Voir ou entendre, il faut choisir…
Les Planètes de Holst
Concert symphonique
Vendredi 4 août à 21h30. Durée 49 minutes. Théâtre antique d’Orangee.
Direction musicale Jesko Sirvend
Gustav Holst (Gustavus Theodore von Holst, 1874-1934), Les Planètes (1914-1917)
Orchestre National de France
Ensemble vocal des Chorégies d’Orange
Avec la projection inédite aux Chorégies d’Orange d’images exceptionnelles de la NASA
« Spectaculaire », tel est l’adjectif qui vient aussitôt à l’esprit, tant dans son sens étymologique que dans son acception courante.
Des images tellement exceptionnelles que l’on peut difficilement porter la même attention active à l’orchestre qu’à la projection vidéo. Et l’on s’en veut de ne pas goûter pleinement l’orchestration colorée, la direction précise (sans partition), l’interprétation fine et expressive, et le jeu sémiologique subtil entre musique, astronomie et mythologie. Composé à la veille et au début de la première guerre mondiale, le poème symphonique du Britannique Gustav Holst décline en sept mouvements sept planètes habillées de leurs attributs mythologiques romains : Mars guerrier, Vénus pacifique, Mercure messager ailé, Jupiter jovial, Saturne chargé d’années, Uranus magicien et Neptune mystique. Poème qui n’est pas sans écho chez John William et Star Wars par exemple.
Si les accents guerriers du premier mouvement – l’annonce du conflit imminent n’est-elle pas pure relecture rétrospective de l’histoire ? – ne se laissent pas occulter par les images multiples de la planète rouge et du robot Curiosity qui fêtera justement, ce dimanche 6 août 2017, son 5e anniversaire sur Mars ; si Vénus multicolore trouve un écho dans le cor velouté, les cordes suaves et le délicat solo de violon ; si Uranus le magicien rappelle L’Apprenti sorcier de Dukas antérieur de 20 ans (1897) et repris par Walt Disney en 1940 dans Fantasia, qui sera justement au programme des Chorégies 2018 ; si l’arrivée inéluctable de la vieillesse apportée par Saturne se dessine admirablement dans les harpes, cor et hautbois… en revanche pour l’essentiel, ou presque, voir ou entendre, il faut choisir. On apprécie à peine la fluidité expressive des deux harpes, les sonorités particulières du célesta dans le tout dernier mouvement, où les accents insolites du chœur féminin hors scène – quelques petites minutes seulement – déroutent quelque peu… Et l’on s’en veut de ne pouvoir tout voir et tout entendre.
Ainsi, admiration et frustration composent finalement l’atmosphère de cette soirée, en alternance et superposition, pour qui ne connaît pas suffisamment toutes les finesses de cette partition jubilatoire. Sans doute la majorité des quelque 3.000 spectateurs présents…
Dommage précisément que le programme (avec deux petites coquilles par ailleurs) ne propose même pas l’analyse musicologique de Philippe Gut (https://classiqueenprovence.fr/holst-gustav-1874-1934-les-planetes-1914-1917/) pour guider l’écoute.
Restent quelques images, quelques accords, tellement éloignés de la densité de l’ensemble ! (G.ad. Photomontage système solaire : Wikipedia. Photo concert : Philippe Gromelle)