Un beau moment théâtral, mais une adaptation perturbante
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Théâtre du Chêne noir, 19h15, durée : 1h30. Du 29 juin au 21 juillet. Réservations au 04 90 86 74 87
Le Cid, ce chef d’œuvre de Corneille, dont nous connaissons tous de mémoire quelques vers, est ici proposé dans une version abrégée et resserrée autour du personnage de Chimène. La metteure en scène, Frédérique Lazarini, fait le choix de ne laisser qu’un personnage féminin pour lui donner toute sa force et montrer le poids que fait peser sur elle cette société si masculine. On comprend cette volonté de mettre en avant Chimène, sans pour autant y adhérer. Nous sommes ici trop loin de la pièce de Corneille. Supprimer le personnage de l’Infante est regrettable, mais n’empêche pas de comprendre et de voir l’intensité de ce dilemme entre amour et honneur. En revanche, transformer Elvire en un El Vire, un homme âgé, ne semble pas pertinent : comment pourrait-il remplir parfaitement le rôle de confident, presque un rôle maternel ? Et pourquoi faire figurer le jeune prince, et le faire figurer sous forme de marionnette alors qu’il n’est pas chez Corneille ? Le dénouement, avec l’enlèvement de Chimène par un personnage masqué, nous éloigne là encore du texte de Corneille ; nous ne comprenons pas le sens de ce rapt.
Néanmoins, malgré ces réserves sur les choix d’adaptation, on ne peut que souligner à la fois la qualité de la scénographie et celle du jeu des acteurs. Nous sommes d’emblée plongés dans un univers méditerranéen tant par le jeu des lumières que par la musique aux notes très orientales ; nous sommes dans cette Espagne du Cid, mais une Espagne rendue intemporelle tant par les costumes que le décor très épuré. Lara Tavella incarne avec brio une Chimène qui sait communiquer ses émotions, de sa fragilité du début et son amour à sa colère mais aussi ses doutes. Et les hommes qui l’entourent sont tout aussi brillants dans leur rôle.
Un beau moment théâtral, mais une adaptation perturbante… Quand on vise un public « classique », mieux vaut ne pas (trop) dénaturer l’œuvre.
Sandrine. Crédit photo Artistic Théatre
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