Concert Symphonique, Auditorium du Pharo, dimanche 11 décembre 2022
Orchestre Philharmonique de Marseille. Direction musicale, Michele Spotti. Piano, Jean-Efflam Bavouzet
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 19
Anton Bruckner, Symphonie n° 3 en ré mineur (version 1889)
Nous avons assisté à un très grand concert symphonique à l’auditorium du Pharo, donné dans le cadre de la programmation de l’Opéra de Marseille. C’est en effet un Orchestre Philharmonique de Marseille en très belle forme qui a joué deux pièces majeures du répertoire classique, sous la direction de Michele Spotti. Le jeune chef italien (il n’a pas encore 30 ans) connaît bien la phalange phocéenne, pour l’avoir déjà dirigée, à l’occasion d’une série de Guillaume Tell de Rossini à l’automne 2021. L’entente et le respect mutuel, conditions nécessaires à la qualité musicale, sont palpables au cours de ce concert, comme à l’issue du programme lors des saluts.
C’est le pianiste Jean-Efflam Bavouzet qui tient en première partie le rôle de soliste pour le Concerto pour piano n° 2 de Ludwig van Beethoven. On apprécie la rondeur toute beethovénienne de l’orchestre au cours du premier mouvement, bientôt pimentée par quelques attaques un peu plus nerveuses demandées par le chef. Le jeu du soliste est techniquement bien en place, avec des notes bien détachées pour les arpèges rapides des 1er et 3e mouvements, ainsi qu’une douceur poétique dans l’adagio intermédiaire.
En réponse aux bravos enthousiastes du public, Jean-Efflam Bavouzet accorde en bis, seul à son instrument, L’Isle joyeuse de Claude Debussy. Cette pièce dégage, comme son titre l’indique, de l’entrain et de la vivacité, mais fait entendre aussi certaines couleurs musicales plus exotiques, voire énigmatiques, propres au compositeur de Pelléas et Mélisande.
On perd le piano après l’entracte, mais on gagne de très nombreux musiciens pour servir Bruckner à la suite de Beethoven. Au cours des quatre mouvements successifs, la formation construit une solide architecture musicale. L’ensemble des cordes sonne avec beauté et les cuivres tiennent très régulièrement un rôle de premier plan, techniquement irréprochables, ne serait-ce un bref couac au cor dans le premier mouvement. Les tutti et crescendi montrent leur puissance lors de passages très brillants, mais tout en évitant heureusement de saturer en passant dans le tonitruant. Ces moments de grande ampleur alternent avec bonheur avec certaines séquences plus apaisées, comme les passages dansants des 3e et 4e mouvements.
Dans le mouvement conclusif, la délicatesse des pizzicati contraste à nouveau avec le finale brillantissime, de très grande allure. On connaissait Michele Spotti comme un grand chef d’opéra, on sait à présent que ses qualités sont tout aussi développées pour diriger le répertoire symphonique.
F.J. Photos B.Ealovega et Marco Borrelli
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