Beau concert, nuit chaude, ciel étoilé, public comblé : comme si l’univers était de la fête
28 juin 2025, Théâtre antique d’Orange
Bernard Lavilliers
Orchestre National Avignon-Provence. Direction, Raphaël Merlin
Fortaleza. L’or des fous Salomé. Les aventures extraordinaires d’un billet de banque. Manila Hotel Fensch. Vallée Marin. On the road again. Traffic. Betty. L’espoir. Noir et Blanc. La bandiera rossa. Petit. Noir tango. Attention fragile. Guitar sang. O’Gringo. La grande marée. Le clan. Mongol. Les mains d’or
Après un concert unique à la Maison de la Radio et de la Musique, Bernard Lavilliers a décidé de reprendre la route pour une série de concerts exceptionnels, revisitant son répertoire avec le soutien efficace et inédit d’un orchestre symphonique (parfois trop présent.)
Il a choisi la grande scène des Chorégies d’Orange pour son ultime concert accompagné par l’Orchestre National Avignon-Provence placé sous la direction de Raphaël Merlin. Ce chef aux talents multiples est à la fois violoncelliste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre et directeur artistique et musical de l’Orchestre de Chambre de Genève depuis septembre 2023.
On connaît depuis longtemps Bernard Lavilliers, excellent musicien chanteur et parolier.
Le public a vu apparaitre sur cette immense scène, un guitariste tout de noir vêtu qui a interprété avec brio son premier morceau en solo, Fortaleza.
C’est alors que ses quatre complices l’ont rejoint sur scène : guitariste, pianiste, contrebassiste et batteur. Après plusieurs pièces jouées avec ses musiciens, l’artiste a grimpé allègrement au milieu des spectateurs toujours en chantant, faisant diversion pendant que l’orchestre symphonique prenait place aux pupitres.
Bernard Lavilliers n’hésite pas à revendiquer avec humour sa longévité sans s’interdire même quelques pas de bossa nova sur O’Gringo, sous les applaudissements du public conquis.
Suivent les titres de son répertoire porteurs de messages dont Noir et Blanc – « de n’importe quel pays, de n’importe quelle couleur, la musique est un cri qui vient de l’intérieur » -, Petit – « un enfant, avec un fusil trop grand ! -, une dénonciation des enfants soldats ; Betty, une chanson sur le monde carcéral est dédiée à une femme incarcérée guettée par le suicide ; dans L’espoir, qui chante « L’errance, la liberté, l’amour », la magie des mots et de la musique décrit la vie qui triomphe de tout. Les mains d’or, chanson réaliste, signe un hymne au monde de la sidérurgie et aux travailleurs. Quant à Guitare Song, c’est une chanson d’amour… à sa guitare qui, telle une amante, a bouleversé et accompagné sa vie.
Ses textes sont du vécu. On éprouve un immense respect pour cet artiste hors du commun, solidaire et talentueux, aux accents poétiques qui savent aussi être pleins d’acidité. Lavilliers marque nos cœurs au fer rouge avec sa voix chaleureuse et sa musique de feu. Il prend à bras-le-corps les problèmes sociaux, mais prône en même temps l’amour, la tendresse, comme l’aurait fait un troubadour, ce qu’il est ! C’est un poète, un chanteur rebelle, un Artiste avec un grand A.
Le public des Chorégies a été comblé avec ce concert donné dans une nuit chaude, sous un ciel étoilé, comme si l’univers était de la fête.
D.B. Photos P. Gromelle
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