ça fuse et ça pétille !
Les 3 ténors : Florian Laconi, Jean-Pierre Furlan, Christophe Berry
Orchestre Régional Avignon-Provence.
Choeur, Ballet et Maîtrise de l’Opéra Grand Avignon
Direction, Didier Benetti
Airs d’opéras et grands standards de la chanson : Rigoletto, L’Homme de la Mancha, Tosca, Turandot, Roméo et Juliette, L’Elisir d’amore, Le Pays du Sourire, Le chanteur de Mexico, West Side Story, Quand on n’a que l’amour, La vie en rose, My Way, New-York New-York, Sous le ciel de Paris, J’aime Paris au mois de mai …
Aucun chant de Noël, ce dimanche après-midi dans l’Opéra Confluence rempli, mais pour autant le cœur était déjà à la fête.
Il y eut, de 1990 à 2002, les « 3 ténors » historiques, Placido Domingo, José Carreras et Luciano Pavarotti. Il y eut aussi, avec moins de retentissement sans doute, les 3 contre-ténors (Andreas Scholl, Dominique Visse et Pascal Bertin) en 1995, et les 3 sopranos (Renata Scotto, Ileana Cotrubas, Elena Obraztsova) en 2004.
Il y a désormais les 3 ténors français, Florian Laconi, Jean-Pierre Furlan et Christophe Berry. Sollicités en 2016 par leur ami commun Jean-Claude Calon, ils n’avaient pas hésité. Pour un concert qui devait être unique. Or, le succès a été foudroyant, et les concerts se sont multipliés depuis lors, en divers lieux, et dans plusieurs maisons d’opéras (Vichy, Massy, Boulogne…)
Mais ce dimanche à Avignon c’était une grande première. Concert intimiste jusque-là, le trio s’est produit dans la cité des papes en XXL, entouré de toutes les forces vives de l’Opéra Grand Avignon : Maîtrise, Chœurs, Ballet, et Orchestre Régional Avignon-Provence. Un concert qui aurait dû inaugurer la salle provisoire Confluence en 2017, n’était le retard des travaux d’installation.
Jamais une œuvre lyrique n’offre à trois chanteurs de même tessiture trois rôles principaux. Voilà donc une occasion exceptionnelle pour les trois ténors français, bien connus dans la région (Avignon, Orange, Marseille), de partager avec le public leur complicité amicale et artistique… car visiblement ils se régalent, et les spectateurs avec eux.
Comme dans l’excellente production MEF (Musiques En Fête) aux Chorégies d’Orange, largement plébiscitée, le programme est festif, propre à réchauffer le cœur du plus large public, de tous âges, de tous horizons. Il marie de grands airs d’opéra ou d’opérettes, des tubes napolitains, pop, rock, jazz, ou medleys-surprise (et pourquoi pas « pots-pourris » ?), jubilatoirement concoctés par le joyeux luron qu’est le directeur artistique Jean-Claude Calon, aussi perfectionniste que facétieux. Quand on a du talent et de la générosité (et les 3 ténors ne manquent ni de l’un ni de l’autre), on peut se permettre tous les clins d’œil, et chanter avec le même brio tout type de répertoire…
C’était pour les 3 ténors une performance quasi sportive, en scène pendant 1h40, parfois instrumentistes de surcroît (piano pour Christophe Berry aux côtés du chef, trompette pour Jean-Pierre Furlan, guitare pour Florian Laconi, qu’on a entendu tout récemment dans un récital cousu main, Chiaro di luna).
Si les timbres et les personnalités des trois artistes sont différents, le mariage des tons, des genres et des configurations (solos, duos, trios), a su offrir toute la palette des émotions positives : tendresse (« E lucevan le stelle », étincelant comme il se doit, par Florian Laconi, ou « Nessun dorma », émouvant par Jean-Pierre Furlan), et jusqu’au solennel Amazing Grace par le trio dans un silence presque religieux), pétulance (avec les medleys Paris ou New York, dans un tourbillon mené par le Ballet chorégraphié par Eric Belaud), recueillement (Imagine, avec les jeunes de la Maîtrise formés par Florence Goyon-Pogemberg – voix délicieusement cristallines et impeccable tenue en scène -), ou avec les Chœurs d’Aurore Marchand.
Toutes forces artistiques habituellement associées aux productions-maison. Dont Orphée aux Enfers d’Offenbach, autour de Julie Fuchs-Eurydice, qui va enchanter les fêtes de fin d’année, les 28, 30 et 31 décembre.
Et si la scène de l’Opéra Confluence a pu paraître parfois trop exiguë dans ce concert mémorable des 3 ténors français, la répartition esthétique des groupes était judicieuse, et a offert un spectacle complet. Le public est reparti avec des étoiles plein les yeux… (G.ad. Photos 1, 2, 3 : production. Autres : G.ad.)