Bach-Haendel : maturité dans la jeunesse
Eglise Saint Jean-Baptiste, Aix-en-Provence (24 mars 2019)
Les Offrandes musicales, ensemble vocal et instrumental.
Instruments baroques : Colin Heller et Marie-Hélène Tournebise, violons ; Roberto Crisafulli et Thomas Delsol, altos ; Florence Marie-Béthune, violoncelle ; Christiane Ildevert, contrebasse. Isabelle Chevalier, orgue
Solistes : Monique Zanetti, soprano et Hélène Richer, soprani ; Maximin Marchand, contre-ténor
Direction, Jérôme Cottenceau
Dixit Dominus (Psaume109), Georg Friedrich Haendel (1685-1759). Cantate BWV 4 « Christ lag in Todesbanden », Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Ce premier week-end de printemps à Aix-en-Provence en l’église Saint Jean-Baptiste, Jérôme Cottenceau et son ensemble les Offrandes Musicales fondé en 2001 ont présenté leur nouveau programme. Celui-ci rassemble fort judicieusement deux œuvres de jeunesse composées au même moment (1707-1708) par les deux plus grands compositeurs baroques allemands du début du XVIIIème siècle nés la même année (1685) : la Cantate BW4 Christ lag in Todesbanden de J.S. Bach et le Dixit Dominus (Psaume 109) de G.F. Haendel.
Une spectatrice à l’issue du concert du samedi disait avec enthousiasme « Ah ! Comme cela fait plaisir un chef qui laisse ses choristes chanter ! » C’est bien cette liberté que nous avons ressentie ce soir-là, mais aussi une générosité que laisse transparaître ce chef élégant à la direction précise, souple et gracieuse.
L’auditoire s’est laissé emporter par une interprétation d’une naturelle évidence, ébloui par les joutes virtuoses et flamboyantes parfaitement maîtrisées que se livraient les pupitres dont il faut souligner la belle homogénéité et la grande technicité. Jérôme Cottenceau a su donner du relief au discours musical parfois dense, avec un respect de l’architecture certes très contrastée et ce, dans le souci de laisser passer la lumière tout en nuances.
Au milieu de cette éclatante prestation, chacune des œuvres nous a offert plusieurs moments de recueillement et de grâce dont le verset 2 chez Bach où se répondent les soprani et les alti et le très attendu « De torrente » du Dixit, interprété avec finesse et sensibilité par la messine Monique Zanetti, qui se produit avec tous les plus grands noms de la musique baroque, et Hélène Richer, par ailleurs membre de Musicatreize. Tous les solistes sont à féliciter. Une mention spéciale pour Maximin Marchand contreténor à la voix chaude et puissante.
L’orchestre s’est révélé de bout en bout excellent dans tous les registres, passant de la dextérité maîtrisée à l’infinie délicatesse.
De la belle ouvrage, assurément. Les Offrandes ont bien choisi leur nom et continuent de nous enchanter.
Et si nous allions les entendre samedi prochain 30 mars à la Cité de la musique à Marseille, pour un nouveau voyage, en Transylvanie cette fois ? (L.B.)