Un bain de jouvence
Chorégraphie Eric Belaud
Peter Pan, Anthony Beignard ; la fée Clochette, Noémie Fernandes ; Wendy, Bérangère Cassiot (; le capitaine Crochet et le père, Sylvain Bouvier ; Lily la tigresse et la mère, Aurélie Garros ; John, Arnaud Bajolle ; Mickael, Virginie Coissière ; l’ombre, Joffray Gonzales ; les enfants perdus, Aurélie Garros, Anne-Sophie Boutant, Ari Soto, Georges Prunier ; les pirates, Joffray Gonzales, Alexis Traissac, , Georges Prunier, Ari Soto ; les Indiennes, Aurélie Garros, Anne-Sophie Boutant
Merci à Peter Pan de mettre des images, des envolées poétiques, sur nos émotions, à travers roman, théâtre, cinéma, bande dessinée, télévision, web-série… ou ballet. Depuis 1902 grâce à son géniteur écossais, James Matthew Barrie, et plus encore depuis 1953 grâce à l’Américain Walt Disney, puis à travers un psychanalyste de Chicago qui a énoncé le syndrome éponyme, Peter Pan est devenu « l’enfant qui ne veut pas grandir ».
N’importe, le Peter Pan d’Eric Belaud, directeur du Ballet de l’Opéra Grand Avignon, est pour les adultes une vraie fontaine de jouvence, frais, coloré, rythmé, et les quelque 400 enfants de classes primaires qui nous entouraient (en séance scolaire) sont entrés de plain-pied dans cet univers merveilleux et touchant.
La trame narrative est parfaitement tracée, et en une heure intense tous les sentiments se déclinent, jusqu’aux plus fins et aux plus contradictoires. Chaque costume, éclairage, geste, est totalement juste ; chaque personnage est croqué dans sa spécificité. On retrouve avec bonheur, dans leur fraîcheur initiale (ou du moins telle que l’imaginaire collectif nous la reconstitue), la fée Clochette (Noémie Fernandes), aussi délicieuse que détestable,
Michel le benjamin (Virginie Coissière, à croquer), Jean courant après ses lunettes (Arnaud Bajolle,), Wendy l’adolescente ingénue presque femme malgré elle (Bérangère Cassiot, succédant à Agathe Clément, créatrice du rôle), Lily-la-tigresse (Aurélie Garros), les parents pleins de sollicitude (Sylvain Bouvier et Aurélie Garros), le capitaine Crochet « bête et méchant » (Sylvain Bouvier), les pirates (parmi lesquels Alexis Traissac, dernière représentation avant changement d’activité),
les Enfants perdus,
les Indiennes…
Une mention particulière à Anthony Beignard : on n’aurait pu imaginer un Peter Pan plus vrai, tant le rôle semble avoir été créé pour lui. Lutin insaisissable, enfant imprévisible, chef respecté, parfois gamin capricieux et insouciant, il est néanmoins saupoudré de tendresse et de poésie, comme d’une délicate poussière d’étoiles… Clochette est sans doute passée par là !
La fenêtre lumineuse ouverte côté jardin (symboliquement vers le passé) souligne délicatement la porosité de la frontière entre réel et imaginaire (un hymne au pouvoir de la lecture…) : avec quelle allégresse les uns et les autres la franchissent ! C’est le versant léger du miroir liquide de l’Orphée de Cocteau, aussi thanatoporteur…
Sans aucun doute, ce Peter Pan-là contribue à ancrer le personnage et son histoire dans l’univers du mythe collectif, voire universel. Merci à Peter Pan de lancer un arc-en-ciel d’un bout à l’autre de la planète. (G.ad. texte et photos).
Prochain rendez-vous avec le Ballet de l’Opéra Grand Avignon :