Marie Baümer : pour incarner Romy Schneider, « j’ai entraîné ma musculature émotionnelle »
Ce mercredi 15 avril 2020 à 20h55, Arte programme Trois jours à Quiberon, film aux 7 récompenses, qui évoque la dernière année de Romy Schneider (1981-1982).
Lundi 3 septembre 2018, grâce au cinéma itinérant du Comtat venaissin Cinéval dans le village de Saint-Didier (84210), l’actrice Marie Baümer était à la fois sur l’écran (rôle de Romy Schneider), et dans la salle, où elle avait échangé en toute simplicité avec les spectateurs en fin de séance. Rencontre avec une comédienne attachante qui ne veut pas être la doublure d’un mythe.
-Avez-vous hésité avant d’interpréter le rôle d’une telle icône du cinéma ?
-Depuis que j’ai 16 ans on me compare à Romy Schneider ; le sujet m’a toujours accompagnée, mais j’ai toujours refusé de faire un biopic, et surtout pas sur Romy Schneider.
-Qu’est-ce qui vous a décidée cette fois-ci ?
-Une autre approche. Je souhaitais un zoom à la fin de sa vie, pour décrire un état émotionnel, sans tomber dans le piège de l’interprétation d’une icône. Je ne voulais pas être quelqu’un qui joue quelqu’un de connu, mais retrouver la vraie personne.
-Ce film a provoqué l’indignation de Sarah Biasini, la fille de l’actrice. Avez-vous eu contact avec elle ?
-Je l’avais rencontrée il y a quelques années à Hambourg avec son père pour une signature de livre, mais je n’ai pas eu de contact récent. Je comprends bien que pour elle ce ne soit pas évident, un film qui évoque un an avant la mort de sa mère ; et puis c’est sa mère. Mais il y a plein de choses écrites sur Romy Schneider, c’est toujours délicat ; on sait qu’il y a presque toujours des conflits quand on fait des films sur de vraies personnes. On ne pouvait que décrire ce qu’on a appris sur Romy Schneider ; mais ça reste une histoire fictive, basée sur des faits véritables.
-Comment vous êtes-vous préparée à ce rôle ?
-J’ai regardé toutes ses interviews, j’ai étudié sa respiration ; on peut beaucoup lire dans la respiration de quelqu’un : le stress, la tension, l’ouverture, la protection… J’ai étudié sa diction, ses gestes : elle a un côté très masculin dans sa façon de fumer. Les circonstances de sa vie ont donné un cadre très clair pour une amplitude émotionnelle extrême. Elle était une éponge, elle a tout avalé, avec si peu de filtres ! En fait j’ai entraîné ma musculature émotionnelle.
-Un rôle comme celui-ci, le quitte-t-on facilement ?
-J’ai été formée à cela, à prendre de la distance. Mais cette fois-ci c’était un peu différent, c’était lié à ma peur, qui m’a accompagnée pendant tout le tournage, qui ne m’a pas quittée, jusqu’aux retours positifs. Se trouver face à l’actrice la plus aimée en France, la plus admirée en Allemagne ! Mais Emily la réalisatrice et moi avons réussi ce que nous voulions faire, et les gens sont très touchés.
-Vous êtes installée à Saint-Didier, une petite commune du Vaucluse. Comment êtes-vous arrivée là ?
-Il y a en France une culture du cinéma qu’il n’y a pas en Allemagne. Saint-Didier, c’est le fruit du hasard, de rencontres, de périples à vélo ; mais quand je suis arrivée ici, sur la route de Pernes j’ai vu un oiseau, un milan ; je me suis arrêtée : j’y ai vu un signe. C’était il y a 11 ans, j’étais venue avec mon fils, qui avait alors 9 ans. Maintenant mon pays de cœur c’est la France, et j’ai dit à Gilles Vève (le maire de Saint-Didier, NDLR) que ce village est pour moi plus important qu’une grande première de cinéma en Allemagne.
-Des projets ?
-J’ai quantité de projets, avec des chevaux notamment comme partenaires, après avoir fait un documentaire pour Arte (la traversée des Etats-Unis à cheval). Mais pour le moment, je vis très bien sans tournage (rire), je fais une pause. » (Entretien et photo G.ad.)
Laisser un commentaire