Dans cette page :
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- Le bois dont je suis fait
- Le Casque et l’Enclume
- Le choix de Gabrielle
- Le corbeau blanc
- Le Fils maudit,
- Le Grand orchestre de Poche,
- Le Secret de Sherlock Holmes
Le bois dont je suis fait. Théâtre des Corps Saints, 18h30, 1h25. Jours impairs Tel. 04 90 16 07 50.
« Ils sont venus, ils sont tous là… »
Quand une mère décide, avant de mourir, de réunir autour d’elle les trois hommes de sa vie, son mari et ses deux fils, afin de les réconcilier. C’est donc l’histoire de toute une famille qui va nous être présentée, avec ses bonheurs, mais aussi ses souffrances, ses doutes et ses rancœurs, nées de non-dits ou d’incompréhension.
Le sujet peut sembler simple, l’histoire de n’importe quelle famille, mais le tour de force de cette pièce, c’est que pour camper les sept personnages de cette famille, ils ne sont que deux acteurs : Nicolas Devort et Julien Cigagna. Ils passent sans transition d’un personnage à l’autre, avec un talent fou. Ils incarnent à la perfection chacun de ces personnages par un simple geste, une mimique, une attitude, un regard. Jamais nous ne sommes perdus. Leur jeu est extraordinaire et la magie du théâtre opère vraiment, on voit ces personnages, du petit-fils au grand-père en passant par la mère Mireille.
L’écriture est belle, remplie à la fois d’humour et d’émotions. On rit, on s’amuse des situations cocasses mais on ne peut qu’être ému, aussi bien par les moments de tensions extrêmes entre le père et le fils que lors de ces moments très poétiques où l’on n’entend que le bruit de l’océan dans lequel la mère veut que l’on jette ses cendres.
Un très bon moment de théâtre qui fera rire et résonnera en même temps en chacun d’entre nous tant les situations rappellent des moments que l’on a tous vécus. (S.T.)
Le Casque et l’Enclume. Carmes-André Benedetto, 18h50, 1h20.relâche 11 &18. Tél. 04 90 82 20 47.
Sous les pavés ? le théâtre d’après mai 68 ? Drôle et fin…
Drôle, fin et intelligent : résolument moderne et d’actualité !
En se basant sur les utopies de mai 68 sur la liberté de l’art et le futur du théâtre, la pièce nous propose, un demi-siècle plus tard, une discussion ouverte sur ce que pourrait ou devraient être, aujourd’hui, en 2019, le théâtre et sa place dans notre société, coincé entre le casque et l’enclume. Le texte est intelligent, drôle et incisif et offre plus d’une heure d’humour et de réflexion, à plusieurs niveaux de lecture, faisant des références éclairées et appréciées aux 50 dernières années, pour le plus grand plaisir des spectateurs ! Qui plus est, les deux comédiens tiennent la scène avec éclat et énergie, et démontrent toute leur palette de talents, passant régulièrement de l’analyse savante à l’humour décapant.
Un spectacle à recommander à coup sûr… (C.L. Photo Sébastien Davis). Extrait.
Le choix de Gabrielle, réflexion. Espace Roseau Teinturiers, 11h30, 1h20. Relâche les mardis. Tél. 04 90 03 28 75, ou 06 29 34 07 99.
Choisir sa mort
La maladie, la mort, choisir sa mort, choisir de donner la mort par amour pour l’être qui souffre. Voilà les thèmes abordés par cette pièce si touchante, dont on ne peut sortir indemne tant les questions qu’elle pose sont liées au plus intime de chacun d’entre nous, à ses convictions mais aussi à ses doutes. En France, l’euthanasie reste interdite et pourtant le débat existe et revient régulièrement dans l’actualité et c’est à ce choix, celui qu’a fait Gabrielle, que l’auteure et metteure en scène Danielle Mathieu-Bouillon nous invite à réfléchir avec beaucoup de subtilité mais avec un parti pris clair.
Cette réflexion à laquelle la pièce nous invite est portée par deux femmes incarnées avec subtilité et beaucoup de sensibilité par Bérengère Dautun et Sylvia Roux. Elles semblent ne rien avoir en commun, ces deux femmes, lors de cette rencontre en plein cimetière et pourtant, le secret qui les lie est si fort ! Un secret du passé mais qui redeviendra si présent ! Ce secret si fort les conduira sur les chemins de l’amour jusqu’au geste ultime fait par amour.
La pièce sait ménager des moments d’humour, respirations très bien venues au milieu de ces oppositions et de ces tensions entre les deux femmes, que chacune nous fait vivre à sa manière grâce au talent des actrices.
Une pièce qui touche et fait pleurer, une pièce sur la mort mais dont on ressort avec une furieuse envie de vivre et d’aimer ! Et à laquelle la mort de Vincent Lambert – après 10 ans de coma végétatif et de déchirements familiaux -, la veille du jour où nous avons vu le spectacle (11 juillet 2019) donne une terrible actualité. (S.T.)
Le corbeau blanc. La Luna, 14h05, 1h15. Tel. 04 90 86 96 28.
Adolf Eichmann : obéir aux ordres
La pièce de Donald Freed, basée sur les archives du procès du procès Eichmann, va confronter, dans un dialogue tendu, puissant et acerbe, Adolf Eichmann, kidnappé quelques semaines plus tôt en Argentine par des agents du Mossad et Miriam Baum, une psychologue, chargée d’instruire le dossier en vue du procès. À travers cette pièce, il va chercher à démonter les mécanismes qui ont fait d’un homme ordinaire un bourreau nazi. Il va essayer de comprendre comment tout homme peut basculer à ce point dans la haine.
Le texte, traduit et adapté par Nadège Perrier, est intense et fort. Miriam Baum, magnifiquement interprétée par Nadège Perrier, cherche à faire reconnaître à Eichmann sa responsabilité dans la Shoah. Elle le fait avec une telle passion, une telle violence, que l’on comprend qu’un secret se cache derrière cet acharnement. Adolf Eichmann, que Hervé Van der Meulen, incarne à la perfection, s’en tiendra à l’argument de tous les anciens nazis lors du procès de Nüremberg : « Je n’ai fait qu’obéir aux ordres, je ne suis pas responsable », mais un argument qu’il pousse à son paroxysme en reconnaissant qu’il aurait tué son père si on lui en avait donné l’ordre ! Un silence glacé traverse alors la salle, tant l’horreur est là, palpable. Cet expert de la solution finale est devenu un monstre. L’échange est donc tranchant et ne laisse pas de place au pathos.
La mise en scène de William Mesguich est sobre et laisse toute sa place au texte, à cette confrontation. Un texte qui plonge au plus profond de l’âme humaine et interroge chacun d’entre nous sur sa capacité à résister à la barbarie. Saurons-nous rester humains ? (S.T.)
Le fils maudit. Espace Saint Martial, 17h30, 1h, jours pairs. Tél. 04 86 34 52 24, ou 06 14 22 92 38. Théâtre musical
Autour de Jean-Sébastien Bach
Les fidèles de Musique Baroque ne seront pas seuls intéressés par ce spectacle. La pièce est en effet un monologue supposé du fils aîné du Maître, Jean-Sébastien, richement ponctué de 9 pièces musicales « en live ».
Wilhelm-Friedmann est interprété par Jean Chollet en costume ! Il narre sa volonté d’écrire une biographie de son père, ponctuée de quelques ressentis personnels et des conséquences sur la vie de la famille – la sienne propre et celle de ses frères -. Le fin accent germanique qu’il prend est tout aussi juste que son jeu. Et si Saint-Martial n’est pas Saint-Thomas ou la Frauenkirche de Dresde, cela ajoute néanmoins à l’ambiance.
Le niveau de documentation de Georges Pirouet, adapté par Jean Naguel, satisfera les fins musicologues, sans dérouter les néophytes, grâce à quelques notes d’humour finement glissées.
Un des plaisirs que l’on retrouve chaque année dans la programmation de ce lieu, c’est celui d’avoir des interprètes sur scène ou… dans le dos, puisqu’Anna Chollet joue sur l’orgue Quoirin, récemment remonté. Elle est accompagnée de David Mercier à la trompette, auquel on pardonnera vite les rares couacs, tant l’on est heureux d’écouter ce duo.
Un moment musical et théâtral béni ! (N.A. Photo N.A.)
Le Grand Orchestre de Poche. Espace Saint-Martial, 13h10, 1h10. Relâche les mardis. Tél. 04 86 34 52 24, ou 06 14 22 92 38.
Ukulélé
Le classique revisité, détourné, démythifié, est devenu à son tour… un classique ! Mais c’est une recette qui marche. Quant au Ukulélé, voilà qui est original et exotique, surtout à travers Bach et autres Mozart ! Et quand ils sont trois compères, instrumentistes-chanteurs, nettement différenciés (le donneur-de-leçons, l’étourdi, et le crooner au regard de velours), quasi circassiens, et qu’ils multiplient maladresses et inconséquences, le concert du G.O.P. dérape, pour la plus grande joie des spectateurs.
Néanmoins trop de blagues de potache m’ont empêchée d’entrer dans le spectacle. Et l’accès de la salle, à l’étage, est irrémédiablement impossible pour les PMR (40 marches). (G.ad. Photo G.ad.)
Le secret de Sherlock Holmes. Théâtre Notre Dame, 22h15, 1h40. 04 90 85 06 48. Comédie, à partir de 10 ans.
Résolument vers la comédie
Presque tout le monde connaît les personnages principaux et se doute de l’intrigue, soit ! Mais le premier intérêt de cette pièce, c’est que Christophe Guillon a choisi, avec Christian Chevalier, de tourner texte et mise en scène vers la comédie. Et l’on sourit, et l’on rit souvent, des multiples clins d’œil : situations et références empruntées aux auteurs classiques, aussi bien qu’à des séries télévisées multi-diffusées !
Avec des accessoires et décors limités, les acteurs – des talents chevronnés – nous transportent bien en cette fin de XIXe siècle. Et si les frères Guillon en rajoutent un peu et sur-jouent parfois, Hervé Dandrieux et Xavier Bazin « sonnent juste » dans leurs rôles respectifs des deux héros de Sir Conan Doyle. Laura Marin apporte pour sa part un peu de fraîcheur dans cet univers très masculin.
Ce sont les toutes premières représentations de cette création. Si tout fonctionne déjà bien, quelques longueurs ou situations secondaires pourraient être raccourcies pour une pièce donnée en deuxième partie de soirée (durée 1h45 tout de même).
Le secret de Sherlock Holmes est une comédie sérieusement montée, qui remplit bien son office de divertissement. (N.A. Photo N.A.)
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