On a certes refusé du monde mais…
La Périchole. Opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach. Livret de Henri Meilhac et de Ludovic Halévy, inspiré d’une pièce de Prosper Mérimée, Le Carrosse du Saint Sacrement (1828) et d’événements historiques.
Création 2016 L’Autre Scène.
La Périchole, Emmanuelle Zoldan ; Piquillo, Alfred Bironien ; le vice-roi, Pierre Guiral ; Panatellas, Thierry Camacho ; Hinoyosas, Alain Iltis ; 1e cousine, Cécilia Arbel ; 2e cousine, Raphaële Andrieu ; 3e cousine, Helena Vautrin ; le récitant, le prisonnier…, Simon Calamel ; 1er notaire, Mathieu Fernandes ; 2e notaire, Baptiste Joumier.
Chœur Cantabile (Villeneuve-lèz-Avignon), Chœur Salvaterra (Sauveterre) et Chœur EVH (Chateaurenard). Chorégraphie, Noémie Bontoux ; chef d’orchestre, Eric Fajeau. Mise en scène, Fanny Gioria
Toute la communication de l’Autre Scène insistait sur les productions antérieures et la notion de continuité : L’extraordinaire Noël de M. Scrooge (2013-2014), une comédie musicale inspirée du conte de Noël de Charles Dickens, puis Orphée, opéra baroque des frères Lully (2014-2015), enfin Le bourgeois gentilhomme (2015-2016), dont le calendrier avait été écourté en raison des attentats récents. Le principe adopté dès le début est de mêler amateurs et professionnels. Pari légitime certes mais risqué. Nous avions vu, et apprécié Orphée, si rarement joué ; nous attendions donc avec bienveillance la Périchole, création 2016, dotée de nombreux atouts : une opérette bien connue, les tubes jubilatoires d’Offenbach, l’enthousiasme bon enfant de la période d’avant-fêtes, et l’affluence des familles et amis qui avait rempli la salle.
Soixante-dix choristes amateurs, avec quelques professionnels (solistes voix et instruments, ainsi que maestro), régionaux ou nationaux, animaient la scène, avec un entrain communicatif et la sympathique exubérance de certains (Raphaële Andrieu). Quelques jolis tableaux d’ensemble, avec des costumes chinés et détournés – un parti pris intéressant – et composés avec une réelle harmonie de couleurs (une gageure cependant). Une lecture qui jouait autant sur la sensibilité que sur le cocasse ou le convenu, avec notamment quatre danseuses de cancan, avec un Pierre Guiral au ton juste dans le registre grave de la jalousie et de la douleur, et une Emmanuelle Zoldan, qui, par comparaison, surnageait plus qu’à l’Odéon de Marseille où nous l’avions entendue dans le même rôle-titre en avril dernier.
Néanmoins, les danseuses aguicheuses, dans la banalité du sexisme ordinaire, coloraient l’ensemble des conventions les plus racoleuses, les faire-valoir étaient farcesquement navrants, ainsi que le vice-roi arrivant incognito comme le veut le livret mais affublé de cotillons qui discréditaient d’emblée son personnage. Quant au nombre de choristes, argument publicitaire peut-être, il n’a guère tiré vers la légèreté ! Un bon spectacle de patronage, dont enfants et familles des interprètes se sont régalés. Les artistes professionnels et l’excellente réputation de l’Opéra Grand Avignon, eux, méritent mieux. (G.ad.)(Photos Grand Avignon).