Sans hyperbole, un concert d’exception
Concert Lyrique « Vivre ou périr d’amour », Les Musicales du Luberon – Théâtre des Carrières, Les Taillades (29-07-2021)
Direction musicale, Debora Waldman
Sopranos, Diana Damrau, Lise Nougier. Basse, Nicolas Testé
Orchestre National Avignon-Provence (ONAP)
Mozart, Cosi fan tutte, Le nozze di Figaro. Gounod, La Reine de Saba. Bellini, Norma. Mascagni, Cavalleria Rusticana. Puccini, Gianni Schicchi, La Bohème. Verdi, Il Trovatore. Bizet, Carmen Suite. Delibes, Chanson espagnole. Tchaïkovski, Eugène Onéguine.
Les Musicales du Luberon ont proposé un formidable concert lyrique, d’un niveau qui n’a rien à envier aux plus grandes maisons d’opéra. Tout était réuni pour passer un moment d’exception : un public faisant « salle comble » dans le Théâtre des Carrières aux Taillades, météo favorable en l’absence de vent… et surtout de très grands artistes ! La réputation internationale de la soprano allemande Diana Damrau n’est en effet plus à faire, se produisant partout dans le monde, en compagnie, lorsque les agendas le permettent, de Nicolas Testé avec qui elle partage sa vie. La basse française est présente ce soir, également aux côtés de la jeune soprano Lise Nougier, les solistes se produisant avec l’Orchestre National Avignon-Provence placé sous la baguette de Debora Waldman, directrice musicale de la formation.
Après l’ouverture de Così fan tutte, où les bois déroulent tour à tour d’agréables et vifs soli, Diana Damrau chante un très mélodieux « Porgi Amor », l’air de la Comtesse des Nozze di Figaro. La ligne est élégante et musicale, tout comme lors de la « Canzonetta sull’ aria », duo plein d’esprit interprété avec la jeune Lise Nougier, Révélation lyrique de l’ADAMI 2019. Les deux voix paraissent aussi appariées avec équilibre lors du plus long duo de Norma « Mira, o Norma », pour ce qui est de la cavatine mais également de la cabalette plus rapide aux notes piquées avec précision. La qualité de l’accompagnement musical en fait une somptueuse séquence de bel canto.
L’Intermezzo de la Cavalleria Rusticana qui enchaîne est l’occasion d’une douce rêverie pour les spectateurs, en admiration devant ce lieu idéal pour un tel concert, les parois de l’ancienne carrière étant éclairées avec goût et sans ostentation. Lise Nougier chante par la suite deux des airs le plus connus du répertoire italien, d’abord un charmant « O mio babbino caro » de Gianni Schicchi, aux aigus filés avec maîtrise, puis « Quando m’en vò » par Musetta dans La Bohème, toujours de Giacomo Puccini, un rôle qui met justement en valeur les qualités de la soprano.
Diana Damrau se glisse dans la peau d’une Espagnole pour chanter « Les filles de Cadix » de Delibes, la voix est souple et quelques petites variations agrémentent les reprises… il ne lui manque que les castagnettes en mains pour parfaire le personnage ! L’air conclusif du programme est le plus célèbre « Casta Diva » de Norma, d’une précise intonation et inspiré pour ce qui concerne l’interprétation. Nicolas Testé se voit quant à lui d’abord attribuer l’un des plus beaux airs pour basse de l’opéra français, « Sous les pieds d’une femme » de La Reine de Saba de Charles Gounod. La voix y est joliment timbrée, tout comme dans l’extrait du Trovatore « Di due figli vivea padre beato », puis au cours du grand air du Prince Grémine dans Eugène Onéguine, où la basse développe un phrasé appliqué sur la ligne de chant et puise dans ses graves profonds. Comme le suggère le titre du programme « Vivre ou périr d’amour » – un destin récurrent dans les intrigues d’opéra ! -, on ne fera pas le décompte des personnages qui trépassent dans les airs susmentionnés, mais on espère que ce riche échantillon lyrique aura donné le goût de l’opéra aux novices au sein de l’auditoire.
Les airs pour basse et deux sopranos ne sont pas si nombreux, on a en tête le sublime trio « Soave sia il vento », extrait de Così fan tutte de Mozart. C’est justement l’air offert au public en bis, pendant lequel les deux sœurs amoureuses souhaitent un bon voyage à leurs bien-aimés, une belle manière de prendre congé des spectateurs ravis de cette somptueuse soirée.
F.J. Photos I.F. (concert) et Jiyang Chen (portrait)
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