Paris sur la Canebière… ou la réjouissante Vie parisienne d’Offenbach au théâtre de l’Odéon !
La Vie parisienne, opéra-bouffe de Jacques Offenbach. Marseille, Théâtre de l’Odéon. Dimanche 16 janvier 2022
Direction musicale, Emmanuel Trenque. Mise en scène et décors, Olivier Lepelletier. Réalisation des décors, Loran Martinel. Costumes, Opéra de Marseille
Laurence Janot, Métella. Julia Knecht, Gabrielle. Julie Morgane, Pauline. Kathia Blas, La Baronne. Philippe Ermelier, Le Baron. Alfred Bironien, Gardefeu. Samy Camps, Bobinet. Marc Larcher, Frick / Le Brésilien. Jean-Christophe Born, Prosper. Antoine Bonelli, Joseph / Alphonse. Michel Delfaud, Gontran / Urbain / Alfred
Orchestre de l’Odéon. Chœur Phocéen
Un grand bravo au Théâtre de l’Odéon à Marseille qui poursuit, contre vents et marées, ses saisons d’opérettes et de titres légers, et prend des allures de fêtes avec cette réjouissante Vie parisienne. Nous avions vu ici-même en 2018 la production de Nadine Duffaut, mais il s’agit cette fois d’une nouvelle mise en scène, réalisée par Olivier Lepelletier, dans la nouvelle version de la partition établie par Jean-Christophe Keck. La scénographie, à la charge également d’Olivier Lepelletier, se réduit en fait à l’essentiel, quelques toiles qui figurent la gare du chemin de fer de l’Ouest au premier acte (avec la bande-son d’une vraie-fausse annonce de la SNCF), quelques tables qu’on apporte dans le salon chez Gardefeu puis chez Quimper-Karadec, et enfin au dernier acte un rideau d’opéra qu’on tire à moitié sur le plateau avec le Brésilien qui porte le masque du Fantôme de l’Opéra. Quelques marches à l’arrière de la scène permettent de belles entrées et sorties, sur fond lumineux. Si les moyens sont réduits, leur utilisation est optimisée et la pièce fonctionne impeccablement, avec tous ses ressorts comiques mais sans en faire trop.
Si les rires fusent dans la salle, la joie est aussi visible sur les visages des protagonistes. Les deux jeunes hommes qui entament les débats, le baryton aigu Alfred Bironien (Gardefeu) et le ténor Samy Camps (Bobinet), font entendre deux voix fermes et d’essence lyrique. En Baron de Gondremarck, Philippe Ermelier déploie son instrument volumineux et s’amuse – et nous amuse – de son personnage (« Je veux m’en fourrer jusque jusque-là »). L’autre ténor Marc Larcher projette aussi avec vaillance ses aigus, d’abord en Brésilien aux allures de pop star avec sa chaîne en or, puis en Frick à l’accent germanique. Jean-Christophe Born complète en Prosper, ainsi que deux figures locales bien connues, Antoine Bonelli et Michel Delfaud, dont les simples apparitions suffisent à faire se réjouir un public déjà acquis à la cause.
Côté féminin, Laurence Janot est bien la femme fatale qu’on attend en Métella et Julia Knecht propulse certains aigus qui décoiffent, aussi bien en gantière Gabrielle qu’en fausse veuve de colonel qui entre en scène assise sur un cercueil à roulettes ; elle en sort d’un côté le casque de son faux défunt mari et de l’autre quelques bonnes bouteilles qui réjouissent l’assistance. Julie Morgane compose aussi une Pauline passablement délurée, aux côtés de la plus sage Kathia Blas en Baronne de Gondremarck.
Habituellement chef des chœurs de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque est placé cet-après midi au pupitre et parvient sans encombre à coordonner l’ensemble. Les dix-huit instrumentistes de l’Orchestre sont en effectif réduit dans la petite fosse de l’Odéon, mais la musique n’en souffre pas, avec un beau rendu. Ceci est également vrai pour ce qui concerne les choristes du Chœur Phocéen, qui prennent aussi un plaisir communicatif à chanter et jouer.
Tonnerre d’applaudissements au rideau final et une représentation qui fait du bien aux oreilles et à l’âme… « Feu partout, lâchez tout ! ».
F.J. Photos Christian Dresse
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