur sur un thème du ballet « Les Créatures de Prométhée » opus 35. J. Brahms: Trois Intermezzi opus 117. R. Schumann : Kreisleriana opus 16, fantaisies pour le piano
Le pianiste Grigory Sokolov ne souhaite pas se produire en extérieur, par exemple dans le parc du Château de Florans à La Roque-d’Anthéron, où les cigales et autres insectes accompagnent volontiers les concerts en soirée. C’est donc le Grand Théâtre de Provence qui accueille un public venu faire salle pleine en cette soirée du 30 juillet et qui manifeste ainsi sa haute considération pour ce soliste surdoué, vainqueur du Concours international Tchaïkovski de Moscou en 1966 à l’âge de 16 ans.
Dès les premières variations de Beethoven, on entend une perfection de la pulsation rythmique, ainsi qu’une maîtrise totale des traits de virtuosité. Le soliste transforme alors ces pièces, qu’on pourrait imaginer sonner avec un certain académisme, en un discours musical passionnant. Le temps qui paraît suspendu lors de mouvements lents, avec certaines notes comme effleurées par les mains qui caressent le clavier, contrastent fortement avec quelques accords plaqués de grand caractère… et un piano qui semble même crier sur une variation particulière !
On admire à nouveau chez Brahms la sûreté du toucher et les notes idéalement détachées dans les arpèges rapides. Le pianiste y met davantage de sentiment dans son interprétation, ce qui correspond idéalement à ce répertoire plus romantique.
Après l’entracte, les huit Fantaisies de Schumann présentent un spectre extrêmement large de nuances, ne serait-ce qu’entre les deux premiers numéros : n°1 « Extrêmement agité », puis n°2 « Très intime et pas trop rapide ». L’alternance entre passages agités et calmes se poursuit, l’apaisement étant le bienvenu après certains déchaînements qui peuvent évoquer une météo orageuse, ponctuée par des attaques d’une extrême franchise.
Pour terminer son récital, Grigory Sokolov accorde pas moins de six bis, voguant à nouveau entre flamboyance et sérénité. Le quatrième bis a même des allures de berceuse, mais le public n’a pas encore envie d’aller se coucher et les deux suivants, dont le dernier en forme d’arpèges à la Bach, concluent ce récital d’un immense pianiste.
F.J. Photo Bozar
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