Mercredi 15 février 2023, 19h45, durée 3h45 avec entracte. Cinéma Capitole-Studios, Le Pontet (84). En direct du Royal Opera House (site officiel)
Le Barbier de Séville, opéra-bouffe de Gioacchino Rossini. Direction, Rafael Payare. Mise en scène, Moshe Leiser & Patrice Caurier
Rosina, Aigul Akhmetshina. Figaro, Andrzej Filonczyk. Comte Almaviva, Lawrence Brownlee. Don Basilio, Bryn Terfel. Docteur Bartholo, Fabio Capitanucci. Bertha, Ailish Tynam. Fiorello, Josef Jeongmeen Ahn.
Choeur du Royal Opera House
Orchestre du Royal Opera House
Pour ces soirées « Prestige » (et page dédiée), réservation disponible en caisse ou sur le site. Avec tirage d’une tombola en début de séance, et, à l’entracte, un cocktail offert par les chocolats Puyricard et par Le Vin devant soi.
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Le Royal Opera House reprend en ce moment une production du Barbier de Séville datant de 2008, qui n’avait pas été donnée depuis 2016. Image de la dureté des temps, avec le recours aux anciennes productions, ainsi qu’un appel au soutien financier dans le programme de salle, le ROH affirmant avoir perdu par la Covid les trois cinquièmes de leurs ressources. Avec l’Opéra de Rouen qui ferme pour quelques jours, annulant tous les programmes jeune public de ces semaines, avec l’Opéra de Montpellier qui réduit la voilure, on se demande combien de temps pourront tenir des structures de moindre importance comme Avignon, où le public peine à revenir sauf pour les têtes d’affiche.
Le Barbier du moins est une valeur sûre, et c’est une production bien léchée, comme le ROH sait en produire, solide, homogène, consensuelle. C’est la 3e des 6 représentations londoniennes de cet opéra prestement mené. Les voix sont toutes bien assises, au timbre juste, parfois coloré, la prononciation excellente – c’est loin d’être un détail -, et solistes et ensembles savent prendre leur place et interagir avec intelligence : le quintette puis sextuor de la fin du premier acte décline la couleur vocale de chacun tout en dessinant un parfait équilibre à travers la complexité d’une situation qui paraît alors inextricable ; l’ensemble du spectacle se construit ainsi.
On ne peut que saluer la formidable qualité scénique de chaque soliste, la vis comica reposant essentiellement sur la présence, la vivacité, l’expressivité théâtrale. Autour d’un Figaro désinvolte et plus conciliateur que roublard (le jeune baryton polonais Andrzej Filonczyk, 28 ans), la mezzo russe Aigul Akhmetshina crève l’écran par la force expressive qu’elle donne à cette effrontée de Rosine, rôle qu’elle a déjà endossé à l’Opéra de Paris en juin 2022 (écouter un extrait) ; la puissante basse galloise Bryn Terfel en Basilio joue… à la Bryn Terfel, avec des grimaces de faux Jean Le Poulain, tirant l’air de la calomnie vers le comique grinçant alors qu’un Ruggiero Raimondi lui donnait un cynisme magistral, mais soit ; Fabio Capitanucci, en méforme, a dû être doublé vocalement mais sa prestation scénique en Bartholo ne démérite en rien ; l’Irlandaise Ailish Tynam (Berta, un rôle qu’elle connaît bien), championne du comique de répétition avec des éternuements exagérés qui amusent fort le public, à Londres comme autour de nous, fait ensuite entendre, malgré un rôle secondaire, un joli timbre, une ligne mélodique harmonieuse, un phrasé agréable, et des aigus bien placés. Il n’est guère que le ténor américain Lawrence Brownlee, pourtant « Chanteur de l’année » – mais en 2001 -, qui déçoit, n’ayant ni la voix ni la prestance du comte Almaviva.
Rafael Payare, le chef vénézuélien à la tignasse exubérante qui fait ses débuts au ROH, se montre orfèvre dans l’accompagnement du rythme propre de chaque protagoniste du plateau, dans la maîtrise des tempi de la cavatine lente avec violons et altos à l’archet et les autres en pizzicati, et de la cavalette pétillante avec vents et cuivres brillants, et dans une bienveillance envers chaque groupe, les 6 solistes, les 12 choristes masculins, et tous les musiciens – un total de quatre-vingts artistes -.
On apprécie que la mise en scène ait choisi la simplicité, et l’unicité – hors première scène – d’un décor minimaliste : une boîte qui semble un conteneur industriel représente l’enfermement de Rosine. Néanmoins, Moshe Leiser et Patrice Caurier ont travaillé en finesse dans les détails, qui témoignent d’une vraie jubilation, du badge arboré par Figaro (« call 31 31 »), au « B » doré ornant les charentaises de Bartholo, des couleurs fraîches et toniques aux rappels subtils d’une scène à l’autre, comme les gros pois de couleurs vives sur les sièges, sur fond blanc puis noir, ou les jeux de rayures entre murs et fauteuils…
La soirée a tenu ses promesses….
Rendez-vous est pris pour le 22 mars, Turandot.
G.ad.
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