« Non ! J’ai dit non. »… l’acoustique de l’Odéon !
Mercredi 7 mai 2025, Théâtre de l’Odéon, Marseille
Michele Spotti, direction musicale
Orchestre Philharmonique de Marseille.
Richard Wagner, Siegfried–Idyll. Joseph Haydn, Symphonie n° 88 en sol majeur, Hob. I : 88. Richard Strauss, Le Bourgeois Gentilhomme, Suite op. 60
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« Non ! J’ai dit non. Je descends à Odéon », c’était le refrain de la chanson « Odéon » en 1984 (et un petit clip pour les nostalgiques des années 1980). Plus sérieusement, c’est une première ce soir avec un concert de l’Orchestre Philharmonique de Marseille programmé sur la scène du théâtre de l’Odéon. Situé en haut de la Canebière, on connaissait jusqu’à présent le lieu comme temple de l’opérette et de l’opéra bouffe. Nos oreilles sont donc grandes ouvertes pour le programme, qui tient un peu de test pour l’Opéra de Marseille, institution qui dirige les deux maisons de l’Odéon et de la salle de l’Opéra municipal.
Le premier ouvrage ne nous convainc guère, une Siegfried–Idyll de Wagner assez approximative pour ce qui concerne la cohésion des cordes. On sait que cette pièce, sorte de pot-pourri de plusieurs mélodies de Siegfried, a été composée pour un petit nombre d’instruments, mais il est habituel au concert de l’entendre par un orchestre symphonique au complet. Ici l’ensemble d’environ 35 instrumentistes sonne de manière plus subtile que puissante, dans un son parfois un peu feutré, sans doute dû aux pendrillons en fond de scène. Les bois se montrent en revanche en très bonne forme, en tête le hautbois et son solo fort séduisant et expressif. Avec les deux cors, l’orchestre prend une meilleure allure quand les vents rejoignent les cordes, quant à elles régulièrement perfectibles pour ce qui concerne la précision de plusieurs attaques.
Sous la battue dynamique du chef et directeur musical Michele Spotti, la Symphonie n°88 de Haydn paraît mieux convenir à la phalange, dans les conditions du soir. Les rythmes sont bien marqués et l’on gagne en cohérence collective, du premier mouvement bondissant et joyeux en allegro au dernier en allegro con spirito, encore plus vif où les cordes font alors preuve de leur virtuosité maîtrisée. Ceci en passant par le très élégant 2ème mouvement en largo, à l’élégiaque solo de violoncelle, sans oublier le 3ème en menuetto, logiquement dansant. L’acoustique est tout de même sèche pour les cordes et forte de manière générale, et l’on se dit que la présence du rideau à l’arrière de l’orchestre est finalement une bonne option, pour éviter de basculer dans le tonitruant.
La suite du Bourgeois Gentilhomme de Richard Strauss est un encore meilleur choix dans les conditions d’écoute, ouvrage un peu moins consonnant que les deux précédents et dont plusieurs parmi les 9 parties sont d’essence plutôt chambriste. Richard Strauss avait écrit en 1917 une musique de scène pour Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, projet qui échoua mais dont il tira l’année suivante une suite de 9 numéros. Opus très particulier à vrai dire, sorte de miniatures musicales où l’on peut entendre successivement certains clins d’œil à ses propres compositions, Ariadne auf Naxos et Der Rosenkavalier en tête, des orchestrations très variées, entre premier violon seul, dialogue entre trompette et piano, jusqu’à des tuttis plus puissants. Mais c’est surtout Lully qui est invité avec les numéros 5, 6 et 7 qui reprennent certaines mélodies du compositeur, comme le Menuet de Lully en n°5, au petit ensemble subtil de cordes. Les solistes des différents pupitres sont sans reproches, flûte, clarinette et hautbois déjà cité, tout comme le violoncelle solo qui met du sentiment dans son jeu.
Au bilan, un sentiment mitigé tout de même où cet intéressant programme est à mettre en balance avec le lieu de représentation, le petit volume de la salle faisant rapidement office de caisse de résonance et accentuant les éventuelles petites imperfections du jeu des musiciens.
F.J. & I.F. Photos I.F.
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