Lucia, mais dans une autre version, please…
Royal Opera House, Covent Garden, Londres.
11 représentations, du 7 avril au 19 mai. Retransmission en direct au cinéma le 25 avril 2016. Cinéma Le Rivoli, Carpentras.
http://www.roh.org.uk/productions/lucia-di-lammermoor-by-katie-mitchell
Opera seria en trois actes de Gaetano DONIZETTI (1797–1848), sur un livret de Salvadore Cammarano (1801–1852), d’après le roman The Bride of Lammermoor (1818) de Walter Scott (1771–1832).
Création le 26 septembre 1835 au Teatro San Carlo de Naples.
Nouvelle production du ROH, en coproduction avec l’Opéra national de Grèce.
Durée du spectacle : environ 3h 5mn (dont un entracte).
Director : Katie Mitchell
Designer : Vicki Mortimer
Lighting designer : Jon Clark
Associate director : Joseph Alford
Fight directors : Rachel Bown-Williams & Ruth Cooper-Brown
Conductor : Daniel Oren
Chorus : Royal Opera Chorus
Concert master : Ania Safonova
Orchestra : Orchestra of the Royal Opera House
Double distribution :
Lucia : Diana Damrau (A) / Aleksandra Kurzak (B)
Edgardo : Charles Castronovo (A) / Stephen Costello (B)
Enrico : Ludovic Tézier (A) / Artur Ruciński (B)
Arturo : Taylor Stayton (A) / David Junghoon Kim (B)
Raimondo : Kwangchul Youn (A) / Matthew Rose (B)
Normanno : Peter Hoare (A) (B)
Alisa : Rachael Lloyd (A) (B)
(A) : 7, 11, 14, 16, 19, 22 et 25 avril
(B) : 11, 14, 16 et 19 mai
Message du ROH : « Please note this production includes scenes featuring sex and violence ». Suite à un e-mail à ce sujet envoyé par le ROH à la mi-mars, certains spectateurs ont retourné leurs billets bien avant la première ; cf. par ex. Diary: Offended by sex? Suck it up (The Stage, 23/03/2016), où il est mentionné la « gore queen de jour Katie Mitchell », sans doute en référence à sa m.e.s. de Cleansed joué au National Theatre (22 fév.–5 mai 2016) qui a vu des départs et des évanouissements de spectateurs.
Les Lucia – et leurs mises en scène – se suivent, mais ne se ressemblent pas !!
Diana Damrau incarnait le rôle-titre de Lucia di Lammermoor, retransmis en direct du Royal Opera House de Londres, ce lundi 25 Avril 2016.
Gaetano Donizetti a composé cet opéra en 1835, sur un livret de Salvadore Cammarano , d’après le roman de Walter Scott, La Fiancée de Lammermoor, lui-même inspiré d’un fait divers athentique qui s’était déroulé au XVIIe siècle : une jeune femme avait assassiné, la nuit de ses noces, son époux détesté et était devenue folle à la suite de ce crime. Cet opéra est généralement considéré, avec Don Pasquale, comme le chef-d’œuvre de Donizetti. Lucia di Lammermoor est l’archétype de l’opéra romantique italien dans lequel le destin tragique de l’héroïne est indissociable de la virtuosité vocale.
Très belle distribution pour cet opéra avec en tête d’affiche Diana Damrau, soprano colorature au timbre lumineux. Elle est éblouissante dans sa partition vocale, mais également sublime dans son jeu théâtral durant toute la durée du drame. Elle est, selon moi « la Lucia » ! Enrico est chanté par Lucovic Tézier, brillant baryton français, élu Artiste lyrique de l’année aux Victoires de la Musique classique 2013. Charles Castronovo, ténor lyrique américain, incarne Edgardo ; et Taylor Stayton , autre ténor américain, tient le rôle d’Arturo. La direction est assurée par le chef israëlien Daniel Oren.
La mise en scène de Katie Mitchell fait beaucoup parler d’elle (huées et indignations lors de la première à Londres). Le Royal Opéra House avait pourtant prévenu son public, précisant que la mise en scène contiendrait des scènes de sexe et de violence explicites. Fidèle à ses habitudes, Katie Mitchell donne une version curieusement moderne de cet opéra et choisit de tout montrer – même ce qui ne se dit pas à l’opéra : perte de la virginité de Lucia, lors de sa nuit de noces ; assassinat sauvage et agonie prolongée d’Arturo ; fausse couche…
Ce qui, pour moi, donne une impression d’agressivité. Une quantité moindre d’hémoglobine et de jeux sexuels aurait été de meilleur goût…
Katie Michel a pris également le parti de cadrer l’intrigue en dehors du XVIIe siècle (époque de l’intrigue). Ce qui néanmoins n’est pas le plus choquant.
Une particularité de la mise en scène : montrer, par un jeu de décors, ce que font les personnages quand ils ne chantent pas. Ce qui « distrait » parfois le spectateur.
Un excellent souvenir musical, qui me donne envie de réécouter cet opéra… mais dans une autre mise en scène !
E. M.
(photos Stephen Cummeskey)
Après le ROH, Diana Damrau interprétera le rôle de Lucia lors de :
– la 9e et dernière représentation de la production mise en scène par D. Michieletto reprise au Teatro Regio de Turin (11–22 mai 2016) ;
– la v.c. donnée au TCE (27 mai 2016) avec la même distribution qu’à Turin (en dehors du rôle de Normanno), sous la direction de G. Noseda.
Diana Damrau sera également Violetta Valéry dans La Traviata des Chorégies 2016. http://www.choregies.fr
Quant aux mises en scène contestables du ROH, on se souvient d’un Guillaume Tell (2014-2015 ?), également hué pour une scène de viol collectif, production où Nicolas Courjal s’était fourvoyé, tout en étant, pour sa part, « royal » …
G.ad.