Festival d’Aix-en-Provence au Conservatoire Darius Milhaud (lundi 8 juillet 2024)
Mezzo-Soprano, Lea Desandre. Archiluth, Thomas Dunford
Honoré d’Ambruys : Le doux silence de nos bois. Reynaldo Hahn : Néère (Études latines). Françoise Hardy : Le temps de l’Amour. Erik Satie : Gnossienne No. 1. Marc-Antoine Charpentier : Celle qui fait tout mon tourment. Marc-Antoine Charpentier : Auprès du feu l’on fait l’amour. Marc-Antoine Charpentier : Tristes déserts, sombre retraite. André Messager : J’ai deux amants. Erik Satie : Gymnopédie No.1. Michel Lambert : Ma bergère est tendre et fidèle. Reynaldo Hahn : A Chloris. Marc-Antoine Charpentier : Sans frayeur dans ce bois. Robert De Visée : Sarabande (Suite No. 7 en ré mineur). Françoise Hardy : Le premier bonheur du jour. Sébastien Le Camus : On n’entend rien dans ce bocage. Claude Debussy : Mes longs cheveux descendent (de Pelléas et Mélisande). Michel Lambert : Ombre de mon amant. Michel Lambert : Vos mépris chaque jour. Robert De Visée : Chaconne (Suite No. 7 en ré mineur). Barbara : Dis, quand reviendras-tu ? Sébastien Le Camus : Laissez durer la nuit. Jacques Offenbach : Amours divins ! Ardentes flammes (La Belle Hélène)
Ensemble à la ville, ainsi que très régulièrement à la scène, la mezzo-soprano Lea Desandre et le luthiste et théorbiste Thomas Dunford proposent un récital dans la salle de l’auditorium Campra du Conservatoire Darius Milhaud. Les artistes devaient se produire à trois, mais à la suite de la défection du baryton Huw Montague Rendall, le couple a dû mettre rapidement au point un programme, qui s’inspire de très près de leur CD « Idylle » paru à l’automne 2023 sous étiquette du label Erato. Il s’agit de chansons françaises, sur le thème de l’amour et qui s’étalent sur trois siècles, entre celles d’Honoré d’Ambruys (1685) ou Michel Lambert (1689) et François Hardy ou Barbara (1962).
Les chansons s’enchaînent avec naturel et une fluidité certaine, parfois entrecoupées de courts passages instrumentaux à l’archiluth seul. Bien sûr, on entend un rythme un peu plus rock and roll lorsque l’on passe de Reynaldo Hahn (Néère) au Temps de l’Amour de la regrettée Françoise Hardy. Dès l’entame, l’accompagnement musical de Thomas Dunford oscille, suivant les morceaux, entre délicatesse et rythmes plus marqués où les 14 cordes de son archiluth sont alors sollicitées. On apprécie la précision technique du musicien, sa virtuosité, ainsi que l’expressivité de l’interprétation.
Distribuée actuellement à Aix-en-Provence dans la production de Samson de Rameau, la mezzo-soprano Lea Desandre nous paraît aujourd’hui au sommet de son art, une voix pleine qui a gagné en puissance ces dernières années, d’une étendue plutôt confortable entre graves profonds et aigus assurés, et qui montre par ailleurs une attention constante à la qualité de la diction. Sa voix caractérise au plus près l’ensemble des affects, entre langueur, désir, fascination, bonheur, mais aussi souffrance, absence de l’être cher.
C’est tout de même l’opéra baroque qui compose l’ossature du programme de la soirée, où l’on passe par exemple de Marc-Antoine Charpentier, presque sans transition, au sourire de la chansonnette « Auprès du feu l’on fait l’amour, aussi bien que sur la fougère » à l’ambiance bien plus dramatique, et plus opératique à vrai dire, de l’extrait « Tristes déserts, sombre retraite ». Comme toujours lorsqu’il est au menu d’un récital, on ne se lasse pas du sublime « A Chloris » de Reynaldo Hahn, déroulé ce soir sur un idéal accompagnement musical.
La courte intervention de Mélisande « Mes longs cheveux descendent » nous invite à ne pas rater Pelléas et Mélisande, opéra également à l’affiche de cette édition du festival. Les deux chansons de Françoise Hardy et celle de Barbara font un crochet par le 20ème siècle et les ajouts de comédie musicale (« J’ai deux amants » de Messager) et d’opérette (La belle Hélène de Jacques Offenbach) sont également bienvenus. Le premier bis délaisse le répertoire français pour Händel et son merveilleux « Ombra mai fu » tiré de Serse, avant, pour se quitter, d’entendre une nouvelle interprétation du Temps de l’Amour de Françoise Hardy.
IF©Vincent Beaume
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