Samedi 8 mars 2025, 20h, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence (13). Durée 1h40.
Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni (1787), Ouverture. Concerto pour clarinette en la majeur (1791). Cosi fan tutte (1790), « Una donna a quindici anni », transcription pour clarinette et orchestre. Symphonie n°35, « Haffner » (1782). Cosi fan tutte, « Come scoglio », transcription pour clarinette et orchestre
Orchestre National Avignon-Provence (site officiel). Pierre Génisson, clarinette. Débora Waldman, direction
Infos pratiques. Tarif : De 5 à 30€.Réservations par téléphone au 04 90 14 26 40.
La carte Club’Opera (20€), valable un an, ouvre droit à une réduction de 20% sur le prix des places, de tous les spectacles.
NOTRE CRITIQUE
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et notre critique du même programme la veille à Avignon
L’Orchestre National Avignon-Provence retrouve Pierre Génisson trois ans après leur concert commun dans le cadre des Musicales du Luberon.
Pour cette soirée du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, on aurait pu s’attendre à un programme de compositrices chères à la cheffe Débora Waldman, comme Mel Bonis ou encore Charlotte Sohy. Mais c’est le même concert joué la veille à l’Opéra Grand Avignon qui est proposé au public aixois, pour une affiche exclusivement Mozart. Intitulée « Mozart 1791 », la soirée s’articule autour de la clarinette, instrument particulièrement aimé du compositeur, avec notamment le Concerto pour clarinette, justement écrit en 1791, année de la mort de Mozart.
Le concert s’ouvre avec l’Ouverture de Don Giovanni, une entrée en matière très solennelle dans ses toute premières mesures, surpuissantes et rapides, avant un tempo bien plus classique demandé par Débora Waldman. On retrouvera plus tard l’Orchestre national Avignon-Provence seul dans la Symphonie n°35 « Haffner », d’un son d’une belle rondeur toute mozartienne. La vivacité, des pupitres de cordes en particulier, y est mieux en place ici dans les premier (Allegro con spirito) et quatrième mouvements (Presto), qu’au cours de l’Ouverture précédente.
Entre ces deux pièces s’intercale le morceau de choix de la soirée, à savoir le Concerto pour clarinette, interprété par Pierre Génisson. Dans cette composition, où la clarinette soliste joue pratiquement en permanence, Pierre Génisson fait preuve d’une formidable virtuosité dans les premier et troisième mouvements, une vaillance sans failles pour enchaîner les nombreux passages d’agilité, tout en détachant les notes avec clarté. Le rythme est précis, bien coordonné avec les musiciens de l’orchestre. Au cours du lent et très connu deuxième mouvement en Adagio, grâce au film Out of Africa (1985) de Sydney Pollack, l’instrument se fait poétique, la grande réserve de souffle du musicien lui permettant de passer ses longues phrases avec un élégant legato.
Les deux transcriptions pour clarinette qui suivent, soit deux airs d’opéra tirés de Così fan tutte, ne marquent pas particulièrement l’auditeur « lyricophile » qui a dans l’oreille l’original chanté. Il manque en effet ici à « Una donna a quindici anni » toute l’audace, voire l’impertinence du texte énoncé par Despina, tandis que « Come scoglio » paraît, joué à la clarinette, d’une simplicité qui nous éloigne de l’excitation ressentie à l’écoute d’une soprano dans le rôle de Fiordiligi. Ces passages sont certes fort bien interprétés par l’instrument solo, même avec quelques variations pour les reprises, mais les vocalises et très grands sauts d’intervalle, en particulier pour le second air, sont bien plus spectaculaires au chant qu’à l’instrument solo.
En bis, « Voi che sapete » extrait des Nozze di Figaro se rapproche davantage des tourments amoureux de Cherubino, avec ses longues tenues de notes, sur un tapis de petits pizzicati. Sont proposés ensuite pour terminer le concert la reprise des deuxième et troisième mouvements du Concerto pour clarinette, un Adagio encore plus doux et délicat qu’entendu précédemment.
A noter enfin, que pas une place n’est libre dans la salle du Grand Théâtre de Provence, pour ce format de concert d’une heure et quart sans entracte qui attire apparemment les foules… tout autant certainement que le nom de Mozart en tête d’affiche !
F.J. & I.F. Photos I.F.
BIOGRAPHIE
Pierre Génisson est l’un des représentants les plus renommés de l’école des vents français. Récompensé en 2018 par le Prix « Cino del Duca » décerné par l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France, Pierre Génisson est également lauréat de prestigieux concours internationaux tels que le Concours International Carl Nielsen, le Concours international Jacques Lancelot de Tokyo ainsi que des fondations Banque Populaire, Safran, et « Musique et Vin au clos Vougeot ».
Pierre Génisson s’est formé au Conservatoire national supérieur de musique de Paris auprès de Michel Arrignon pour la clarinette, et Claire Désert, Amy Flammer et Jean Sulem pour la musique de chambre. Après y avoir obtenu les premiers prix à l’unanimité dans ces deux disciplines, il part se perfectionner à l’University of Southern California de Los Angeles auprès de Yehuda Gilad où il obtient un Artist Diploma.
Pierre Génisson se produit régulièrement avec des orchestres tels que le Deutsches Symphonie Orchester-Berlin, l’Orchestre symphonique de Düsseldorf, Concerto Köln, le Tokyo Philharmonic Orchestra, les BBC orchestras, l’Odense Symphony Orchestra, le Sichuan Symphony, l’Insula orchestra, l’Orchestre de chambre de Paris, l’Orchestre National d’Ile de France, l’Orchestre de Bretagne, Orchestre d‘Avignon, l’Orchestre de Metz, l’Orchestre de Cannes, l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, Orchestre Metropolitain de Montréal.
Il collabore notamment avec des chefs tels que Krystof Urbansky, Olari Elts, Darell Ang, Sacha Goetzel, Alexandre Bloch, Laurence Equilbey ou Lionel Bringuier.
Ses partenaires de musique de chambre incluent les quatuors Ebène, Modigliani, Jérusalem, Zemlinsky, Hermès, Van Kuijk, Maxim Vengerov, Alexander Sitkovetsky, Nemanja Radulovic, Marc Bouchkov, Miguel Da Silva, Lise Berthaud, Jean-Frédéric Neuburger, David Kadouch, Frank Braley, Michel Dalberto, David Bismuth, Bruno Fontaine, Les Solistes du Metropolitan Opera de New York, Patrick Gallois, Marielle Nordmann, Emmanuel Ceysson, Karine Deshayes ou Delphine Haidan.
Pierre Génisson se produit régulièrement aux festivals de Gstaad, Crans Montana, Hong Kong, Bremen Festival, Würzburg MozartFest, Musikfestpiele Dresde, Menton, Colmar, Evian, Festival Ravel Saint-Jean-de-Luz, Flâneries Musicales de Reims, Festival du Périgord Noir, Un Violon sur le Sable, Festival d’Auvers sur Oise, Orangerie de Sceaux…
Fervent défenseur de la musique d’aujourd’hui, Pierre Génisson fait rayonner la musique française à l’étranger et collabore avec de nombreux compositeurs, notamment Tristan Murail, Thierry Escaich, Eric Montalbetti, Karol Beffa ou encore Eric Tanguy, dont il est dédicataire de plusieurs concerti et pièces de musique de chambre.
Pierre Génisson consacre également une partie de son temps à la transmission, à travers de nombreuses masterclasses dans le monde entier et au sein de l’École normale de musique de Paris Alfred Cortot, où il est enseignant.
Sa discographie chez Aparté inclut un récital français avec David Bismuth, un disque Mozart avec le Quartet 212, un disque Swing en hommage à Benny Goodman, largement récompensés par la critique (Diapason d’or, Choc de l’année de Classica, ffff de Télérama, « CD of the week » du Sunday Times, Gramophone, Clef d’Or de Resmusica…).
En 2023, Pierre Génisson devient artiste exclusif Warner Classics/Erato. Mozart 1791, le premier album de cette nouvelle collaboration avec le Concerto Köln, est unanimement salué par la critique (Choc Classica).
Pierre Génisson est Ambassadeur actif des marques Buffet Crampon et Vandoren.
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