Belle confirmation pour la jeune pianiste
Opéra Avignon Confluence. 5 octobre 2018. Ouverture de saison
Johannes Brahms, Concerto n°2 pour piano et orchestre en si bémol majeur op.83
Antonin Dvořák, Symphonie n°9 en mi mineur du « Nouveau Monde »
Orchestre régional Avignon-Provence. Direction, Samuel JEAN. Piano, Suzana BARTAL
Pour l’ouverture de la saison, l’Orchestre Régional Avignon Provence sous la direction de Samuel Jean a proposé deux monuments romantiques : le Second Concerto pour piano de Brahms op 83 en si bémol majeur avec Suzana Bartal au piano, suivi de la Symphonie n°9 en mi min.op 95 dite du Nouveau Monde de Dvorak .
La jeune pianiste d’origine roumaine est peu connue du public. Elle a suivi des cours auprès de Jean-Claude Pennetier et remporté de nombreuses récompenses. Elle poursuit actuellement une carrière internationale.
Cette année, Suzana Bartal a interprété à plusieurs reprises l’intégrale des Années de Pèlerinage de Liszt en trois concerts dans la même journée, performance qui a reçu des critiques très élogieuses.
Nous l’avions rencontrée à l’Opéra d’Avignon le 5 février 2015 en remplacement de Marie Josèphe Jude souffrante, dans le Concerto pour piano de Grieg. Déjà à l’époque, alors que nous ne la connaissions pas du tout nous avions écrit à son sujet : « Des applaudissements bien mérités ont salué la magnifique prestation de cette jeune pianiste dont nous reparlerons certainement ».
Ces louanges restent d’actualité ; en effet, c’est pour le plus grand bonheur du public que Suzana Bartal a interprété le second Concerto pour piano de Johannes Brahms. Ce concerto créé en 1881 en Hongrie, à Budapest, avait immédiatement connu un franc succès, contrairement au premier créé trente ans plus tôt. Brahms lui même était au piano et c’est sans conteste un des chefs d’oeuvre du compositeur ainsi que l’un des plus grands concertos de la période romantique à l’instar de ceux de Schumann, Liszt , Mendelssohn ou Chopin…
Dès les premières mesures jouées par le cor, la pianiste égrène les notes d’un arpège plein de solennité, suivi d’amples accords. L’échange avec l’orchestre se fait dans un dialogue étroit, la pianiste nous entraîne dans une magnifique lecture de l’oeuvre. Son exceptionnelle technique pianistique, d’une prodigieuse virtuosité, exalte le caractère grandiose et dramatique de ces pages. L’orchestre fait preuve de beaucoup d’homogénéité, le dialogue avec la soliste est un régal.
Après l’ovation bien méritée du public, la jeune artiste a offert l’Impromptu op.5 n°5 de Sibelius, une musique envoûtante, un joyau du répertoire pour piano dans une interprétation exquise !
Toujours sous la direction de Samuel Jean, l’orchestre aborde en seconde partie la Symphonie n°9 en mi min.op 95 dite du Nouveau Monde de Dvorak. Cette ultime symphonie du compositeur, dont la première audition eut lieu le 16 décembre 1893 au Carnegie Hall, sous l’égide de la Société Philharmonique de New York, fut un triomphe. Dvorak disait de cette symphonie «C’est de la musique tchèque où parle le pays natal, mais elle n’aurait pas vu le jour si je n’avais pas vu l’Amérique».
L’œuvre adopte le schéma classique des symphonies en quatre mouvements. L’orchestre met en valeur l’écriture efficace de ce merveilleux orchestrateur que fut Dvorak. La direction expressive et très précise de Samuel Jean donne toute sa puissance à cette oeuvre très médiatisée. La salle a fait un triomphe à cette interprétation bien enlevée. (D.B. photos D.B.)