Un grand écart de trois siècles
Métropole Notre-Dame des Doms, Avignon
Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Concertos pour orgue et orchestre, op. 4, n°3 & 6.
John Rutter (né en 1945), Requiem (1985)
Chœur A Piacere.
Vincent Barthélémy, hautbois ; Frédéric Béthune, contrebasse ; Fabrice Durand, alto ; Frédéric Dutheil, violoncelle ; Rachel Faucon, timbales et percussions ; Aliénor Girard, harpe ; Thierry Guelfucci, hautbois ; Gabriella Kovacs, violon ; Brice Montagnoux, orgue doré et orgue de chœur ; Cordelia Palm, violon ; Corinne Sagnol, flûte.
Direction Annie Fajeau.
Co-réalisation MSEA (Musique Sacrée En Avignon, Orgue En Avignon, et Chœur A Piacere.
Dans le cadre des 24es Automnales de l’orgue et sous la direction d’Annie Fajeau, le chœur A Piacere soutenu par Brice Montagnoux à l’orgue et par quelques fidèles et talentueux musiciens d’Avignon a donné deux concerts le même jour avec le même programme dans la Métropole Notre- Dame-des Doms tout récemment restaurée, écrin de choix pour concert de qualité.
La première partie consacrée à Haendel a permis d’entendre la belle interprétation de deux concertos pour orgue et orchestre ; la formation instrumentale entraînée par Cordelia Palm (violon super soliste à l’ORAP) a fait résonner de façon magnifique cette musique savante à l’unisson de ce bel édifice baroque.
Le style cérémonieux des deux Hymnes Coronation Anthems (l’anthem étant l’équivalent du motet catholique, issu du grec « antiphônè », désignant des vers alternés) a sans doute pesé sur le chœur A Piacere qui fut un peu long à s’échauffer avant de prendre toute son assurance dans un alléluia très énergique pour finir plus à l’aise.
En deuxième partie la même formation a exécuté avec beaucoup de réussite le Requiem composé par John Rutter (né en 1945) pour son père, alors que de prime abord le caractère contemporain de cette œuvre pouvait soumettre les chanteurs à plus de difficulté d’interprétation. Le long travail d’une année et la passion musicale l’ont emporté : le succès fut unanime.
Les premières mesures (violoncelle, hautbois, harpe, flûte et orgue) donnent le frisson avant un grand développement (genre musique de film) sur les paroles « luceat eis » qui se termine en berceuse sur le « Kyrie ». L’effet produit est à la fois étrange et agréable (on est dans un ailleurs…), cette sensation est amplifiée au fur et à mesure par l’alternance des paroles en latin ou en anglais et par la dissonance de la composition qui reste cependant d’un moderne tout à fait accessible. L’œuvre est très complète, donne tour à tour la vedette au chœur, aux instruments (duo harpe/hautbois) ou aux solistes (mezzo et soprano). C’est une musique qui s’ouvre à la lumière et qui se termine en douceur comme un chœur d’enfants entre fonds marins et petits nuages.
On comprend que ce Requiem, achevé en 1985, ait beaucoup de succès et fasse depuis sa création l’objet de nombreux concerts. Il faut remercier le chœur A Piacere de l’avoir fait découvrir aux Avignonnais. (Solo 84). (Photos A Piacere & MSEA).