Une pièce qui questionne sans juger
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La Factory, Théâtre de L’Oulle, 15h40, durée : 1h05. Du 3 au 21 juillet, relâche les 9 et 16 juillet. Réservations au 09 74 74 64 90
Tout part d’un fait divers : la publication faite par une adolescente sur les réseaux sociaux, en 2014, d’un selfie tout sourire devant les baraquements d’Auschwitz. La toile va alors se déchaîner contre celle-ci, qui semble si inconsciente de ce qui a été vécu dans les lieux devant lesquels elle pose. Sylvain Levey a fait de ce fait divers une pièce riche et forte questionnant l’insouciance de l’adolescence, l’habitude des selfies, mais aussi et surtout le rôles des réseaux sociaux, leur poids, la violence qu’on y trouve et le harcèlement qui en découle parfois. Le titre de la pièce nous invite, de manière très juste, à nous interroger sur ce qu’a fait Michelle, sur l’importance du devoir de mémoire, et démontre que la réponse n’est pas aussi simple qu’on pourrait l’imaginer.
La mise scène de Franck Regnier est ingénieuse et permet de rendre d’une manière très intéressante et originale ces échanges, ces publications, commentaires, likes et émoticônes via les réseaux sociaux qui sont le cœur de la pièce. Ces sortes de téléphones qui sonnent et s’allument d’une couleur différente selon la personne est une idée bien trouvée. Des espaces différents sont habilement créés à l’aide de balançoires et d’une porte qui mène à la chambre de Michelle. L’image frappante de ces morceaux de bois enlevés des balançoires et qui deviennent les rails des chemins de fer menant au camp est vraiment saisissante et glaçante.
Le jeu des acteurs est d’une très grande qualité. Mathilde Cerf, qui incarne Michelle, sait rendre à la perfection tant son côté adolescente, heureuse de vivre au sein de sa bande d’amis, que son immense souffrance et ses blessures profondes suite aux agressions via les réseaux.
Une pièce qui parle tant aux jeunes qu’aux adultes, une pièce qui questionne sans juger et c’est là sa très grande qualité, une pièce à voir pour se construire sa propre opinion.
Nous avons vu aussi une autre interprétation de la pièce à la Chapelle des Italiens
Sandrine. Photo Julie Moulin
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