Eblouissant, tout simplement
Jean-Sébastien Bach, Concerto pour violon en la mineur (BWV 1041) ; Double Concerto pour violon (BWV 1043). Antonio Vivaldi, Extraits des Quatre Saisons. Piotr Ilitch Tchaïkovsky, Russian Dance. Anton Dvorak, Songs my mother taught me. Aram Katchatourian, Sabre Dance. Dimitri Chostakovitch, Romance. Nikolaï Rimski-Korsakov, Shéhérazade
Violon Nemanja Radulovic, & l’Ensemble Double Sens
Une salle debout, qui réclame – et obtient – un quatrième, puis un cinquième bis ! Et qui scande « mer-ci, mer-ci », en toute simplicité, en toute gentillesse partagée… C’était à l’opéra de Marseille ce 12 février 2019, après un concert qui, en effet, eût pu paraître un peu court. Musique européenne baroque en première partie, puis cap à l’Est pour la seconde.
Bach s’envole vers les cintres, Vivaldi miroite de mille facettes, les quatre saisons dansent une farandole fleurie. Même si le clavecin est quasiment inaudible.
Dans le Double concerto pour violon de Bach, le premier violon semble aussi virtuose que Nemanja. Mais fermez les yeux. Il y a bien un je ne sais quoi de léger, d’aérien, de souriant, de joyeux, dans le son de Nemanja, si particulier qu’on le reconnaît même sans le voir.
Dans la seconde partie, chaque pièce, pour brève qu’elle soit, évoque à traits vifs une atmosphère, un univers de quelques minutes, passant de la vibrante allégresse à l’émotion qui vous déferle dessus sans crier gare, et s’exalte enfin en véritable symphonie, avec seulement seize musiciens autour du soliste (quatorze cordes et clavecin/piano). Un soliste qui ne tire jamais les lumières vers lui, qui joue toujours collectif, se fondant dans le groupe, s’effaçant parfois derrière la bande de copains franco-serbe, notamment le premier violoncelle, qui a droit ce doir à son « Happy birthday ».
A la fois conquérant et généreux, Nemanja se joue avec une virtuosité diabolique de toutes les difficultés, jouant, dansant, on l’imaginerait presque les pieds au mur !
Nous l’avions vu un dimanche soir d’hiver, à Bagnols-sur-Cèze avec la pianiste avignonnaise Laure Favre-Kahn, dans une salle tristounette qu’il avait su électriser. Puis avec son ensemble Les Trilles du Diable, tout de cuir noir et rouge vêtu, à l’Opéra d’Avignon ; encore une fois à Avignon avec la même pianiste en octobre 2016. Toujours avec la même admiration pour le talent de l’artiste et la souriante simplicité de l’homme. (G.ad.)