Virtuosité et complicité
Festival de Pâques 2021. Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Dimanche 28 mars, 20h30
Sol Gabetta, violoncelle, Bertrand Chamayou, piano
Robert Schumann (1810-1856), Fantasiestücke pour violoncelle et piano, op.73. Benjamin Britten (1913-1976), Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur, op. 65. Frédéric Chopin (1810-1849), Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, op. 65
Bertrand Chamayou & Sol Gabetta au Festival de Pâques 2021 à Aix-en-Provence : virtuosité et complicité pour un duo au riche passé commun (voir nos entretiens), dans un programme XIXe-XXe siècles
Le programme de cette soirée du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence présente un petit éventail de musiques des XIXème et XXème siècles, en encadrant une pièce de Benjamin Britten (1913-1976) par celles de deux plus anciens compositeurs, exactement contemporains, Robert Schumann (1810-1856) et Frédéric Chopin (1810-1849).
Les trois Fantasiestücke de Schumann pour piano et violoncelle sont empreintes d’un beau romantisme et respectent les nuances indiquées par le compositeur, soit successivement « tendre et avec expression », « vif et léger » puis « vite et avec feu ». Sol Gabetta y développe de magnifiques mélodies, reprises en réponse par Bertrand Chamayou dans une harmonie parfaite. Le violoncelle se prête sans doute à une virtuosité plus démonstrative et davantage en visibilité – l’instrument étant placé à l’avant – que celle du piano, même si ce dernier produit tout autant de notes, voire plus par moments, que sa consœur.
La sonate pour violoncelle et piano, opus 65, avait été quant à elle composée par Benjamin Britten en 1961 à la demande du grand violoncelliste Mstislav Rostropovitch. On entre résolument dans une modernité musicale avec cette œuvre en cinq mouvements d’une vingtaine de minutes au total, assez loin de ses opéras bien plus faciles d’écoute, comme Peter Grimes, Billy Budd ou A midsummer night’s dream. On croit reconnaître dans le Dialogo initial des échos au piano de West Side Story de Bernstein, qui enchaînent avec des variations de tonalités flirtant avec la Seconde école de Vienne. Dans le Scherzo qui suit, un piano espiègle répond aux pizzicati du violoncelle, dans une formidable coordination rythmique, puis l’Elegia centrale installe une ambiance mystérieuse. Le quatrième mouvement Marcia marque, comme son nom l’indique, la cadence, comme une chevauchée, avec quelques coups d’archet qui imitent des cris d’enfant. Puis avec le Moto perpetuo conclusif, également rapide, les deux solistes emplissent sereinement tout l’espace acoustique de la salle.
Enfin Frédéric Chopin est évidemment le compositeur par excellence pour le piano, cela s’entend avec Bertrand Chamayou qui bâtit une solide architecture de la Sonate, opus 65, avec une utilisation très riche du clavier, sur toute son étendue. Mais ceci est vrai également pour le violoncelle de Sol Gabetta, les deux solistes faisant assaut d’une virtuosité jamais mise en défaut. Le troisième mouvement Largo est d’une grande beauté, et impressionnant également le Finale tourbillonnant, dans un tempo indiqué Allegro.
I.F.
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