Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart, ballet équestre au Festival d’été de Châteauvallon (21 juillet 2023)
Mise en scène et chorégraphie, Bartabas. Assistant à la mise en scène, Emmanuelle Santini. Costumes, Sophie Manac’h et Mélanie Riollet Dhubert. Création lumières, Bertrand Couderc. Assistant lumières, Sébastien Böhm. Responsable des écuries, Philippe Boué Bruquet
Direction musicale, Nicolas Krüger. Soprano, Claire de Monteil. Mezzo, Eugénie Joneau. Ténor, Gonzalo Quinchahual. Basse, Jean-Fernand Setti
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Toulon
Ecuyères : Laure Guillaume, Charlotte Tura, Emmanuelle Santini, Nina Moulin Krumb, Fanny Lorré, Salomé Belbacha-Lardy, Dounia Kazzoul, Léonie Mourcou, Isis Bertheau, Chloé Gouyet, Zoé San Martin et Margot Reault
Requiem de Mozart à Châteauvallon : les choristes de L’Opéra de Toulon largement distancés par les chevaux de Bartabas !
Vouant une vraie passion au cheval, le directeur artistique d’alors pour la Semaine Mozart (Mozartwoche) Marc Minkowski montait en 2015 à Salzbourg Davide Penitente de Mozart, en invitant l’écuyer, metteur en scène et chorégraphe Bartabas. Deux ans plus tard, c’était le Requiem de Mozart qui était proposé sous forme de ballet équestre, à nouveau au Manège des rochers (Felsenreitschule). C’est ce spectacle qui est proposé pour six représentations (du 19 au 26 juillet) au Festival d’été de Châteauvallon.
Le concert est sonorisé ce soir pour les spectateurs assis dans cet amphithéâtre en plein air, l’orchestre placé sur un podium à gauche, les choristes, également à mi-hauteur, sont alignés au fond, tandis que les chevaux évoluent à l’intérieur du manège circulaire préparé en contrebas. Le programme est le même qu’à Salzbourg début 2017, à savoir le Requiem précédé du Miserere, courte pièce de la main d’un Mozart de 14 ans, et suivi de l’Ave verum corpus, cette partition, tout comme le Requiem, ayant été écrite l’année de la mort du compositeur.
Un cheval noir se place au centre pour le Miserere, tourne sur lui-même pendant que l’écuyère tend les bras, avant d’effectuer quelques tours de piste. La partition chantée a cappella, ou parfois accompagnée à l’harmonium, constitue un beau moment musical, assez prometteur à vrai dire.
On enchaîne avec le Requiem, illustré cette fois par huit chevaux blancs montés par des écuyères aux longs cheveux, semblables à des amazones. Ce sont comme des cadavres transportés pendant le Requiem, qui se réveillent pour un ballet plus énergique au Kyrie. Le Dies irae (« Jour de colère ») est figuré par des lumières rouges, tandis que les chevaux traversent à plus vive allure. Les écuyères aux longs cheveux sont remplacées par séquences par des figures plus inquiétantes aux chapeaux noirs longs et pointus, messagers de la mort. Le travail de dressage réalisé par l’Académie équestre de Versailles est en tout cas remarquable, les chevaux montés évoluant par groupes de deux, trois ou quatre, ou bien pouvant également se présenter en ligne, au pas, trot ou galop suivant les moments.
Dirigé par Nicolas Krüger, l’orchestre de l’Opéra de Toulon apporte un accompagnement musical de qualité, le public, assez loin des us et coutumes de Salzbourg, applaudissant à l’issue de la majorité des numéros de la partition mozartienne. Les prestations des quatre solistes séduisent plus ou moins : avantage au joli timbre ensoleillé du ténor Gonzalo Quinchahual et à la mezzo bien chantante et aux moyens généreux Eugénie Joneau. On apprécie aussi la soprano Claire de Monteil, mais celle-ci baisse un peu en régime en fin de concert, alors que la basse Jean-Fernand Setti dégage bien moins de charme que ses collègues, couleur vocale parfois ingrate et intonation imprécise.
Quant au chœur de l’Opéra de Toulon, jamais ses faiblesses ne nous avaient paru aussi évidentes. Certes, les conditions de représentation sont inhabituelles, les choristes étant obligés de regarder, à bonne distance pour certains et certaines, le chef sur leur droite. Mais le rendu vocal n’honore pas le testament mozartien, aussi bien pour l’ensemble, qu’en considérant les pupitres séparément, particulièrement celui des sopranos qui saturent à peu près systématiquement dans l’aigu, en déficit de cohésion collective et régulièrement imparfaite dans la justesse de ton. Alors que l’orchestre toulonnais a su progresser ces dernières années, sous la baguette de valeureux chefs, il n’en va pas exactement de même pour le chœur de l’Opéra de Toulon. Il ne peut, a priori, que progresser…
Un petit mot pour finir plus en gaieté avec les noms des chevaux, de vrais artistes eux aussi : Chagall, Fado, Farinelli, Flamenco, Kodaly, Mozart, Naus, Nembus, Neptune, Picabia, Soutine et Vivace.
F.J., texte et photos
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