Pour un orchestre, les concerts publics ne sont que la partie visible de son activité, aux multiples facettes. Il faut y inclure la production discographique, qui pour l’Onap (Orchestre National en Région Avignon-Provence) se fait au rythme des recherches et exhumations de tel ou tel répertoire rare. Et la partie pédagogique, en direction des petits (Pom’concert) et des ados (Collège au concert).
DEMOS, lui, est un projet artistique ambitieux, national, mi-pédagogique mi-social. Lancé en 2010 par la Philharmonie de Paris, il a été assez vite repris par l’Onap, et par sa cheffe Debora Waldman, toujours séduits par des initiatives stimulantes. Il s’agit, en 3 ans, de mener des jeunes dans une pratique instrumentale régulière, hebdomadaire.
25 septembre 2021
C’est donc un projet ambitieux qui a connu son concert inaugural le 25 septembre 2021 au collège Jean Brunet avec l’Orchestre National Avignon-Provence. Dans la salle, les enfants et les familles – sur la base du volontariat – concernés par le projet Démos. Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) est un dispositif national lancé en 2010 par la Cité de la musique-Philharmonie de Paris et destiné aux enfants (7-12 ans) des quartiers pour lesquels l’accès à l’art et la culture est difficile. Chaque enfant se voit confier pour 3 ans un instrument de musique, et il pratiquera régulièrement au sein de cet orchestre de jeunes, accompagné par une phalange professionnelle ; il pourra ensuite conserver l’instrument s’il continue la pratique au-delà des 3 ans.
Une quarantaine de projets Démos existent aujourd’hui à travers la France, avec 10.000 enfants concernés depuis 2010 ; Debora Waldman, cheffe de l’ONAP, a contribué à en créer plusieurs en Ile-de-France. C’est donc tout naturellement qu’elle a souhaité entamer la même démarche en terre avignonnaise. La Cité éducative d’Avignon « ne pouvait pas ne pas s’engager » – selon les propos de Claude Nahoum, adjoint au Maire d’Avignon -, grâce au Fonds de dotation Mommessin-Berger, pour constituer un orchestre Démos avec 6 groupes de 15 enfants, de 6 écoles en zone REP+ : La Trillade, Jean-Henri Fabre, Grands Cyprès, Pierre de Coubertin, Stuart Mill et les Olivades ; en étroite collaboration avec les centres socioculturels des mêmes quartiers : la Croix des Oiseaux, Espace Pluriel/La Rocade, La Fenêtre/Saint-Chamand, Grange d’Orel.
7 novembre 2021
Ce pourrait être un beau conte de Noël : un enfant d’un milieu défavorisé, une bonne fée qui lui confie pour 3 ans un instrument, des professeurs qui lui ouvrent le monde enchanté de la musique, un orchestre professionnel qui le prend sous son aile, et quelques autres enfants de CM1 qui apprennent avec lui à jouer (plus tard !) Mozart ou Beethoven…
Ce pourrait être un conte de Noël. Mais c’est la réalité, à quelques détails et quelques chiffres près. Ce projet Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) se met donc en place depuis la rentrée à Avignon, après une quarantaine d’autres villes, dont Marseille récemment engagée, les deux seules villes de la région Sud-Paca.
Démos est un dispositif de grande ampleur et de belle ambition. Le dispositif est un trinôme autour des enfants : d’abord un orchestre professionnel qui offre des concerts et parraine l’orchestre de jeunes (l’Orchestre National Avignon-Provence) et des musiciens individuels qui assurent la formation, mais aussi des accompagnateurs sociaux – les familles sont étroitement associées -, enfin la ville ou communauté de communes (le Grand Avignon et sa « politique de la ville »).
Il faut surtout la détermination et l’enthousiasme d’une bonne fée, en l’occurrence Debora Waldman, cheffe de l’ONAP depuis 2020.
Concrètement, chaque groupe d’enfants sera formé, accompagné, par une pratique musicale hebdomadaire, dans son école même. Et tous assisteront aux concerts dédiés de l’Onap, pour s’immerger dans la musique symphonique, tout autant que découvrir de près la vie de l’orchestre.
Tout se fait par étapes : le 25 septembre au collège Jean Brunet, enfants et familles assistaient au concert inaugural de l’Onap. Depuis lors, les enfants sont initiés à la pratique vocale et corporelle, et apprennent à découvrir les instruments, pour éclairer leur choix personnel. Le 17 novembre au centre social de La Croix-des-Oiseaux, ils auront droit à un concert de chambre de l’Onap. Le 1er décembre ce sera le grand jour, où chaque jeune recevra l’instrument qu’il a choisi, et qu’il gardera 3 ans, voire davantage s’il continue.
Le dispositif dure en effet 3 ans, et ce temps est déjà suffisant pour ouvrir ces jeunes à un monde auquel il n’aurait même pas rêvé et leur donner une formation solide, pour « prendre sa place dans l’orchestre et dans la vie ». Mais d’autres poursuivent, et certains embrassent même une carrière professionnelle.
Mais la bonne fée a besoin de l’aide de tous pour rémunérer les musiciens professeurs, acheter les instruments, assurer l’accompagnement et le suivi. 3.000 donateurs en 2020-2021 ont permis de collecter 480.000€ pour équiper 16 « jeunes » orchestres.
C’est pourquoi Démos a lancé, ce mardi 8 novembre et jusqu’au 17 janvier, une nouvelle campagne de mécénat participatif pour équiper les nouveaux orchestres en herbe, dont celui d’Avignon. Cet appel aux dons qui pourraient devenir un « vrai » conte de Noël : à nos enfants qui ont déjà « tout », pourquoi ne pas offrir, via un don à Démos, le parrainage d’un enfant de leur âge qui a moins de chance ?
1er décembre 2021
Ils ne pouvaient être tous présents, les 92 élèves de CM1 concernés par le dispositif Demos, mais les quelque quarante ou cinquante présents ont donné un aperçu très convaincant de leur travail, dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville d’Avignon, le mercredi 1er décembre. Dans le cadre du projet Demos – sur une quarantaine de villes de France, Avignon et Marseille sont les seules en région Sud-Paca -, l’Orchestre National en région Avignon-Provence parraine l’orchestre d’enfants qui va ainsi se constituer et travailler au fil de 3 années.
Chaque enfant doit recevoir sous peu l’instrument qu’il aura choisi. En attendant, dans leurs écoles respectives, tous se sont initiés aux rythmes, aux percussions corporelles. Et ce mercredi, devant parents et institutionnels, ils ont interprété ensemble, avec un sérieux non dénué d’enthousiasme, la « danse des sauvages » des Indes galantes de Rameau… presque comme les professionnels dans la production de 2019 à l’Opéra Bastille ! Ils étaient accompagnés par la vingtaine de musiciens – dirigés par Debora Waldman – recrutés pour les suivre dans tout leur parcours, sous la caution de l’ONAP, et encadré par Samir El Yamni, chorégraphe, et Olivia Lemonnier, animatrice sociale.
A suivre…
G.ad.
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