Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, vendredi 23 décembre 2022
Orchestre Philharmonique de Radio France. Marie-Nicole Lemieux, contralto. Adrien Perruchon, direction
Gioachino Rossini, Extraits de L’Italienne à Alger ; extraits de La pietra del Paragone. Charles Gounod, Faust – Ballet. Georges Bizet, Extraits de L’Arlésienne. Max Reger, Maria Wiegenlied
Chants de Noël (Gesù Bambino ; Trois anges sont venus ce soir ; Les anges dans nos campagnes ; Minuit, chrétiens ; Petit Papa Noël)
Après un premier concert à l’Auditorium de la Maison de la Radio mercredi 21 décembre, le Grand Théâtre de Provence accueille les deux jours suivants l’Orchestre Philharmonique de Radio France, accompagné de la contralto québécoise Marie-Nicole Lemieux – qu’on retrouvera avec bonheur l’été prochain aux Chorégies d’Orange -. Les deux répliques du concert parisien étaient programmées jeudi 22 au soir et vendredi 23 matin ; nous avons assisté à la seconde représentation, dans une salle aussi pleine qu’en soirée et visiblement rajeunie, de nombreuses familles peuplant les rangées.
Adrien Perruchon remplace ce matin le directeur musical de la formation Mikko Franck, initialement annoncé, et le programme démarre par une généreuse séquence Rossini. L’ouverture de L’Italiana in Algeri expose, tour à tour, les solistes des pupitres de bois, tous suffisamment virtuoses, à l’exception du hautbois solo visiblement en méforme. Parmi les chevaux de bataille de Marie-Nicole Lemieux, l’air d’entrée d’Isabella « Cruda sorte » met en valeur sa tessiture de contralto, idéale pour le rôle. Les moyens sont généreux et utilisés avec abattage, tandis que la pure souplesse vocale n’est que peu sollicitée au cours de cet aria. L’interprète vit le rôle avec densité, qualité également présente pour le deuxième passage, extrait de La pietra del paragone « Quel dirmi, oh Dio ! … Eco pietosa ». Le personnage de Clarice y entend un vrai-faux écho à la suite de certaines de ses paroles, en fait c’est le Comte Asdrubale caché qui répète malicieusement ses mots. Sans chanteur à disposition pour donner la vraie-fausse réplique, c’est le chef lui-même qui s’y colle, cet échange devenant un vrai jeu entre les deux, pour la joie du public.
Une séquence orchestrale enchaîne, soit les musiques de ballet du Faust de Gounod, passages le plus souvent supprimés lorsque l’opéra est monté à la scène. On admire la splendeur des cordes, ainsi que pour certains numéros, les parties de cuivres et percussions plus brillantes et développées. Après l’entracte, ce sont trois extraits de L’Arlésienne de Bizet qui sont proposés, dont la Farandole qui bénéficie d’une grande notoriété.
Retour au chant avec un programme de Noël en seconde partie, pour lequel Marie-Nicole Lemieux a d’ailleurs troqué sa tenue noire pour une robe rouge scintillante assortie de boucles d’oreille en couronne de Noël. On passe par plusieurs langues, l’allemand du lied de Max Reger, puis l’italien de « Gesù Bambino » de Pietro Yon, pour lequel l’interprète varie avec goût les nuances forte – piano.
Après l’émouvant « Trois anges sont venus ce soir » d’Augusta Holmes, la contralto demande la participation du public pour le chant traditionnel « Les anges dans nos campagnes ». Les spectateurs et spectatrices jouent le jeu à fond en reprenant les vocalises du refrain « Gloria in excelsis Deo ». Dernier air au programme, « Minuit, chrétiens » d’Adolphe Adam oscille avec justesse entre recueillement et projection vigoureuse dans l’aigu.
En bis, Marie-Nicole Lemieux nous annonce un chant sacré au Québec, que tous les enfants connaissent car il fait venir le Père Noël ! Il s’agit bien sûr de « Petit Papa Noël » popularisé par Tino Rossi. Puis pour terminer, « Les anges dans nos campagnes » revient et fait chanter la salle dans une ambiance festive un peu avant l’heure.
F.J. Photos I.F.
Laisser un commentaire