Le triomphe de la jeunesse
Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, mardi 22 février 2022
Le Cercle de l’Harmonie. Direction, Jérémie Rhorer
Félix Mendelssohn : Les Hébrides, ouverture op. 26
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°25 en sol mineur, KV 183
Georges Bizet : Symphonie en ut majeur
Le triomphe de la jeunesse, avec un Mendelssohn de 30 ans, un Mozart de 17 ans, et un Bizet du même âge… joués par une formation créée il y a 17 ans et dirigée par un chef au physique d’éternel adolescent.
C’est le triomphe de la jeunesse ce soir au Grand Théâtre de Provence avec – comme diraient les commentateurs du patinage artistique aux Jeux Olympiques – un « programme court » d’un peu plus d’une heure sans entracte. Directeur artistique du Cercle de l’Harmonie depuis la création de la formation en 2005, le chef d’orchestre Jérémie Rhorer n’en conserve pas moins son allure d’éternel adolescent plein de fougue et d’énergie communicative à ses musiciens.
La soirée commence avec une composition d’un Félix Mendelssohn d’une trentaine d’années, l’ouverture Les Hébrides ou La Grotte de Fingal, écrite lors d’un voyage en Ecosse. La musique suggère clairement un tableau paysager avec la présence de la mer et ses vagues, évoluant entre sérénité et ambiances plus tempétueuses. La cohésion de l’orchestre est admirable, les sonorités des instruments d’époque produisant un son plus rond, moins métallique que chez celui émis par des formations modernes.
C’est un Mozart vif-argent qui enchaîne, celui de la symphonie n°25 et son premier mouvement d’une très grande notoriété. Les mouvements se suivent en marquant de forts contrastes, d’abord l’Allegro con brio… mais sans tapage et plutôt léger et dansant, puis l’Andante lent et d’une extrême délicatesse. Le troisième en Menuetto et Trio laisse s’exprimer la section des bois, très exposés dans leur longue séquence en soli, en particulier le hautbois. L’Allegro final est plus animé, la phalange se prêtant admirablement aux nuances demandées par le chef, par exemple plusieurs en piano subito qui donnent du relief à la partition. Une magnifique interprétation de cette symphonie composée par un Mozart… d’à peine 17 ans !
Et c’est au même âge que Georges Bizet a écrit en 1855 sa symphonie en ut majeur, donnée en conclusion du programme. Il est bien difficile ici de reconnaître le compositeur de sa bien plus célèbre Carmen, créée en 1875, année de sa mort. La musique se situe en effet dans une filiation de Mozart ou Beethoven, avec sans doute davantage d’ampleur sur certaines parties aux cuivres et percussions. Les départs en canon au cours du deuxième mouvement Adagio sont fort bien réglés rythmiquement et l’on apprécie par ailleurs le thème oriental au hautbois. Les deux derniers mouvements, en Allegro vivace, sont d’abord gai et bondissant pour le troisième, puis le quatrième fait appel à une extrême virtuosité des cordes, portant l’ensemble vers un tourbillon final au brillant certain.
Après avoir indiqué au public que ce quatrième mouvement représente un véritable « défi physique pour les premiers violons », le chef et son orchestre accordent en bis une seconde exécution de ce finale, une nouvelle preuve de la musicalité, de l’abattage et de l’endurance des instrumentistes.
F.J. Photo I.F.
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