« Arrête de te plaindre ! » ou « C’est Mozart qu’on assassine »
Opéra Grand Avignon, dimanche 21 novembre, 18h, durée 1h
Concept, Radhouane El Meddeb & Matteo Franceschini. Chorégraphie, Radhouane El Meddeb. Musique, Matteo Franceschini. Lumières, Eric Wurtz. Ingénieur son, Roberto Mandia
Avec les danseurs de MiCompañia : Susana Pous Anadon, Lisset Galego Castañeda, Diana Columbié Gamez, Gabriela Herrera Mendez, Erismel Mejias García, Rubinel Ortiz Mayedo, Niosbel Osmar González Rubio live electronics Tovel (aka Matteo Franceschini). Avec la collaboration artistique de Noel Bonilla-Chongo, Susana Pous Anadon, Philippe Lebhar & Johanna Levy. Maître de ballet Yanelis Brooks Sánchez
Direction musicale Jean Deroyer
Orchestra Haydn di Bolzano e Trento
Création 2021. En coréalisation avec Les Hivernales – CDCN d’Avignon
La composition musicale est une commande de la Fondation Haydn / festival BolzanoDanza – TanzBozen 2020. Production La compagnie de SOI coproduction Bolzano Danza / Tanzbozen (Bolzano, IT), Orchestra Haydn di Bolzano e Trento (Bolzano, IT), Mi Compañia (La Havane, CU), La Briqueterie, CDCN / Biennale de la danse du Val-de-Marne (Vitry-sur-Seine, FR), Théâtre Jacques Carat (Cachan, FR) soutien DRAC Île-deFrance, Ambassade de France à Cuba
Toute la saison chorégraphique 2021-2022 de l’Opéra Grand Avignon
C’était une commande, signée du chorégraphe franco-tunisien Radhouane El Meddeb, dont la création était annoncée pour la 43e édition du CDCN (Centre de danse chorégraphique national) Les Hivernales d’Avignon pour février 2021. La crise sanitaire l’a différée jusqu’à ce 21 novembre 2021. Nous étions donc les premiers…
« C’est Mozart qu’on assassine… » Si ce titre de Gilbert Cesbron s’est imposé spontanément à mon esprit, c’est parce que j’éprouve toujours un certain malaise à voir des compositeurs servir de prétexte voire de caution esthétique ou d’argument commercial. J’ose croire n’être pas la seule en l’occurrence, pour Requiem, puisqu’un certain nombre de spectateurs a quitté la salle ; et puisque, si les deux tiers de la salle (public des Hivernales ?) ont applaudi chaleureusement, un bon tiers (public de l’Opéra ?) s’est totalement abstenu, les commentaires post-spectacle étant eux-mêmes fort partagés… Un spectateur, lui-même danseur, concédait volontiers que, si lui-même avait la chance de posséder les « codes » lui permettant de décrypter quelque peu l’opacité du propos, en revanche ce Requiem demeurait hermétique au profane, intelligible aux seuls initiés.
Profane j’étais, profane je suis restée, malgré mes efforts pour « entrer » dans le spectacle, de différentes manières.
Mise en route dans une lenteur appuyée, du musicien, puis d’individus aussi disparates que leurs costumes, entrant un à un, len-te-ment, très lentement ; ils sortiront de même in fine. Puis lentes déambulations, contorsions, gesticulations, roulades latérales, furtifs enlacements, désarticulation à s’en démettre les épaules, reptations, étirements, trépignements, trémulations, trépidations, variations sur improvisations… Une danseuse, puis 2, puis 3, jusqu’à 6, et autour d’eux, un figurant, puis 2, puis 3, jusqu’à 21, à peine mobiles.
J’avoue avoir cherché un sens caché ; j’avoue avoir tenté de me laisser entraîner… Las ! Ni beauté plastique, ni charme musical. Je concède, et j’admire, une indéniable performance physique, mais il a fallu près de 40 minutes, sur 1h10, pour que s’organise un semblant de cohésion, de mouvement d’ensemble, assez réussi d’ailleurs…. mais presque aussitôt éclaté.
Chaque individu danse, tournoie, se désarticule, seul, à côté des autres, chacun pris dans sa propre histoire. Image probable d’un monde où chaque individu tente de tracer son propre chemin ? Mais quant à l’incitation présumée à aller de l’avant, telle qu’évoquée dans le programme de salle (« « Siá Kará » entend-on dans les rues de la capitale cubaine. « Arrête de te plaindre ». Allons de l’avant ». Gérard Mayen), je n’ai pas pu la trouver. A trop vouloir prouver, on manque sa cible…
Quant à la pièce musicale du compositeur Matteo Franceschini qui revendique une intimité forte avec Mozart, elle jaillit d’une table de mixage… propre à faire éclater tous les sonotones et à résonner désagréablement dans la poitrine par des basses amplifiées…
Ah si ! Il serait injuste d’oublier les quelques mesures (une dizaine ?), partiellement déformées, du « Lacrymosa » : maigre consolation… Mozart réinterprété, oui, Mozart assassiné, non !
G.ad. Photos G.ad.
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