Une double belle découverte, comme sait en offrir ce festival
41e Festival international de piano de La Roque d’Anthéron. Récital de piano
Mardi 17 août 2021, 21h, Château de Florans, Auditorium du Parc
Chopin, Quatre mazurkas op. 24
Brahms, Variations sur un thème de Schumann, op. 9
Grieg, Au temps de Holberg, suite op. 40
Prokofiev, Sonate n° 7 op. 83
Je ne connaissais pas le pianiste macédonien (du Nord) Simon Trpčeski. J’avais retenu son récital du fait du programme initialement annoncé : les transcriptions par Liszt des symphonies 3 et 7 de Beethoven et surtout une œuvre qui attisait ma curiosité, la transcription pour piano de la Shéhérazade de Rimsky-Korsakov par le compositeur belge Paul Gilson (1865-1942). Déception ! On nous annonçait la veille un changement total de programme. Certes, l’artiste est roi et maître des émotions qu’il veut partager avec le public et dans le cas présent, je dois avouer que je n’eus pas à le regretter, ce fut une véritable découverte !
Vite l’artiste affirmait sa personnalité, paraissant habité par les œuvres qu’il proposait et les vivant pleinement, jouant comme en cherchant l’inspiration, imposant attention et concentration par de longs silences entre les mouvements ou les œuvres. Son jeu net et clair, délicat, expressif, maîtrisant les nuances, sachant passer du recueillement et de la recherche de profondeur aux forte les plus virtuoses, rendait prenantes ses interprétations. Les mazurkas débutaient le concert avec grâce, les variations de Brahms complétaient heureusement celles de Clara Schumann, entendues la veille, écrites sur le même thème de Robert Schumann, mais bien différentes.
La version pour orchestre à cordes de la suite Au temps de Holberg de Grieg ne m’a jamais bien accroché, mais sa version première, pour piano, telle que donnée par Simon Trpčeski, m’a paru bien plus intéressante et a retenu toute mon attention. Quant à la sonate de Prokofiev, elle fut fascinante, démarrant tambour battant et s’achevant dans un precipitato bien nommé, virtuose et spectaculaire.
Dans un enthousiasme sans retenue, il sembla que le public, hélas à peine plus nombreux que la veille, ne voulait plus se séparer de l’artiste, qui offrit quatre bis, s’adressant chaque fois à ses auditeurs en français, avec complicité, humour et décontraction. Ainsi se succédèrent une humoresque… humoristique de Shchedrin, un Hommage à Edith Piaf de Poulenc, pour marquer l’amour du pianiste pour la France, une valse de Grieg et la mazurka op. 17 n° 4 de Chopin.
Voilà ! Les absents ont eu tort, je n’ai pas eu droit à la transcription de Shéhérazade, mais à une belle découverte et une belle soirée, comme sait nous en offrir le Festival de La Roque d’Anthéron.
B.D. Photos Valentine Chauvin
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