Jeu égal avec les meilleures formations symphoniques
Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (site officiel), Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, samedi 9 avril 2022
Orchestre Philharmonique de Nice, Lionel Bringuier, direction ; Renaud Capuçon, violon
Bedřich Smetana : Vltava (La Moldau)
Max Bruch : Concerto pour violon et orchestre n°1 en sol mineur, op. 26
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Symphonie n°5 en mi mineur, op. 64
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A la suite du récital de Stanislas de Barbeyrac au Conservatoire Darius Milhaud, on se déplace pour la soirée de quelques centaines de mètres au Grand Théâtre de Provence, pour écouter l’Orchestre Philharmonique de Nice, placé sous la direction de Lionel Bringuier, Artiste associé à la phalange niçoise. Le programme est plutôt grand public, en commençant avec l’un des tubes du répertoire classique, La Moldau de Smetana, l’un des six poèmes symphoniques de Má Vlast (Ma patrie). Après un petit temps de mise en route rythmique aux pupitres de bois, la musique évoque idéalement l’élément liquide, les ondes, le ruissellement, d’abord en douceur, puis en régime plus torrentiel avec les interventions des cuivres et percussions.
Directeur artistique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, Renaud Capuçon rejoint le plateau pour jouer la partie de soliste du Concerto pour violon et orchestre n°1 de Max Bruch. La virtuosité aux accents tziganes du premier mouvement Allegro moderato hérisse d’emblée la partition de chausse-trappes, dont se joue le violoniste. L’Adagio suivant est l’occasion de développer davantage de séduction, d’élégance, de sentiment également, tout au long des jolies lignes musicales. Le troisième et dernier mouvement en Allegro energico, demande – comme son nom l’indique ! – encore plus d’abattage, valeur partagée tout aussi bien par le soliste que par l’orchestre dans son ensemble.
Après l’entracte, la Symphonie n°5 de Piotr Ilitch Tchaïkovski nous paraît révéler encore mieux toutes les qualités de la formation niçoise. Il faut préciser que l’orchestre y est sans doute extrêmement bien préparé, pour avoir interprété cette symphonie à deux reprises fin janvier dernier à l’Opéra de Nice, sous la direction du même chef. Le son des instrumentistes séduit l’oreille, sur un serein tapis de cordes, les bois et cuivres dégageant une agréable expressivité. Les nuances indiquées par Lionel Bringuier sont aussi fidèlement restituées, partant d’un suprême piano initial pour gagner en ampleur progressivement. Les musiciens font un sans-faute technique, entre la reprise, par un basson espiègle, du thème du premier mouvement, le solo de cor très exposé du début du 2ème, la coordination précise des traits d’agilité et autres pizzicati des cordes, etc. On entend enfin l’ampleur, le souffle de la partition de Tchaïkovski : après quelques séries de roulements de timbales et emballements de l’ensemble des musiciens, le Finale en majesté se révèle particulièrement enthousiasmant. Ainsi superbement dirigé, le Philharmonique de Nice nous semble ce soir faire jeu égal avec les meilleures formations symphoniques.
I.F. Photos Caroline Doutre
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