Rareté n’est pas toujours qualité
Opéra Grand Avignon, mercredi 26 janvier 2022
Trio Chausson (site officiel) : Matthieu Handtschoewercker, violon ; Antoine Landowski, violoncelle ; Boris de Larochelambert, piano
Lili Boulanger D’un matin de printemps – D’un soir triste / Fanny Mendelssohn Trio opus 11. Franz Liszt Totentanz / Joaquin Turina Circulo opus 91 / Maurice Ravel La valse
Les moments de musique de chambre sont trop rares pour qu’on se permette de les manquer. Hélas ! Très sympathique au demeurant, le Trio Chausson n’est plus ce qu’il était.
Fondé en 2001 en hommage au compositeur Ernest Chausson (1855-1899), le Trio éponyme s’est fait une réputation internationale. Aujourd’hui, avec une moyenne d’âge de 39 ans, Matthieu Handtschoewercker (violon, Orchestre de Paris, ancien soliste de l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg), Antoine Landowski (violoncelle, qui a bénéficié des conseils de Rostropovitch notamment) et Boris de Larochelambert (piano) se sont imposés comme une référence en matière de musique de chambre. Leur répertoire de prédilection concerne la musique française et le classicisme viennois ; mais également, comme dans leur concert avignonnais, la musique romantique (Liszt, 1811-1886) ainsi que des pages méconnues ou des transcriptions qu’ils ont signées, comme celle de La Valse de Ravel – initialement poème chorégraphique (1920), ainsi que des œuvres de Lili Boulanger (1893-1918) sœur cadette de Nadia, et Joaquin Turina (1882-1949). Sans oublier le trio en ré mineur op.11 de Fanny Mendelssohn, qu’ils considèrent comme « un bijou du répertoire », et qu’ils ont enregistré dans un CD Fanny & Félix Mendelssohn, dont la sortie est annoncée… pour le 28 janvier 2022, deux jours après le concert avignonnais.
Le Trio Chausson est l’un des concerts chambristes de la saison 2021-2022 de l’Opéra Grand Avignon.
J’avais gardé d’un concert ancien du Trio Chausson un souvenir plus marquant. Il est vrai que, le nom restant inchangé, la formation se modifie, et l’arrivée presque récente du nouveau violon n’a sans doute pas permis au trio de se forger une vraie complicité artistique, garante d’une identité musicale propre. Cela ne saurait tarder, nous l’espérons, car une véritable écoute semble régner au sein du groupe. Ecoute ? Pour le public, elle s’est révélée bien inconfortable lors des commentaires abondamment prodigués, justement, par le violon, sur les œuvres du programme ; avec un texte mal préparé, une projection de voix incertaine, la tête parfois tournée vers les autres musiciens à l’arrière, le public du balcon n’a rien entendu. Nonobstant un sourire très sympathique et une bonne volonté affichée.
Les commentaires eussent été pourtant fort utiles pour accompagner des œuvres peu connues et difficiles. Ce choix ambitieux, et louable, d’un programme ardu, mais qui apparaît finalement sans grand relief, explique sans doute la déception unanimement exprimée à la sortie du concert.
Le lendemain 27 janvier, le Trio Chausson devait participer à la Folle Journée de Nantes. Peut-être aura-t-il été porté par le dynamisme du festival…
G.ad. Photos G.ad. (concert). O’Brien (portrait)
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