Une immersion intimiste
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Cour du spectateur, 10h20, 1h10. 6-21 juillet, relâche les 8 et 15 juillet. Rés. 06 28 67 09 82. A partir de 14 ans.
A quel âge commence ma mémoire ? Quels événements ont retenu son attention ? Et pour quelles raisons ?
En retraçant son histoire familiale dans un monologue, Erwin cherche à répondre à ces questions. Jeune juif ukrainien, contrant à l’exil à 6 ans, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il va essayer de remonter le fil de sa mémoire. Et ce sont les paysages et les odeurs de son enfance qui ressurgissent, depuis l’âge de 4 ans, âge de l’insouciance, dans la campagne, aux côtés de sa mère et de ses grands-parents maternels. Sébastien Weber nous fait revivre ce parcours en convoquant nos différents sens, par le jeu de boîtes lumineuses, de sons, de touchers ou par l’entremise d’objets hétéroclites.
Confronté aux déplacements, aux marginalisations, à la guerre, mais aussi à la perte d’êtres chers, il recrée des scènes de son enfance et de son adolescence vite envolée suite aux difficultés rencontrées. Mais chacune renvoie d’un sens à l’autre à l’amour maternel comme un protecteur ou un guide, ou à la forêt comme une frontière-refuge. Ces souvenirs qui surgissent à sa mémoire, au détour du chemin, lui permettent de survivre et de grandir. La musique intérieure d’Erwin lui permet de décrypter le monde qui l’entoure. Ce n’est pas seulement sa mémoire qui nous restitue quelques moments de sa vie, mais aussi son corps qui vit la scène sous nos yeux.
Vues à l’échelle d’un enfant, les bribes de la mémoire évoluent avec le temps, l’âge, les traumatismes ou les souvenirs heureux. Et lui permettent aussi de se construire en tant qu’individu, devenu orphelin très jeune. Où l’on constate que les souvenirs sont transformés et transcendés.
La mise en scène d’Isabelle Hervouet repose sur des matières intemporelles (verre, sable, papier…) et un éclairage sobre. Les silences permettent aussi à tous de voyager intérieurement dans les thèmes abordés : l’exode, l’entrée dans l’âge adulte, le contact avec la nature, les relations familiales, la frontière, la différence …
Jacques Allaire a adapté l’Histoire d’une vie d’Aharon Appelfeld, et cette histoire singulière, présentée par la compagnie Skappa et associés, a pourtant des relents non seulement universels mais aussi contemporains.
Christèle. Photo Anne Van Der Meulen
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