Scintillements…
Mercredi 3 & jeudi 4 avril 2019, 20h19. La Courroie, Entraigues-sur-la-Sorgue
Michel Gaechter, pianoforte
Trio Anpapié : Alice Piérot, violon, Fanny Paccoud, alto, Eléna Andreyev, violoncelle
Youen Cadiou, contrebasse
Ludwig van Beethoven (1770-1827), Trio en mi bémol majeur pour violon, alto, violoncelle, op. 3 (1794). Sonate en fa majeur pour pianoforte, op. 54 (1804)
Franz Schubert (1797-1828), Quintette en la majeur pour pianoforte, violon, alto, violoncelle et contrebasse, D.667 (1819)
« Il y a les gros poissons… et les autres ! », annonce le programme, qui n’a rien à envier à Rossini pour la malice et la facétie. C’est sans doute, avec la qualité de la programmation, une des clefs du succès et de la fidélisation à la Courroie d’un public nombreux, qui vient pour la convivialité du lieu autant que pour l’affiche.
Calendrier oblige, en ces tout premiers jours d’avril, on ne pouvait échapper à un poisson ! De fait, La Truite de Schubert (composée à 22 ans) ne constituera « que » la seconde partie du concert, morceau de choix toutefois s’il en est. L’œuvre, qui fête juste son 200e printemps, est un quintette original, le seul d’ailleurs du compositeur, avec piano et contrebasse autour des violon, alto et violoncelle. Son apparente facilité lumineuse réserve des subtilités dont la formation se joue avec un brio révélant une solide complicité artistique ; le miroitement de la « truite vagabonde », la légèreté de ses frétillements « le long des bords fleuris », la vivacité de son glissement dans l’onde, tout semble prendre corps dans cette interprétation alerte.
La première partie était aussi jeune, aussi enlevée, avec le 1er trio pour 3 cordes – violon, alto et violoncelle – d’un Beethoven de 21 ans ; de très beaux solos de violon, de vigoureuses attaques de l’alto, pétillent entre Alice Piérot et Fanny Paccoud, toutes deux membres du Concert Spirituel et de l’Ensemble Amarillis, et qui ont fondé en 2002 avec la violoncelliste russe Eléna Andreyev le Trio Anpapié. Un trio qui trouve son plein épanouissement dans le répertoire baroque, sur instruments anciens, mais qui ne dédaigne pas de s’aventurer dans les pages les plus contemporaines (Gérard Pesson, 1958). On peut l’entendre dans le Scherzo d’un autre Trio de Beethoven, op. 9.
Michel Gaechter, qui a rédigé par ailleurs le programme de salle, complète la première partie. Sur un pianoforte de Theo Kobald, copie d’un Johann Fritz de 1813, il développe toutes les finesses de la Sonate 22, op. 54, de Beethoven, si injustement méprisée.
Et en bis après La truite ? C’est le public qui est alors mis à contribution, et qui entonne (le texte est distribué) la parodie écrite par Francis Blanche, Le Complexe de la truite, jadis interprétée par les Frères Jacques. (G.ad.)