Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence le 1er février 2023
Wiener Concert-Verein. Pablo Boggiano, direction. Timothy Chooi, violon
Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie en ré majeur n°51 « La finta giardiniera ». Concerto pour violon n°5 en la majeur. Symphonie en la majeur n°29. Antonin Dvořák, Romance en fa mineur (arrangement pour violon et cordes)
Placé sous la direction du chef Pablo Boggiano, l’orchestre de chambre du Wiener Concert-Verein propose un programme où Mozart tient la majeure place, le compositeur autrichien se situant au cœur du répertoire de la formation. La Symphonie n°51 dite La finta giardiniera est certainement l’une des plus brèves dans l’histoire de la musique… huit minutes montre en main ce soir pour ses trois mouvements ! S’inspirant, pour deux de ses trois mouvements, de l’opéra éponyme composé par un Mozart de 18 ans, le premier mouvement en allegro molto fait entendre une musique ciselée comme de la dentelle, aux cordes vives. Puis davantage de respiration au cours du deuxième andantino grazioso, avant le léger et joyeux allegro conclusif, légèrement espiègle également avec ses divers contrepoints.
Le Canadien Timothy Chooi vient ensuite prendre place aux côtés des musiciens pour interpréter le Concerto pour violon n°5. Le jeune (29 ans) soliste apporte une dose de caractère qui bonifie le jeu de l’orchestre, assez classique, voire un peu académique jusqu’alors. La virtuosité est accomplie, l’abattage sans failles et l’interprétation engagée. Ses longues cadences finales sont particulièrement inspirées, variant les nuances avec plusieurs phrases prises pianissimo qui dégagent de l’émotion, encore plus à la fin du deuxième mouvement adagio qu’au précédent allegro aperto. Le dernier mouvement en rondeau accélère le tempo, avec certains accords et sons tsiganes, pour ce concerto dit « Turc ». Le soliste accuse curieusement un bref temps faible en ce qui concerne la justesse d’intonation, impeccable jusqu’alors.
La Romance de Dvořák après l’entracte, jouée aux cordes uniquement, dégage un lyrisme plus développé que celui entendu dans les Mozart précédents. Timothy Chooi se montre à nouveau enchanteur dans cette pièce assez légère dans son ensemble, comme un chant d’oiseau parfois imité par le violon. Avant de quitter le public aixois, le soliste accorde un bis bien plus enlevé : le Tambourin chinois de Fritz Kreisler, comme une miniature asiatique où le virevoltant premier passage revient après un temps d’accalmie, donnant l’occasion au violoniste d’explorer les notes les plus aiguës de son instrument.
Pour la Symphonie n°29 mozartienne qui enchaîne, Timothy Chooi prend place au sein du pupitre des premiers violons. On apprécie le relief plus important de cet opus, les variations des nuances suivant les mouvements : de la sérénité et un souffle certain au cours du deuxième en andante, de l’allure et même du brillant pour le quatrième conclusif allegro con spirito. Les deux hautbois se fondent harmonieusement dans la masse des cordes, ce qui est un peu moins le cas des deux cors, qui ressortent régulièrement de manière un peu excessive par rapport à la belle rondeur de l’ensemble.
Les musiciens accordent en bis l’un des tubes qu’on peut entendre régulièrement au Concert du Nouvel An à Vienne, la Pizzicato Polka de Johann et Joseph Strauss. Dans cette partition qu’on imagine en plein ADN de la formation viennoise, les pizzicati sont délivrés avec une belle précision collective, tandis que Timothy Chooi prend en charge le triangle, en échangeant avec humour avec le chef pour ne pas rater ses départs.
F.J. Photos I.F.
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