Concert « Espoir » : Qui oserait prétendre que les femmes… ?
Vendredi 4 mars 2022, 20h 30, Opéra Grand Avignon
Orchestre National Avignon-Provence. Debora Waldman, direction. Edna Stern, piano
Emilie Mayer, ouverture de Faust, op. 46. W. A. Mozart, concerto pour piano et orchestre n° 20. J. Brahms, symphonie n° 4
Le public avait répondu présent pour ce concert. Il est vrai que Debora Waldman continue de nous régaler par ses interprétations des œuvres symphoniques romantiques et post-romantiques, aidée en cela par un orchestre qui fait vaillamment face à ses exigences (voir toute la saison). Pour le coup, elle avait décidé de placer les violoncelles entre les seconds violons et les altos, ces derniers se retrouvant ainsi côté cour. Après une 5ème de Mahler mémorable, c’est la 4ème symphonie de Brahms qui a emporté l’adhésion du public, un orchestre galvanisé et bien en place nous offrant une belle interprétation, expressive et nerveuse à souhait, nous plongeant parfaitement dans son atmosphère brahmsienne. Nous soulignerons en particulier le beau solo de flûte du 4ème mouvement et passerons sur un petit passage du premier mouvement où les vents, à nu, nous ont paru manquer un peu d’étoffe.
Avec Débora Waldman, la découverte des compositrices se poursuit. Il s’agissait cette fois d’Emilie Mayer (1812-1883), compositrice allemande au catalogue relativement important, avec notamment huit symphonies et douze quatuors. Mais c’est avec l’ouverture de Faust, œuvre d’une dizaine de minutes, l’une de ses dernières (1881), qu’il nous a été donné de faire connaissance avec elle. L’orchestration en est maîtrisée, une introduction adagio, majestueuse et tragique, précède un épisode tragique et passages plus légers jusqu’à la conclusion menant à la délivrance. Typique du romantisme allemand, l’œuvre, parfaitement menée par Debora Waldman, avec ses thèmes et son architecture clairement exposés, n’a rien à envier à celles des collègues masculins de la compositrice et appelle à élargir la connaissance que l’on en a.
Le 20ème concerto pour piano de Mozart complétait ce concert, et accueillait la pianiste israélo-belge Edna Stern, qui fut notamment élève de Martha Argerich (Edna Stern et l’ONAP donnent le même concert le lendemain à Montélimar, et la pianiste donne un récital le surlendemain aux Musicales du Luberon, auquel nous assistons également. NDLR). Elle nous a donné d’apprécier son jeu subtil, un toucher délicat, des notes claires et bien détachées, sachant dialoguer avec l’orchestre ou s’y fondre. Edna Stern vit sa musique de l’intérieur, d’entrée, elle s’y plonge, allant jusqu’à simuler, par sa gestuelle, la direction de l’orchestre. Pourtant, il a manqué un petit rien, peut-être à cause d’une interprétation trop empreinte de douceur et de retenue, plus jolie qu’émouvante, appréciée du public, certes, mais pas jusqu’au délire.
S’adressant à lui, la pianiste lui a offert en bis l’impromptu n° 3 de l’opus 90 de Schubert, joué là avec toute la douceur, la retenue et la fluidité voulues.
Pour conclure, Débora Waldman a remercié le public de sa présence et de sa fidélité en cette période difficile.
B.D. Visuel programme : David Giancatarina
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