Du 8 au 14 juillet 2021, durée 1h45, à l’Opéra Confluence.
Traduction française du titre : « L’odeur du sang ne me quitte pas des yeux, Histoire(s) du théâtre III ».
Avec Angélica Liddell, Gumersindo Puche, Nazaret de los Reyes, Patrice Le Rouzic et la participation de figurants
Texte, mise en scène, scénographie, costumes, Angélica Liddell. Lumière, Mark van Denesse. Son, Frederik Vanslembrouck. Costumes, Justo Algaba. Assistanat à la mise en scène, Borja López.
Production, NTGent, Atra Bilis Coproduction Festival d’Avignon, Tandem Scène nationale Arras-Douai, Künstlerhaus Mousonturm (Francfort-sur-le-Main)
Avec le soutien de l’Office culturel de l’Ambassade d’Espagne et de l’Institut Cervantes de Toulouse pour la 75e édition du Festival d’Avignon
Angelica Liddell avait prévenu : elle s’est lassée des acteurs (lire notre entretien). C’est pourtant elle que le Festival d’Avignon a invitée pour illustrer le troisième volet d’Histoire(s) du théâtre, elle, l’artiste espagnole célèbre pour ses frasques, et des performances qui reculent toujours un peu plus les limites de l’acceptable. Pour cette création, Angelica Liddell aura vidé le grand plateau de l’Opéra Confluence de toute présence humaine. Seuls quelques figurants muets apparaissent de temps à autre : un homme torse nu qui fait office de prêtre, et un jeune homme affreusement mutilé qui sera Tristan. « Liebestod, el olor a sangre no se me quita de los ojos » unissait dès le titre l’univers du Tristan et Yseut de Wagner et la figure du torero Juan Belmonte, réputé pour rester debout face au taureau qui charge. C’est bien là toute la synthèse de son théâtre : tel le taureau, tout est mise en scène de sa souffrance, une souffrance tant physique que morale. Une souffrance bien réelle, surtout. Et c’est peut-être en cela que le public est mis à rude épreuve. Dès le début, certaines scènes sont insoutenables : vêtue d’une robe noire, Angelica Liddle se taillade les bras, les genoux et, enfin, le pubis, plongeant le pain qu’elle rompt dans son sang dégoulinant avant de le manger. Tout le spectacle est conçu comme une messe taurine, avec en fond sonore, grandes orgues et sévillanes. Agrippée au micro, Angelica Liddell crie, glapit, vomit son fiel (d’aucuns se souviendront du nom de sa compagnie : Atra bilis, bile noire) : injuriant toutes et tous, elle bouleverse parce qu’on sent bien qu’au fond se joue sur scène sa survie psychique. Alors, certes. C’est beau, c’est fort, c’est violent, et en soi, c’est de l’art. Mais Angelica Liddell ne joue pas. Elle « en a marre », et le dit, avec beaucoup de sincérité.
Sonia G.-T. PhotoLuca del Pia
Laisser un commentaire