Magnifique soirée Saint-Saëns
Festival de Pâques. www.festivalpaques.com Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Dimanche 4 avril, 20h30
Les Siècles, direction François-Xavier Roth. Renaud Capuçon, violon. Bertrand Chamayou, piano
Camille Saint-Saëns (1835-1921), La Jeunesse d’Hercule, op. 50 Introduction et Rondo capriccioso en la mineur, op. 28 pour violon et orchestre. Phaéton, op. 39 Havanaise, op. 83 pour violon et orchestre. Africa Le Rouet d’Omphale, op. 31. Concerto pour piano et orchestre n° 5 en fa majeur, op. 103 « Égyptien » (2ème mouvement). Le Timbre d’argent (Valse). Danse macabre, op. 40.
C’est la première soirée au festival de Pâques d’Aix-en-Provence en présence d’un orchestre symphonique en plein effectif, Les Siècles fondé en 2003 par François-Xavier Roth. Des siècles pas exactement, mais il y a précisément un siècle que disparaissait Camille Saint-Saëns (1835 – 1921) qui n’est pas uniquement l’auteur du Carnaval des animaux et de Samson et Dalila. C’est ce que nous rappellent brillamment le chef et sa phalange ce soir nous montrant un large panorama de la production musicale, pour un gala d’une généreuse durée d’une heure et quarante minutes.
Dans le poème symphonique La Jeunesse d’Hercule, on apprécie la délicatesse de l’entame, les cordes très expressives, en particulier l’ensemble des premiers violons. Le chef parvient à doser les volumes avec science, il dessine une architecture très claire où l’on peut distinguer chaque pupitre, chaque instrumentiste comme un petit solo de cor ou de flûte en surimpression sur le tissu orchestral.
L’Introduction et Rondo capriccioso qui suit donne l’occasion à Renaud Capuçon de laisser s’épanouir son violon enchanteur, une musicalité sans failles et surtout une virtuosité démoniaque qui se conclut en un final d’une folle vitesse et d’une extrême difficulté. Le soliste revient plus tard pour la Havanaise, d’une couleur très hispanique… la Carmen de Bizet n’est pas très loin lorsqu’elle chante dans la taverne de Lilas Pastia !
Entretemps, le poème symphonique Phaéton met en valeur les cuivres étincelants et précis. Puis entre en scène Bertrand Chamayou pour interpréter Africa, fantaisie où le piano dialogue avec l’orchestre, ou plus précisément avec certains de ses représentants comme les bois assez sollicités, clarinettes et flûtes en particulier. On entend, dans ces mélodies, une musique plutôt orientale, qui évoque davantage l’Afrique du Nord que l’Afrique noire. C’est aussi vrai évidemment dans le 2e mouvement du Concerto pour piano n°5, dit « Egyptien ». Dans ces deux morceaux, l’instrument joué ce soir sonne bien moins métallique, d’un timbre plus boisé, plus rond, qui émet parfois d’étranges sonorités, bien en ligne avec l’exotisme souhaité de la partition.
D’autres extraits complètent le panorama, comme Le Rouet d’Omphale, aux atmosphères tour à tour légère, sautillante, tranquille ou plus inquiétante. Puis la valse extraite de l’opéra Le Timbre d’argent (titre enregistré justement par François-Xavier Roth en 2017 ; 2 CD Palazzetto Bru Zane), une vraie valse qui tourne et tourne encore, digne du Concert du Nouvel An à Vienne !
Pour conclure, la Danse macabre met sous les feux de la rampe le premier violon de l’orchestre, dans des solos de violon qui semble savamment désaccordé, aux accents tziganes de musique d’Europe centrale, accompagnés par d’originaux martèlements du xylophone.
IF
Photos Festival de Pâques Caroline Doutre
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