Cloître de l’Abbaye de Silvacane, le 28 juillet 2022 à 18h30. Festival International de Piano de La Roque-d’Anthéron
Concert Bach – Stölzel / Bach
Margaux Blanchard, viole de gambe ; Diego Ares, clavecin
Bach : Sonate pour viole de gambe et clavecin n°1 en sol majeur BWV 1027
Bach : Sonate pour viole de gambe et clavecin n°2 en ré majeur BWV 1028
Bach : Sonate pour viole de gambe et clavecin n°3 en sol mineur BWV 1029
Pour ce concert à l’Abbaye de Silvacane, les deux musiciens sont placés – comme souvent – dans l’angle d’intersection de deux des quatre galeries du cloître, le public étant assis tout le long de chacune de ces deux galeries. Il s’agit donc d’un espace certes abrité, mais se déroulant plutôt en extérieur par rapport à une salle de concert fermée. En conséquence, l’acoustique des deux instrumentistes est ici assez inégale, très confortable et flatteuse pour le clavecin, tandis que le son de la viole de gambe est plus ténu et moins bien défini. L’atmosphère est en tout cas charmante, avec des oiseaux qui gazouillent de temps à autre dans le jardin du cloître.
Le déséquilibre entre les deux instrumentistes se repère surtout au début des trois sonates de Bach, l’oreille s’adaptant ensuite rapidement en rétablissant la balance. Diego Ares au clavecin se montre d’une grande précision rythmique pour ces partitions qui exigent cette qualité, et sollicitent aussi une virtuosité sans relâchement. Son interprétation, seul, d’un extrait de la Fantasia en sol mineur est par ailleurs un joli moment de poésie musicale.
Margaux Blanchard est quant à elle une violiste très reconnue, ayant entre autres rejoint le continuo de la Cappella Mediterranea dirigé par Leonardo García Alarcón et cofondé Les Ombres il y a une quinzaine d’années. Sa sensibilité et sa délicatesse sont palpables dans les mouvements les plus lents, en adagio en particulier. Non indiqué au programme, un prélude d’une Partita est joué à la seule viole de gambe, un discours musical où l’instrument paraît chanter.
Les contrastes sont d’ailleurs marqués entre les mouvements lents, à caractère mélancolique, et les séquences les plus rapides, souvent enjouées, voire dansantes. Les petites imperfections d’intonation de la viole de gambe ne choquent pas particulièrement dans ce répertoire baroque et rapprochent cet instrument encore davantage de la voix humaine, quand on a dans l’oreille les légers portamenti du chant lyrique.
En bis est donné un mouvement adagio, interprété à nouveau avec goût et musicalité.
F.J. Photos Pierre Moralès.
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