La page se complète, se précise…
Enfin !… et bravo !
« Ce n’est certes pas tous les jours qu’on inaugure un opéra », se réjouit Frédéric Roels, directeur depuis 2020. Quatre longues années de travaux ont métamorphosé ce bijou patrimonial qui va fêter en 2025 ses 200 ans. Et après quatre ans, il fallait bien quatre soirées consécutives, plus une, pour fêter la réouverture à la mesure de l’événement.
Première soirée, la visite privée
Mercredi 14 octobre 2021, ont été conviés quelques heureux mélomanes et alii, dont nous étions, et surtout, par un geste d’extrême courtoisie, les riverains ; ceux-ci ont ainsi découvert en avant-première le magnifique résultat des nuisances qu’ils avaient subies pendant ces longues années. Si tous ne s’abonnent pas nécessairement, tous ont pu constater, émerveillés, une véritable réussite, fonctionnelle, et esthétique : un joyau du passé à l’ère de la modernité (sécurité, équipements électroniques…). La visite, de la salle au balcon pour admirer le grand lustre de plus de 600 kilos, était émaillée d’anecdotes et de chiffres par Marc Andrieu, auteur de l’ouvrage tout récemment sorti, Opéra Grand Avignon, A coeur ouvert, un ouvrage grand public édité par le Grand Avignon : on y découvrira tous les dessous d’un chantier désormais disparu(s) sous les ors et velours revenus. Sous peu dans nos pages, une visite photographique…
Deuxième soirée, l’inauguration officielle
Jeudi 15 octobre, le ruban symbolique a été coupé sur le parvis, en présence des élus, des institutionnels, et des financeurs. Un moment historique. Lors des prises de parole, tous les intervenants ont salué à la fois le gigantisme du chantier et ses difficultés en cœur de ville, et de surcroît en secteur sauvegardé (Cécile Helle, maire d’Avignon). Mais tous aussi ont salué avec enthousiasme la réussite de la rénovation, et le symbolisme fort de cette renaissance de la culture et de l’art, cœur battant de la cité, partage d’émotions et « socle d’identité collective » (Joël Guin président du Grand Avignon – financeur à 85%), après la grave crise récemment traversée… et encore sournoisement présente (préfet Bertrand Gaume).
Un moment rare, « contre vents et marées », selon le titre de la saison. La maire d’Avignon n’a pas manqué de souligner qu’Avignon est « l’une des rares villes de cette taille à posséder une maison d’opéra », et chacun s’est réjoui in petto de revenir dans ce théâtre à l’italienne, même si la salle Confluence, près de la gare TGV, et pourvue d’un parking accessible et gratuit, avait finalement trouvé ses adeptes. Mais revenir dans ce lieu historique n’a pas de prix !
Ce lieu historique n’est pas réservé à des privilégiés ! C’est un opéra qui se veut « pour tous », avec ses nombreuses actions de sensibilisation, déjà anciennes vis-à-vis des jeunes générations et publics éloignés, plus récentes avec par exemple la création d’une maîtrise dans les quartiers populaires.
C’est « la plus ancienne institution culturelle de la région encore en activité » (Joël Guin) ; elle s’inscrit dans une histoire, et l’on n’a pas manqué de saluer Georges Bel (présent, devenu président de l’Orchestre depuis quelques mois) et Jean-Marc Roubaud, ancien maire de Villeneuve-lès-Avignon et ancien président du Grand Avignon, porteurs du projet, ainsi que Raymond Duffaut (présent) et Pierre Guiral, directeurs antérieurs, qui ont su inviter en ce lieu les plus grands artistes du moment.
Quant au prochain horizon dans « ce lieu qui s’obstine à se réinventer » (Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental), il est déjà tracé : c’est 2025, avec les 25 ans d’Avignon Capitale européenne de la culture, et les 200 ans de l’Opéra ex-théâtre d’Avignon.
Mais tout ne fait que commencer. Place désormais à l’artistique ! On nous permettra de nous étonner que tous les discours aient abondamment salué l’Orchestre, qui entretient avec l’Opéra des liens privilégiés, mais que personne n’ait mentionné les Chœurs et le Ballet, autres forces artistiques, totalement intégrées à la maison : c’est une configuration assez rare pour être signalée !
Deuxième soirée, l’ouverture symphonique
La soirée d’inauguration se poursuit par le 1er concert d’abonnement de l’Orchestre National en région Avignon-Provence, « Maestoso ». Je ne suis pas certaine que tous les invités de l’avant-soirée aient poussé la porte de la salle. Le programme se veut audacieux, de deux compositeurs injustement méconnus, avec Méhul, et surtout Louise Farrenc ; il illustre la ligne artistique de Debora Waldman, dont chacun a rappelé lors des discours d’inauguration qu’elle était la 1e femme en France nommée (en 2019) chef d’un orchestre permanent : faire briller un répertoire rare, et mettre en lumière les femmes compositrices de talent. Mickaël Lévinas, dans le Concerto pour piano de Beethoven, était le soliste virtuose invité pour cette soirée d’exception. Les premiers spectateurs n’ont pas manqué de photographier abondamment la salle toute neuve. Notre compte rendu complet ici.
Troisième soirée, l’ouverture lyrique
C’est sans doute ce soir-là que l’on a vraiment l’impression de retrouver la vocation et l’image de la maison d’opéra. Un choix audacieux, lui aussi, avec un opéra rare, Peter Grimes de Benjamin Britten. Une longue, très longue ovation, l’a salué. Notre compte rendu complet ici.
Quatrième journée, l’Opéra pour tous et pour les mécènes
Samedi 16 octobre, toute la journée l’Opéra est ouvert à tous, pour des visites libres ; à 11h et 16h, lectures théâtralisées de textes d’archives. Et à 20h soirée privée pour les mécènes, avec concert d’une heure « Frères amis/ ennemis dans l’opéra ».
Cinquième soirée, l’ouverture chorégraphique
Il nous faut alors nous projeter la semaine suivante, le 22 octobre, pour découvrir enfin Pitch, préparé pendant la crise sanitaire. Mais l’Opéra Grand Avignon avait choisi de réunir pour la réouverture les 3 facettes de son activité (symphonique, lyrique, chorégraphique) en un même pass tarifaire compétitif (100€ pour les 3 spectacles, au lieu de 30€, 75€ et 40€).
G.ad.
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