Une musicienne au chant limpide
Samedi 26 octobre 2024, 20h24, durée 1h15 sans entracte, La Courroie, Entraigues-sur-la-Sorgue, Vaucluse
Vanessa Wagner, piano
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), Les Saisons op.37a. Janvier, Au coin du feu ; Février, Le Carnaval ; Mars, Chant de l’alouette ; Avril, Perce-neige ; Mai, Les Nuits de mai ; Juin, Barcarolle ; Juillet, Chant du faucheur ; Août, La Moisson ; Septembre, La Chasse ; Octobre, Chant d’automne ; Novembre, Troïka ; Décembre, Noël. Edvard Grieg (1843-1907), Pièces Lyriques. Livre III Op.43 n°1, Papillon ; Livre III Op.43 n°4, Oisillon ; Livre IV Op.47 n°1, Valse-Impromptu, Allegro con moto ; Livre IV Op.47 n°3, Mélodie, Allegretto ; Livre IV Op.47 n°7, Élégie, Poco Andante ; Livre VIII Op.65 n°6, Jour de noces à Troldhaugen, Tempo di Marcia, un poco vivace ; Livre IX Op.68 n°2, Menuet de la grand-mère, Allegretto grazioso e leggierissimo. Jean Sibelius (1865-1957), Six Impromptus Op. 5 (extraits), Impromptu III, Moderato (alla marcia) ; Impromptu V, Vivace ; Impromptu VI, Comodo
Dimanche 27 octobre 2024, 11h, durée 1h15 sans entracte, La Courroie, Entraigues-sur-la-Sorgue, Vaucluse. *Petit déjeuner en option à partir de 9h30
Vanessa Wagner, piano
Philip Glass, Etude 1 et 2. Jean-Sébastien Bach, Prélude 1 du livre I. Philip Glass, Etude 11. Jean-Sébastien Bach, Prélude 5 du livre I. Philip Glass, Etude 4. Jean-Sébastien Bach, Prélude 16 du livre II. Philip Glass, Etude 16. Jean-Sébastien Bach, Prélude 12 du livre II. Philip Glass, Etude 6. Jean-Sébastien Bach, Prélude 20 du livre II. Philip Glass, Etude 3. Jean-Sébastien Bach, Prélude 2 livre I. Philip Glass, Etude 9
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ANNONCE
« Décrite par le quotidien Le Monde comme « la pianiste la plus délicieusement singulière de sa génération », Vanessa Wagner poursuit une carrière à son image, originale et engagée, mêlant les récitals classiques, la création contemporaine, la pratique des instruments anciens, la musique de chambre, ainsi que les rencontres transversales avec d’autres pratiques artistiques. »
C’est ainsi que La Courroie d’Entraigues-sur-la-Sorgue (site officiel) introduit sa présentation de la pianiste, pianiste que nous avons applaudie en d’autres lieux et contextes.
Nous imaginons l’élégante sensibilité de l’artiste, sans tapage médiatique mais avec l’efficacité d’un talent affirmé, en parfaite osmose avec le lieu atypique, ex-friche industrielle gérée par Alice Piérot, qui fut 1er violon chez Hervé Niquet, et Chantal de Corbiac, très liée au CMBV (Centre de Musique Baroque de Versailles), des spécialistes qui conduisent depuis des années une programmation sans fausse note et qui ont su insuffler au lieu une atmosphère très particulière.
Recevoir Vanessa Wagner c’est s’assurer deux moments intenses et délicats. Artiste accomplie, la pianiste participe à divers projets trans-artistiques, théâtraux ou chorégraphiques, tissant des liens entre des univers différents ; férue de répertoire depuis son premier disque Rachmaninov en 1996, elle est aussi dédicataire d’œuvres contemporaines, de Pascal Dusapin, François Meimoun, Amy Crankshaw, ou Alex Nante… Son enregistrement remarqué Statea en 2016, mariait piano et musique électronique, de Philip Glass à John Cage. De même pour son mariage de piano forte et piano moderne en 2017 pour « Mozart, Clementi ». Elle le compte plus les ffff de Télérama ou Le Monde, les Chocs Classica ou Diapason d’Or, de même qu’une Victoire de la Musique en 1999, en Révélation Soliste instrumental.
Vanessa Wagner est régulièrement sollicitée par de nombreux orchestres de référence, par des salles prestigieuses, par des Festivals renommés comme La Roque d’Anthéron ou Aix-en-Provence, que nous suivons fidèlement.
Vanessa Wagner est directrice artistique du Festival de Chambord depuis 2010, et elle a créé en 2020 le Festival de Giverny.
Elle a été nommée Chevalier de la Légion d’Honneur en avril 2023.
G.ad. Photos G.ad. & Lyodoh Kaneko
COMPTE RENDU
Le concert de Vanessa Wagner à La Courroie a été un véritable moment de magie musicale.
Dans un cadre original, les spectateurs ont été accueillis par la chaleur d’un feu de bois, créant une atmosphère conviviale.
En plus de sa carrière de pianiste soliste, Vanessa Wagner est également passionnée par le courant musical minimaliste ce qui enrichit encore ses qualités d’interprète. Les concerts comme celui donné dans le Vaucluse, sont des occasions précieuses pour apprécier non seulement la musique, mais aussi l’atmosphère du lieu et l’interaction entre l’artiste et son public.
La pianiste nous a offert lors de cette soirée un récit personnel, imaginé et construit pendant deux années à partir des miniatures emblématiques de grands compositeurs tels que Tchaikovski, Grieg, Sibelius et Glinka. Cette démarche a donné naissance à un récent album édité chez La dolce volta.
La talentueuse pianiste nous a fait voyager d’abord vers la Finlande, aux côtés de Jean Sibelius (1865-1957). Nous connaissons les symphonies, le Concerto pour violon ou encore la Valse triste de ce grand compositeur venu du froid. Les œuvres pianistiques de Sibelius ne sont pas très célèbres parce que rares. Le compositeur étant avant tout violoniste, on peut regretter que ce dernier n’ait pas plus composé pour le piano car les Trois impromptus op5 choisis ont conquis le public par leur délicatesse et l’inventivité de leur phrasé musical. Vanessa Wagner possède un toucher délicat, une lumière se fait, tout intérieure, celle d’une musicienne au chant limpide qui sait également donner au piano toute son ampleur et sa force lorsqu’il le faut.
Les Saisons de Piotr Illitch Tchaikovski (1840-1893) sont très rarement jouées dans leur intégralité. Il s’agit d’une œuvre de commande, une suite de morceaux pour piano composés par Tchaikovski entre novembre 1875 et mai 1876. Selon les mémoires de Nikolaï Kachkine, critique musical de l’époque, Tchaïkovski trouve la tâche simple et insignifiante. À sa demande, c’est son domestique qui lui rappelle chaque mois à un jour précis : « Piotr Ilitch, c’est l’heure de votre envoi à Saint-Pétersbourg ». Tchaïkovski s’assoit alors, et écrit une pièce d’un seul jet avant de l’envoyer. En dépit de l’évidente nonchalance de ces créations, le cycle des 12 pièces pour piano est brillant. Chaque pièce représente un mois de l’année, et chaque morceau est accompagné d’une épigraphe poétique en russe. Le mois de janvier qui débute cette série de pièces s’intitule « au coin du feu », nom de circonstance.
Vanessa Wagner nous a offert ce cadeau, celui de nous jouer d’une traite l’intégralité des douze mois de l’année en musique. Chaque note jouée a résonné avec émotion, transportant les auditeurs à travers un voyage musical unique.
Le voyage musical se poursuit vers la Norvège avec Edvard Grieg (1843-1907) et ses Pièces lyriques. La pianiste en a sélectionné tout particulièrement sept. Elle est une véritable narratrice avec Papillon, pièce virtuose ou encore Oisillon ; elle n’hésite pas également à rechercher des ambiances poétiques, comme rêvées, par exemple avec l’Elégie op 47 n°7. Vanessa Wagner est une pianiste reconnue pour sa sensibilité et sa technique parfaite. La soirée se termine avec une magnifique pièce de Mikhaïl Ivanovitch Glinka (1804-1857) La Séparation, nocturne en fa mineur. Le thème principal, bouleversant, parfaitement romantique, conclut magnifiquement cette soirée exceptionnelle. Chacun des compositeurs choisis par la pianiste a apporté une contribution unique à la musique et Vanessa Wagner a su mettre en valeur les nuances et les émotions qui caractérisent chacune de leurs œuvres.
L’originalité du lieu, alliée à la virtuosité de l’artiste, a fait de cette soirée un évènement musical exceptionnel.
D.B. Photos M.A.
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