Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence mardi 20 décembre 2022
Georg Friedrich Haendel, Le Messie
RIAS Kammerchor Berlin & l’Akademie für Alte Musik Berlin
Justin Doyle, direction ; Julia Doyle, soprano ; Tim Mead, alto ; Thomas Hobbs, ténor ; Roderick Williams, basse
Après Lionel Messi et sa coupe du monde remportée par l’Argentine… voici Le Messie de Haendel ! La transition est sans doute facile, mais l’équipe du soir est également particulièrement soudée et évolue à un très haut niveau.
L’orchestre de l’Akademie für Alte Musik Berlin et le chœur du RIAS Kammerchor Berlin sont en effet deux formations qui évoluent le plus souvent ensemble et défendent un répertoire dont Haendel et le Messie constituent le cœur. On se souvient par exemple de la présence de ces mêmes chœur et orchestre dans cette même salle du Grand Théâtre de Provence en 2008 pendant le festival d’été : René Jacobs y dirigeait alors Belshazzar de Haendel.
C’est le chef Justin Doyle qui assure ce soir la direction musicale, en insufflant une énergie bien dosée, tout en maintenant une coordination idéale de l’ensemble. Le son de la formation baroque est rond et dynamique, alors que le RIAS Kammerchor semble une Rolls Royce du chant choral : émission harmonieuse, aussi bien collective que par pupitres séparés, ainsi qu’une remarquable articulation du texte. Les splendeurs musicales et vocales sont nombreuses au cours de la soirée, sans besoin de démonstration spectaculaire pour amener du brillant, ni de montée de décibels qui seraient hors de propos. Les choristes font valoir en particulier une précision rythmique qui ne se relâche jamais, permettant de rigoureux départs en décalé, comme dans l’Amen final en fugue.
Concernant les quatre solistes, dans l’ordre de leur apparition, le ténor Thomas Hobbs bénéficie d’une bonne longueur de souffle, mais sans séduction particulière dans le timbre, le volume accusant par ailleurs de petites faiblesses, surtout dans la zone la plus grave.
Prenant le rôle de l’alto, Tim Mead est l’un des meilleurs contre-ténors actuels, qui fréquente assidument le répertoire baroque. La voix est aérienne, d’une qualité homogène sur toute son étendue, la musicalité est impeccable et l’interprète est aussi capable d’enfler certains aigus par une vigoureuse projection.
La puissance fait en revanche un peu défaut à Roderick Williams, splendide basse richement timbrée au demeurant, qui fait preuve d’autorité ainsi que de souplesse vocale. On apprécie aussi ses graves profonds tenus sereinement, et l’on est alors un peu frustré de ne pas entendre un petit volume supplémentaire, par exemple au cours de son air « The trumpet shall sound ».
La soprano Julia Doyle engage quant à elle un petit format vocal, qui peut convenir toutefois à ce répertoire d’oratorio. L’instrument est délicat, aérien, voire angélique au cours de son passage « I know that my Redeemer liveth ». Elle se retrouve néanmoins en difficulté pour exécuter les rares passages vocalisés rapides, cette agilité risquant de se gripper à plusieurs moments.
A l’issue de l’oratorio, le public en redemande et les forces en présence accordent en bis le passage le plus connu « Hallelujah », donné avec un bel enthousiasme, et une nouvelle occasion pour l’auditeur de goûter aux admirables nuances forte–piano.
F.J. Photos I.F.
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