Le Sommet, un exquis mélange d’ironie, d’absurde et de musique au carrefour des langues, néanmoins…
Les 12, 13, 14 et 17 juillet à 13 heures et le 16 juillet à 13 heures et 20 heures, à La Fabrica. Durée : 2 heures. Page officielle
Distribution. Avec Liliana Benini, Charlotte Clamens, Raphael Clamer, Federica Fracassi, Lukas Metzenbauer, Graham F. Valentine. Conception et mise en scène Christoph Marthaler. Dramaturgie Malte Ubenauf. Scénographie Duri Bischoff. Costume Sara Kittelmann. Maquillage et perruques Pia Norberg.. Lumière Laurent Junod. Son Charlotte Constant. Collaboration à la dramaturgie Éric Vautrin. Assistanat à la mise en scène Giulia Rumasuglia. Répétition musicale Bendix Dethleffsen, Dominique Tille. Stagiaire à la mise en scène Louis Rebetez. Production Marion Caillaud, Tristan Pannatier. Régie générale Véronique Kespi. Régie plateau Mathieu Pegoraro. Régie lumière Cassandre Colliard. Régie son Charlotte Constant. Habillage Cécile Delanoé. Surtitrage Tristan Pannatier
Production Théâtre Vidy-Lausanne, Piccolo Teatro di Milano Teatro d’Europa, MC93 Maison de la culture de Seine-Saint-Denis. Coproduction Bonlieu Scène nationale Annecy, Ruhrfestspiele Recklinghausen, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Festival d’Automne à Paris, Théâtre National Populaire de Villeurbanne, Festival d’Avignon, Maillon Théâtre de Strasbourg – Scène européenne, Malraux Scène nationale Chambéry Savoie, Les 2 Scènes Scène nationale de Besançon, tnba Théâtre national Bordeaux Aquitaine, International Summer Festival Kampnagel
Accessoires et construction du décor Théâtre Vidy-Lausanne. Costume Piccolo Teatro di Milano – Teatro d’Europa. Traduction des surtitres en français et anglais Panthea
Avec le soutien de Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture et Spedidam pour la 79e édition du Festival d’Avignon. Dans le cadre du Projet Interreg franco-suisse n° 20919 – LACS – Annecy-Chambéry-Besançon-Genève-Lausanne.
Quelle curiosité que ce Sommet ! Un véritable éloge de la lenteur ! Exquis mélange d’ironie, d’absurde et de langues européennes, pimenté de théâtre, de musique et de chant, chers à Christoph Marthaler, Le Sommet marque le retour réussi du metteur en scène suisse allemand au Festival d’Avignon, dont il fut l’artiste associé en 2010 et où il s’est illustré à plusieurs reprises par ses spectacles (Meine faire dame, Papperlapapp et Schutz vor der Zukunft en 2010, King Size en 2013).
L’ex-hautboïste, formé à l’école Jacques Lecoq dans l’après-Mai 1968, joue dans cette nouvelle création du double sens et de l’ambiguïté du mot « sommet », à la fois point culminant d’une montagne et réunion internationale de première importance pour l’avenir de la planète. On se trouve ici dans un lieu indéfini (un chalet des montagnes suisses ? un bunker ?) hermétique et coupé du monde. Pièces centrales de ce décor aseptisé, un large rocher posé au sol et au milieu, au fond, un monte-plat, seule porte d’entrée et de sortie du bâtiment. Après une apparition du portrait de la souriante Joconde, il déverse sur scène les six personnages réunis pour cette rencontre loufoque et surréaliste, mais aussi des couvertures, des vêtements, de la nourriture… Le tout bien emballé, en portions individuelles.
Des trois coups initiaux au salut final, les six comédiens sont bluffants, habités par leur personnage. Ils prennent leur rôle à cœur, depuis les vocalises en monosyllabes du début au soin final déployé pour couvrir la montagne qui « a froid »… Ils parlent anglais (d’Ecosse), allemand, français, italien, et semblent ne pas se comprendre. Leurs propos, imaginés par Christoph Marthaler et Malte Ubenauf, sont émaillés de nombreuses citations. Ces échanges souvent abscons, ponctués de chants populaires suisses et autrichiens entonnés à l’unisson au son de l’accordéon, invitent à la réflexion et à la rêverie… Que font-ils ainsi ici ? Ils arrivent en habits de randonnée, repartent en survêtements, après avoir pris la pose pour les photographes dans leurs tenues de gala et une bonne suée en serviette autour du rocher-sauna. De longs silences s’installent souvent et les mimiques des comédiens prennent le relais des mots. Que va-t-il se passer ? Des hélicoptères (comme le suggère le bruit des hélices) survolent parfois leur abri, déchargeant des bouteilles d’oxygène gonflables dans un grand filet, par la lucarne du toit et leur signifiant leur assignation à demeure pour les quinze à dix-huit prochaines années… ça va être long ! La guerre est-elle en train de déchirer le monde ? A moins que ce ne soit une catastrophe climatique ? Leur sommet aurait-il échoué ? Si l’on a apprécié le décor, les rebondissements de l’intrigue, le jeu des comédiens, l’ingéniosité de la scénographie, on se dit : tout ça pour ça… Interloqué et dérouté, on repart la tête remplie de questions, en s’interrogeant sur le sens profond de cette farce…
Marie-Félicia. Crédit photo : Christophe Raynaud De Lage
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