Un Requiem de Toussaint
Les grands concerts de musiques sacrées, dans le cadre des XXVes Automnales de l’Orgue. Mercredi 1er novembre, Basilique Métropolitaine Notre-Dame-des-Doms.
Requiem en ré mineur KV626, Mozart
Luc Antonini, orgue ; Gaëlle Vitureau, soprano ; Madeleine Web, alto ; Eduardo Hurtado Rampoldi, ténor ; Mickaël Le Stat, basse
Choeur Régional Mare Nostrum
Marie Christine Forget, direction.
https://www.musique-sacree-en-avignon.org/
On a entendu récemment le Requiem de Fauré, en version orchestre (Orap), chœur et solistes le 13 octobre dernier en l’église Saint-Didier d’Avignon. Ce mercredi, c’est le Requiem de Mozart, en version piano-chœur-solistes signée Carl Czerny, élève de Mozart, qu’on entend dans le cadre des Grands concerts de musiques sacrées et des XXVes Automnales de l’orgue, grâce à l’association Musique Sacrée et Orgue en Avignon. La partie piano à quatre mains a été transcrite pour l’orgue par Luc Antonini, qui l’interprètera, aux côtés du Chœur mixte régional Mare Nostrum et de quatre solistes.
L’Aixoise Gaëlle Vitureau, soprano, est également professeur de flûte traversière – moderne et baroque -, et s’est fait remarquer tant dans le répertoire sacré que lyrique ou chambriste. Madeleine Webb, aixoise aussi, mezzo soprano, chante régulièrement dans la région et bien au-delà, a été lauréate des Saisons de la Voix de Gordes en 2009, et même a fait une apparition au cinéma en 2012 dans Noces de Philippe Béziat. Le ténor Eduardo Hurtado Rampoldi, né à Florence, a créé Opera Lirica pour faire rayonner la grande tradition italienne. Quant à Mickaël Le Strat, basse venue de Bretagne mais bien connue dans lé région, il a été l’invité de divers festivals, ensembles ou maisons d’opéra ; pédagogue, il est lauréat de nombreux prix, et s’investit dans le mouvement A Cœur joie en Paca et autres structures.
Pour ce monument du répertoire occidental, les artistes seront placés sous la direction de Marie Christine Forget. (G.ad.)
Les Automnales de l’Orgue fêtent cette année leur 25ème anniversaire ! Dans le cadre de cet anniversaire nous avons pu entendre le Requiem de Mozart à Notre-Dame-des-Doms en ce jour de Toussaint.
Quelques mois avant son décès, Mozart écrivait à son père «la mort ne me fait pas peur». Avait-il déjà un pressentiment ? Est-ce pour cela qu’il eut des pages d’écriture magnifiques tout en n’ayant ni le temps ni le courage d’achever cet ouvrage ? Son disciple Sussmayer termina ce Requiem, puis plus tard Carl Czerni en fit une transcription pour piano à quatre mains. Luc Antonini a repris cette transcription et l’a adaptée pour orgue ; c’est cette version qui accompagnait les chœurs et solistes.
Cette œuvre célèbre est certainement trop ambitieuse pour un chœur amateur (Choeur Régional Mare Nostrum) qui a cependant su donner toute sa réalité aux morceaux de bravoure tels que le «Tuba Mirum» où la puissance vocale exprimait celle des trompettes ou encore le «Dies Irae» qui traduisait bien la colère. Le plaisir de chanter de tous les choristes était manifeste mais la difficulté de cet ouvrage était là et malgré toute la volonté et la direction très engagée de Marie Christine Forget, beaucoup de passages n’ont pu être servis avec éclat. Pour leur part les quatre solistes ont su coordonner leurs voix dans de beaux dialogues tels que le «Benedictus» où la voix chaude de l’alto (Madeleine Web) était suivie par la clarté du timbre de la soprano (Gaëlle Vitureau).
Eduardo Hurtado Rampoldi, ténor aux accents francs et purs, et Mickaël Le Stat, basse bien connue des Avignonnais (ci-dessus), ont su apporter par leur talent le complément nécessaire à la réussite des passages en quatuor. Luc Antonini a su donner de la cohésion à l’exécution de l’œuvre en soutenant depuis l’orgue solistes et chanteurs. En toute première partie il a interprété une Fantaisie en fa mineur de Mozart, pièce souple et chantante qui entraîne à la douceur et à la rêverie, sentiments vite oubliés et remplacés par l’effroi et l’angoisse exprimés dans les rythmes suppliants du Requiem. (Duo 84)