Dans cette page :
- Les Dents du peigne,
- Les goguettes,
- Les Grandes Gueules invitent Baudelaire,
- Les passagers de l’aube
Les dents du peigne. La Luna, 17h30, 1h10. Relâche les 11, 18, 25 juillet Tel. 04 90 86 96 28.
Humains, nous sommes tous les dents d’un même peigne
Tout résonne de manière si tristement actuelle dans cette pièce, une histoire de migrants qui fuient leur pays, traversent la mer pour aller sur le Continent et trouver une vie meilleure mais s’échouent avant sur une île qui devient leur prison ou leur cercueil. Et pourtant c’est dans le futur que nous plonge Stéphane Titeca, pour mieux nous faire réfléchir sur notre présent, car ces migrants, ce sont les « Blancos » comme les appelle Majnoun, gardien violent, habitant de l’île qu’il partage avec Leïla, une femme qui aurait été plus belle à ses yeux si elle n’avait été « diluée ». Majnoun ne jure que par le Grand Livre qui contient seul la Vérité, mais une vérité qu’il interprète à sa façon.
Cette fable dystopique, dans des scènes d’une rare intensité, et certaines d’une rare violence (magnifiquement interprétées par des comédiens au grand talent, et tout particulièrement Lina Lamara), nous oblige à nous questionner sur nous-mêmes, sur nos réactions. Elle interroge notre humanité, parce qu’on « est tous les dents d’un même peigne » et qu’il est pourtant si compliqué parfois de vivre ensemble et d’accepter les différences. Comment ne pas céder à ses instincts les plus grégaires ? Peut-être grâce à la culture, celle des livres, qui ont été interdits par l’Etat car dangereux par l’esprit de liberté qu’ils véhiculent ?
La mise en scène de Valérie Lesage, dans ce décor si tourmenté, reflète magnifiquement cette ambiguïté de tous les êtres, l’espoir déçu et cette soif de liberté. L’écriture de Stéphane Titeca est profonde, émouvante, bouleversante. Il refuse le manichéisme, c’est là sa grande force, chacun de ses personnages a sa part d’ombre et pourrait devenir le bourreau de l’autre. Chacun devra faire ses choix et les assumer. Quel choix ferons-nous, nous spectateurs ?
Une pièce intense et sublime, à découvrir absolument. (S.T.)
Les Goguettes. [Globalement d’accord]. Essaïon-Avignon, 22h, 1h10. Jusqu’au 16 juillet. Tél. 04 90 25 63 48. Spectacle musical
Irrésistibles chansonniers
Waouh, j’ai risqué une crampe aux abdominaux !
Les goguettes sont un trio de chanteurs de fort belle facture : Aurélien, Valentin et Stan. Ils sont plus qu’accompagnés par Clémence aux claviers, comme dans les voix aiguës pour nous présenter : Globalement d’accord. C’est un spectacle de chansonniers. Ces 4 jeunes gens reprennent donc la musique de chansons françaises que nous connaissons tous, de Barbara à Téléphone, en passant par Véronique Sanson, Joe Dassin et Image… Cependant, chacun d’eux ajoute un texte de son cru pour faire une satire du monde politique français ou, plus léger mais tout autant caustique, des régimes alimentaires farfelus actuels ! En cela, le nom de leur groupe est fidèle à la définition de leur nom.
Ces textes sont excellents, surprenants, jubilatoires par leur humour. La mise en scène de Y. Henneguelle valorise les qualités d’acteur de chaque membre de ce quatuor. Le public ne cesse de rire. Je crois qu’ils ont atteint le 100% de satisfaction qu’ils s’étaient fixé en venant à Avignon. Quel dommage qu’ils terminent leur festival le 16/07 ! (N.A.)
Les Grandes Gueules invitent Baudelaire. Théâtre Notre-Dame, 11h, 1h15. Tél. 04 90 85 06 48.
Baudelaire décoiffant
Un Baudelaire décoiffant, percutant, étonnamment moderne, et tellement familier !
A travers rythmes et show d’aujourd’hui, un quatuor de chanteurs (presque) a capella redessinent pour le poète maudit du XIXe siècle un univers nouveau, multiple et jubilatoire. On retrouve les grands textes, qui refont surface dans nos mémoires, frais et comme écrits d’aujourd’hui. Portés par un langage qui leur insuffle une jeunesse colorée, ils font briller les yeux et irriguent les cœurs d’une vitalité insoupçonnée. Il n’est qu’à regarder mes voisins de salle : oui, Baudelaire rend heureux… (G.ad. Photo G.ad.)
Les Passagers de l’aube. Luna, 12h40, 1h25. Tel. 04 90 86 96 28.
Le tunnel de lumière bleue, vrai ou faux ?
La science peut-elle tout expliquer ? Voilà l’une des grandes questions que pose cette pièce. Voilà la quête de ce jeune neurologue, avec toutes ses certitudes rationnelles, qui veut comprendre grâce à la science, en bon cartésien, les phénomènes inexpliqués jusqu’alors par la médecine, ces expériences de mort imminente. Il va se perdre dans cette quête qui vient remettre en cause tout ce en quoi il croyait, jusqu’aux conclusions même de sa thèse qu’il doit bientôt soutenir.
Cette histoire bien documentée et qui s’appuie sur des faits scientifiques réels, Violaine Arsac vient nous la conter avec beaucoup de douceur, beaucoup de tendresse. Elle fait appel à nos sentiments les plus profonds, elle parle au plus profond de notre âme. Qui ne s’est jamais interrogé sur ce qu’il y avait après la mort ? Qui ne s’est jamais demandé si ces expériences racontées par ceux qui sont sortis du coma, ce tunnel lumineux, cette sortie du corps étaient possibles, explicables ? Qui n’a jamais eu l’impression de sentir ce proche disparu comme s’il était à nos côtés ?
Les quatre comédiens présents sur scène, mais qui en jouent de nombreux autres, savent, par leur jeu juste et touchant, nous emmener avec eux dans ce tourbillon de la vie et dans cette réflexion, puisqu’ils ne sont pas d’accord, ne partagent pas tous la même vision des choses et s’opposent même à ce sujet. La mise en scène est rythmée mais sait ménager des moments de pause pour nous laisser nous aussi réfléchir et nous emparer de ce sujet.
Une très belle pièce qui sait bousculer nos croyances occidentales sur la mort, tout en nous délivrant un beau message d’espoir et d’amour. (S.T. Photo Philippe Hanula)
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