Cour d’Honneur du Palais des papes d’Avignon, 22h30, durée 1h15, du 18 au 23 juillet 2023. Réservations au 04.90.14.14.14 ou sur le site : festival-avignon.com
Distribution : Frances Chiaverini, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Rob Fordeyn, Challenge Gumbodete, Trajal Harrell, New Kyd, Thibault Lac, Christopher Matthews, Nasheeka Nedsreal, Perle Palombe, Norel Amestoy Penck, Stephen Thompson, Songhay Toldon. Mise en scène, chorégraphie, scénographie, costumes, Trajal Harrell. Répétiteurs, Ondrej Vidlar, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Stephen Thompson. Dramaturgie, Katinka Deecke, Miriam Ibrahim. Musique, Trajal Harrell, Asma Maroof. Musique originale complémentaire, Felix Casaer. Scénographie, Trajal Harrell, Nadja Sofie Eller
Lumière, Stéfane Perraud. Assistanat à la mise en scène, Camille Charlotte Roduit. Assistanat à la scénographie, Eva Lillian Wagner. Assistanat costumes, Mona Eglsoer, Lena Bohnet. Stage mise en scène, Mia Frick. Régie plateau, Aleksandar Sascha Dinevski. Régie générale, Andreas Greiner. Régie son, Susanne Affolter. Régie technique, Jan Hoffmann. Régie lumière, Ulrich Kellermann. Régie costumes et habillage, Judith Janser, Liv Senn. Diffusion et production, Björn Pätz, ART HAPPENS. Développement du public, Mathis Neuhaus
Production Schauspielhaus Zürich avec Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble
Coproduction Festival d’Avignon, Holland Festival (Amsterdam), Singapore International Festival of Arts, Berliner Festspiele (Berlin), La Villette (Paris), Festival d’Automne à Paris, La Comédie de Genève, La Bâtie-Festival de Genève, La Comédie de Clermont-Ferrand Scène nationale, Tandem – Scène nationale (Douai), December Dance Concertgebouw and Cultuurcentrum Brugge (Bruges)
Avec le soutien de Trajal Harrell Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble Fan Club, Michael Ringier et pour la 77e édition du Festival d’Avignon, Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture
Représentations en partenariat avec France Médias Monde.
The Romeo ressemble davantage à un défilé de mode haute couture qu’à un spectacle de la danse mais après tout, qu’importe ! Il y a certes quelques longueurs. Le mouvement ondulatoire des bras et des corps des interprètes, perchés sur demi-pointe, est somme toute assez lent et répétitif et les changements de costumes (si chers au chorégraphe) infinis. Mais Trajal Harrell, sur scène avec ses treize danseurs, relève avec brio le défi d’habiter le vaste plateau et l’immensité architecturale de la Cour d’Honneur.
Posé en fond de scène, un treillis noir, comme on en tend parfois lors des défilés de mode, peut évoquer les somptueux moucharabiehs orientaux et nous transporte au pays des Mille et une nuits… Les danseurs, vêtus de costumes divers et variés aux couloirs chatoyantes ou tout noirs, jouent avec, apparaissant et disparaissant dans les arabesques de ce couloir ajouré. D’une grande diversité d’âges, d’origines, de parcours, de corps, ils défilent comme autant de portraits de notre société, avec leurs imperfections et leurs singularités. Même ensemble, quand ils effectuent la même chorégraphie, chacun le fait avec sa sensibilité et de l’un à l’autre, le mouvement n’est jamais totalement le même.
Pour meubler les changements, c’est l’auteur en personne qui se laisse porter par la musique et se livre à son tour à une petite chorégraphie. Dans la Cour, le vent souffle, transportant les notes des morceaux classiques au piano et / ou au violon, de divers compositeurs comme Erik Satie. On se laisse porter, enveloppés par cette douce vague d’une grande fluidité qui se dégage du corps des danseurs et qui nous envahit. On bascule dans un pays imaginaire hors du monde et hors du temps. Seules les grimaces des interprètes, dont les visages se tordent horriblement jusqu’à l’absurde et au grotesque, avant de s’écrouler sur scène, viennent troubler cette douce harmonie en nous rappelant notre condition d’êtres mortels… Certains spectateurs laissent échapper un rire nerveux…
Au final, le public est mitigé : quand certains se lèvent pour saluer la qualité de la performance des danseurs et le travail du chorégraphe, d’autres sifflent et partent. Devant le plateau, émus aux larmes, les interprètes saluent le public qui peu à peu quitte la Cour. Si tout le monde n’a pas été touché par la grâce de Trajal Harrel, beaucoup auront néanmoins partagé un moment de qualité, dans une durée très raisonnable pour le Festival In, 1h15 seulement.
M.-F.A. Photo Christophe Raynaud de Lage
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