« Une consécration » confirme son directeur
L’Orchestre d’Avignon-Provence entre dans le cercle des 9 orchestres nationaux… Une consécration, pour son directeur Philippe Grison.
Cela s’est fait au pas de course, ce vendredi 2 septembre 2020 à 10h30, entre la descente du train et le début des Etats généraux de la culture à la FabricA, lieu du Festival d’Avignon. En moins d’une demi-heure, avec une simplicité souriante, la ministre Roselyne Bachelot a pourtant pris le temps de s’asseoir quelques minutes avec les élus, d’écouter le directeur Philippe Grison parler de son orchestre, d’aller féliciter l’Orchestre ex-Régional Avignon-Provence dans sa salle de répétition, et d’entendre enfin quelques notes de Rossini.
Tout avait été évidemment bouclé en amont, le décret de labellisation nationale ayant été signé lundi 29 septembre 2020. Mais Philippe Grison n’est pas peu fier d’avoir négocié à l’arraché le passage, au Q.G. de l’orchestre, d’une ministre à l’agenda rigoureusement minuté. On imagine que le directeur ne s’est guère battu que contre l’horloge, car la ministre mélomane n’a pas dû se faire grande violence pour venir rencontrer l’Orchestre. « C’est une première, confirme en souriant Philippe Grison, jamais un ministre n’est venu sur place pour les autres orchestres, la labellisation s’est toujours réduite à la signature du décret ». D’autant plus fier que, parmi les 8 autres orchestres nationaux, un autre aussi lui doit sa labellisation, celui de Montpellier (93 musiciens permanents, 140 employés à l’Opéra), pour lequel il a travaillé pendant 8 ans.
Quant à l’orchestre d’Avignon, il revient de loin… « Quand je suis arrivé, le 1er janvier 2009, l’orchestre était au tribunal de commerce pour sa liquidation ! ». Depuis lors, c’est avec Samuel Jean, 1er chef invité, qu’il a redressé la barre, et mené pendant ces 3 dernières années le projet de labellisation à son terme. Il regrette seulement que le chef n’ait pu se libérer pour participer à l’événement.
Certes, la journée d’aujourd’hui et la toute nouvelle qualification ne modifient pas radicalement le travail de la phalange ; tout ce qui figure dans le cahier des charges figurait déjà au programme des musiciens d’Avignon depuis plusieurs années : être à la disposition de l’opéra pour la saison lyrique et chorégraphique, assurer la saison symphonique, participer à la politique de décentralisation sur la région, développer les actions culturelles et de médiation (28.000 jeunes, un chiffre qui frappe l’imagination)…
Néanmoins le label conforte la stabilité financière de la phalange, et confirme son prestige et son rayonnement.
Stabilité financière ? Surtout dans les incertitudes actuelles, c’est un véritable soulagement. En-dehors même de la pandémie, l’orchestre devait signer chaque année des conventions bilatérales avec chacune des collectivités, une situation toujours fragile et complexe. Le label en revanche offre une convention triennale unique, globale, entre l’orchestre d’une part, et l’Etat et les collectivités locales d’autre part.
Prestige et rayonnement ? « Jusqu’à présent, les solistes de renom qui sont venus à Avignon l’ont fait parce que je les connaissais, souligne Philippe Grison. La plupart en effet choisissent plutôt les orchestres nationaux. Désormais nous pourrons prétendre aux plus grands solistes, et nous pourrons accroître notre participation aux grands festivals, outre les Chorégies et Aix-en-Provence où nous nous produisons déjà ».
Depuis trois ans donc, le dossier avançait ; le ministère, dit Philippe Grison, souhaitait labelliser en même temps les deux orchestres de la région Paca, mais l’Orchestre de Cannes n’est pas prêt, il n’a pas encore déposé le dossier. Ce n’est pas sans malice que Roselyne Bachelot a souligné la pugnacité, ou combativité (avec le masque, je ne suis pas certaine du terme employé), du directeur avignonnais. Peut-être l’Orchestre de Cannes, lui, souffre-t-il de n’être pas adossé à une maison d’Opéra.
L’an dernier l’Orap avait déjà fait parler de lui, en choisissant Debora Waldman (1e femme en France à la tête d’un orchestre permanent) comme directeur/trice artistique, et plus encore le mois dernier quand la maestra a pris officiellement ses fonctions. Choisie parmi 160 candidats, elle a convaincu par la force et l’originalité de son projet artistique, et c’est un peu malgré elle qu’elle est devenue un sujet médiatique très prisé. Désormais l’Orap (37 musiciens, 10 personnels administratifs et techniques) se confirme parmi les « premiers de cordée ».
Restera seulement à lui trouver un nom : jadis Olrap (Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence), naguère Orap (Orchestre Régional Avignon-Provence), va-t-il devenir maintenant Onrap, ou Onap ?…. (G.ad.)
Le budget de l’Orchestre ex-Régional Avignon-Provence
L’Etat fournit 33%, l’Orchestre a 12% de recettes propres (billetterie, mécénat…), le reste relève des subventions.
1.240.000€ viennent de l’Etat,
612.000€ de la Région,
+25.000€ de la Régie culturelle,
635.000€ du Département,
+22.000€ pour Collèges au concert et l’aide à la diffusion,
612.000€ de la Ville,
636.500€ de l’agglomération du Grand Avignon.
Début de saison réussi pour l’Orchestre ex-Régional Avignon-Provence, même si le public hésite à reprendre le chemin des salles.
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